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Des études à l’emploi : une transition difficile, particulièrement en France.

Publié le 24/10/2025
Auteur(s) - Autrice(s) : Jérémy Hervelin.
Après avoir analysé les disparités d’insertion professionnelle des jeunes, Jérémy Hervelin propose un état des connaissances disponibles sur l’efficacité des politiques de l’emploi qui ciblent ce segment de la population. Il conclut sur la nécessité de développer, en France, des coopérations entre acteurs économiques et éducatifs afin d’améliorer durablement l'insertion des jeunes les plus fragiles.

Jérémy Hervelin est économiste au ZEW – Centre Leibniz de recherche économique européenne et chercheur associé au Collège de recherche interdisciplinaire en éducation (LERN-CIDER) et à la Chaire Sécurisation des parcours professionnels. Ses recherches se situent à l'intersection de l'économie du travail et de l'éducation, avec un accent empirique sur les transitions école-emploi. En 2023, il a publié avec Pierre Cahuc Quelles politiques de l'emploi pour les jeunes ?.

Pierre Cahuc, Jérémy Hervelin, Quelles politiques de l'emploi pour les jeunes ?, Presses de Sciences Po, coll. Sécuriser l'emploi, 2023. 

Présentation éditeur :

Cet ouvrage présente l'état des connaissances sur les politiques d'emploi ciblées sur les jeunes.

En France, plus de 15 % des jeunes sont au chômage. Ce taux s'élève à 50 % pour ceux qui, à 20 ans, ne détiennent au mieux que le brevet du collège ; il est toujours de 25 % lorsqu'ils atteignent la trentaine.

Les dispositifs pour y remédier n’ont pourtant pas manqué depuis quarante ans. En retraçant leurs différentes évaluations, les auteurs montrent que, malgré leur coût, la plupart de ces dispositifs agissent très marginalement sur l'insertion professionnelle des jeunes sortis prématurément du système éducatif. Ils relèvent, a contrario, l'efficacité de certains leviers actionnés dans d'autres pays. L'un d'eux, primordial, est l'orientation et la préparation des jeunes pendant leurs études par des conseillers qui les accompagnent jusqu'à l'obtention d'un emploi.

Introduction : les déterminants de l'emploi

Le marché du travail joue un rôle central dans la détermination du niveau d'emploi, et par conséquent, du taux de chômage. Il repose sur la rencontre entre l'offre et la demande de travail. Du côté des individus, certains sont déjà en poste, d'autres cherchent à en changer, ou encore sont à la recherche d'un emploi. Du côté des entreprises, les décisions de création, transformation ou suppression d'emplois dépendent de nombreux facteurs : concurrence, capacité d'innovation, évolution technologique ou encore modification des préférences des consommateurs.

Ce marché est dynamique. Chaque jour, des flux importants le traversent. Des milliers de personnes quittent un emploi, d'autres en trouvent un, certaines passent par des périodes de chômage. Le niveau d'emploi dépend donc de ces flux d'entrée et de sortie. Plus les entreprises embauchent, plus le chômage diminue ; à l'inverse, plus les ruptures d'emploi sont fréquentes, plus le chômage s'accroît.

Mais la rencontre entre un individu et une entreprise est complexe. L'un comme l'autre ne dispose pas d'une information parfaite : le candidat ne connaît pas tous les aspects du poste ou de l'entreprise, tandis que l'employeur ne peut évaluer précisément les compétences et la productivité du postulant. Pour pallier ces incertitudes, chacun utilise des signaux : diplôme, expériences ou recommandations pour les uns ; conditions de travail ou salaires proposés pour les autres.

Le contexte institutionnel vient encadrer ces rencontres. Par exemple, le salaire minimum peut stimuler la recherche d'emploi en garantissant une rémunération plancher, mais il peut aussi freiner certaines embauches si ce coût est jugé trop élevé par les entreprises. D'autres règles — sur le contrat de travail, le coût du travail ou la durée légale du travail — influencent également le fonctionnement du marché du travail, en facilitant ou en freinant les embauches. Ce sont ces règles institutionnelles qu'il faut questionner pour permettre un plus grand taux d'emploi et un plus faible taux de chômage dans une économie.

Ces règles ont un impact particulier sur les jeunes. En début de carrière, ils souffrent d'un déficit d'informations, d'expérience, et d'un réseau professionnel souvent limité. Leur méconnaissance du monde du travail et des opportunités existantes rend leur insertion plus difficile. De plus, leur emploi est souvent plus instable au départ, avec un risque élevé de rupture rapide. Ce cumul de difficultés explique en partie pourquoi leur taux de chômage est structurellement plus élevé que celui des adultes.

Les tendances de l'emploi des jeunes en France : une insertion professionnelle qui cache de nombreuses disparités

Les statistiques sont sans appel : dans l'ensemble des pays de l'OCDE, les jeunes âgés de 18 à 24 ans sont confrontés à un risque de chômage nettement plus élevé que les adultes de 25 ans et plus. Leur taux de chômage est en moyenne 1,5 à 4,5 fois supérieur. En France, cette inégalité est particulièrement marquée : sur la période 1985-2025, le taux de chômage des jeunes s'élève en moyenne à 20 %, contre 8,5 % pour les adultes. Autrement dit, un jeune sur cinq cherchant un emploi ne parvient pas à en obtenir contre un adulte sur douze. Et lorsqu'ils travaillent, les jeunes sont souvent dans des situations précaires : en 2022, plus de la moitié (55 %) des jeunes en emploi occupaient un poste temporaire, à durée déterminée [1].

