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Les effets contraires de la hausse des importations chinoises dans les années 2000 sur les entreprises industrielles françaises : concurrence sur les ventes mais baisse du coût de production. Insee. Mars 2023.

Publié le 19/04/2023

Insee Analyses n° 80, 2 mars 2023.

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par Philippe Aghion (Collège de France, Insead et LSE), Antonin Bergeaud (Banque de France et CEP), Matthieu Lequien (Insee), Marc Melitz (Harvard et NBER), Thomas Zuber (Banque de France).

Résumé

Les importations françaises de produits venant de Chine ont augmenté très fortement dans les années 2000. Pour les entreprises manufacturières françaises vendant des biens similaires aux biens chinois, cette concurrence accrue a pénalisé leurs ventes, leur emploi et leur innovation. Cet effet négatif est surtout visible sur les entreprises les moins productives.

Cependant, la hausse des importations de produits chinois a pu bénéficier aux entreprises utilisant pour leur production des intrants pour lesquels la concurrence de la Chine s'est accrue, ce qui a limité la baisse de l'emploi industriel. Le choc d'approvisionnement en intrants favorise l'emploi et la part du travail dans la valeur ajoutée des entreprises les plus productives.

Sur l'ensemble du secteur manufacturier, l'effet de la concurrence accrue des importations chinoises entre 2000 et 2007 sur l'innovation est assez faible, de l'ordre de quelques pourcents. Le choc de production a réduit le nombre de brevets déposés par les entreprises les moins productives, mais ces dernières contribuent de toute façon peu à l'innovation du secteur. À l'inverse, le comportement en matière de brevets des entreprises les plus productives, qui innovent nettement plus en général, n'est pas affecté par le choc.

Les conséquences sont aussi contrastées en matière d'emploi, dans un secteur manufacturier en déclin depuis des décennies. L'emploi dans la moitié la moins productive des entreprises étudiées du secteur manufacturier a baissé de 80 000 entre 2000 et 2007, passant de 724 000 à 644 000 emplois. Selon les estimations réalisées, il aurait baissé de 68 000 sans le choc de production dans ces entreprises peu productives : 15 % de la baisse de l'emploi dans les entreprises manufacturières les moins productives, soit 12 000 emplois, pourrait donc être attribué à ce choc de production chinois.

À l'inverse, le choc d'intrants augmente l'emploi dans la moitié des entreprises les plus productives. L'effet positif du choc d'intrants sur l'emploi de celles-ci est plus grand que l'effet négatif du choc de production sur l'emploi des moins productives, ce qui aurait permis de compenser en partie la tendance générale à la baisse. Mais ce résultat souligne que la prise en compte des effets des importations chinoises sur l'approvisionnement en intrants modifie l'évaluation de l'effet de la montée en puissance de la Chine dans le commerce international sur le marché du travail français.

Sommaire

  • Une baisse de l'emploi des entreprises françaises vendant des biens concurrencés par les importations depuis la Chine
  • Néanmoins, les coûts de production peuvent baisser par le recours accru aux intrants chinois moins chers
  • La concurrence sur les ventes réduit l'activité et l'innovation des entreprises, pas celle sur les intrants
  • Une baisse d'activité qui touche surtout les entreprises les moins productives
  • En définitive, une réallocation de l'emploi des entreprises les moins productives vers les plus productives

Cliquez sur les images pour agrandir les figures.

Source : Insee Analyses n° 80, mars 2023.

 

Pour aller plus loin : 

A. Reshef, G. Santoni (2020), « La mondialisation des chaînes de valeur : entretien », SES-ENS, novembre.

F. Toubal (2017), « Mondialisation et technologie : quels effets sur l'emploi ? », SES-ENS, novembre.