Les jeunes générations face à une séquence électorale inédite (2) : les jeunes et les élections législatives 2024. CEVIPOF. Octobre 2024.

CEVIPOF, Note de recherche Elections européennes et législatives 2024 n° 21 bis, octobre 2024.

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Par Anne Muxel, avec la collaboration de Justin Soubanere.

Résumé

Cet ensemble de deux notes analyse le comportement électoral des jeunes (entendus ici comme les moins de 35 ans) lors des deux scrutins de juin 2024. Cette séquence électorale inédite fournit une occasion rare d'apprécier le comportement électoral des jeunes générations, confrontées sur un temps rapproché à des scrutins bien différenciés ainsi qu'à des enjeux civiques et politiques qu'ils ont pu interpréter de différentes manières.

Cette seconde note revient sur la participation des jeunes aux élections législatives qui ont suivi les élections européennes du 9 juin 2024 et la dissolution inattendue de l'Assemblée nationale, ainsi que sur les choix qu'ils y ont formulés.

Le caractère inédit de la situation se conjugue sans doute à la polarisation partisane qu'elle a suscitée pour expliquer une mobilisation beaucoup plus importante que lors des scrutins précédents. 

Pour une majorité de Français (55 %), le Front républicain exprime l'inquiétude de ceux qui pensent que le Rassemblement National est une menace pour la démocratie. Les jeunes sont en plus grand nombre à partager cette opinion : 63 % des 18-24 ans et 58 % des 25-34 ans. Mais l'ampleur des logiques de barrage révèle aussi l'importance du rejet de l'extrême-gauche incarnée par LFI et son leader par une partie significative de la population électorale. Les écarts générationnels sont révélateurs d'une répartition contrastée des types de barrage exprimés. Plus on est jeune, plus cette dynamique de rejet s'exprime envers le RN et plus on est âgé, plus elle se porte contre le Nouveau Front Populaire, mais à part égale contre le RN.

Au second tour des législatives, les votes pour les candidats du RN ont nettement progressé, dans l'ensemble du corps électoral ainsi que dans l'électorat juvénile. Si le soutien des jeunes au NFP se distingue de celui qui est observé dans l'ensemble de la population électorale (35 % contre 25 %), une part tout aussi importante de la jeunesse vote pour les candidats RN et leurs alliés (34 %). C'est moins que dans l'ensemble du corps électoral (39 %), mais c'est le signe d'un ralliement important. Il y a donc bien deux jeunesses aux profils sociaux et culturels différents, animées par des valeurs et des attentes parfois opposées. Enfin, le genre organise des clivages internes aux générations, en particulier parmi les jeunes électeurs. 

Par-delà le vote, le positionnement idéologique des jeunes générations se démarque de celui de l'ensemble de la population. Même si leur tropisme de gauche s'est affaibli au cours du temps, les jeunes et tout particulièrement les jeunes femmes continuent de se positionner en plus grand nombre à gauche.

Sommaire

• Le regard des jeunes sur la décision inattendue de la dissolution de l’Assemblée nationale
• Des élections européennes aux législatives : quelle dynamique de mobilisation ?
• Un jeu d’alliances face auquel se positionner
• Une certaine radicalité électorale

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Source : CEVIPOF, Note de recherche Elections européennes et législatives 2024 n° 21 bis, octobre 2024.

Pour aller plus loin

Desrumaux C. (2019), « Vote et production collective des préférences individuelles », SES-ENS, décembre.