Ces difficultés masquent cependant des écarts importants selon les profils. Le niveau d'éducation reste un déterminant majeur de l'accès à l'emploi. Les données de l'INSEE montrent qu'en 2021, seuls 11 % des jeunes sans diplôme ayant quitté le système scolaire après le collège avaient un emploi (cf. Figure 1) [2]. Ce taux est multiplié par quatre pour ceux titulaires d'un CAP, par cinq pour les bacheliers professionnels, et jusqu'à sept pour les diplômés de l'enseignement supérieur. Si l'on prend en compte d'autres facteurs liés à l'emploi des jeunes (âge, genre, statut marital, lieu de résidence, etc.), les écarts se réduisent, mais restent significatifs : l'éducation reste un levier essentiel d'insertion.

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Figure 1 : Différences de taux d'emploi des jeunes (18-24 ans) selon le niveau de diplôme.

Note : Les variables de contrôle sont l'âge, le genre, le statut marital, le nombre d'enfants, le fait d'habiter ou non un quartier prioritaire de la ville, la région de résidence et le fait d'être ou non en apprentissage.

Lecture : Les jeunes diplômés d'un CAP ont un taux d'emploi supérieur de 45 points de pourcentage par rapport aux jeunes sortis du système scolaire sans diplôme. Cette difference baisse toutefois à 18 points de pourcentage lorsque les caractéristiques des jeunes sont prises en compte.

Source : enquête emploi en continu 2021 (INSEE), calculs de l'auteur.

La spécialité de formation joue aussi un rôle clé. Toutes les filières ne se valent pas en matière d'insertion. Par exemple, en 2019, un an après la sortie de formation, seuls 20 % des diplômés d'un CAP en santé-social étaient en emploi, contre 50 % dans le BTP. Pour les bacheliers professionnels, le contraste est tout aussi frappant : 30 % d'insertion pour les diplômés des filières “industrie graphique et audiovisuel” contre 60 % dans l'automobile [3].

Enfin, l'établissement de formation influence aussi l'accès à l'emploi. Pour un même diplôme, le taux d'emploi varie fortement d'un lycée professionnel à un autre, d'un institut universitaire à un autre. Dans le secteur de la restauration, par exemple, les taux d'emploi un an après le diplôme varient de 5 % à 85 % selon l'établissement. Ces écarts s'expliquent par des facteurs multiples : profil des élèves, qualité de la formation, réseau de l'équipe pédagogique, mais aussi dynamisme du bassin d'emploi local.

En résumé, l'insertion des jeunes dépend fortement de trois dimensions : le niveau de diplôme, la spécialité de formation, et l'établissement fréquenté. Les effets de ces dimensions sont par ailleurs différents selon la zone d'emploi. Ces constats ont motivé, au fil des décennies, de nombreuses politiques publiques que les sections suivantes se proposent d'analyser.

Les politiques ciblées sur les jeunes hors du système éducatif

Les politiques publiques d'aide à l'emploi se divisent en deux grands types. Les politiques passives apportent un soutien financier temporaire aux demandeurs d'emploi, comme le RSA (accessible dès 25 ans) ou l'allocation chômage (ARE), sous conditions. Aucune étude spécifique n'évalue l’effet de l’ARE sur les jeunes, mais les recherches globales montrent qu'une allocation plus généreuse retarde le retour à l'emploi [4]. Les politiques actives, quant à elles, visent à accompagner les individus : entretiens, formations, ou aides à l'embauche. Les trois dernières décennies de recherche montrent qu'elles produisent des effets mitigés selon les dispositifs.

L'accompagnement à la recherche d'emploi

Créées en 1982 à la suite du rapport Schwartz, les missions locales sont devenues un acteur central dans l'accompagnement des jeunes de 16 à 25 ans sortis du système scolaire. Elles forment aujourd'hui un réseau de plus de 440 structures réparties sur tout le territoire français, intégré au service public de l'emploi (SPE) depuis 2004. Chaque année, plus d'un million de jeunes y sont accompagnés. Il s'agit souvent de jeunes peu ou pas diplômés, confrontés à des freins multiples à l'insertion : précarité, difficultés de logement, problèmes de santé ou de mobilité, etc.

Le cœur de leur action repose sur un suivi individualisé, assuré par des conseillers en insertion sociale et professionnelle (CISP). Ces professionnels construisent avec chaque jeune un parcours vers l'emploi et l'autonomie, en mobilisant des dispositifs adaptés : formations, aides financières, offres d'emploi, solutions de logement ou de transport. Toutefois, l'identification des jeunes dits « NEET  » (ni en emploi, ni en études, ni en formation) reste difficile. Des partenariats avec l'Éducation nationale, les missions de service civique ou les journées défense et citoyenneté (JDC) ont été mis en place pour améliorer leur repérage, avec une efficacité encore limitée.

Depuis les années 1990, plusieurs dispositifs d'accompagnement se sont succédés : TRACE, CIVIS, RCA, Garantie jeunes, PACEA, puis Contrat d'engagement jeune (CEJ). Leur objectif commun est d'accompagner les jeunes de manière personnalisée et durable vers l'emploi. Pourtant, les quelques évaluations menées sur ces programmes révèlent souvent des résultats modestes, voire incertains. Une méta-analyse internationale conclut à un effet très faible de l'accompagnement à la recherche d'emploi, avec un gain moyen d'un point de pourcentage en termes d'accès à l'emploi. Ces résultats valent d'ailleurs aussi bien pour les jeunes que pour la population générale [5].

France Travail (ex Pôle emploi) a également développé des dispositifs spécifiques : les Clubs jeunes chercheurs d'emploi, lancés en 2013-2014 pour les jeunes des quartiers prioritaires, ont montré un impact positif mais limité. En revanche, l'Accompagnement intensif jeunes (AIJ), mis en place en 2014, a permis une amélioration significative de l'insertion professionnelle, avec un taux d'accès à l'emploi supérieur de 30 % par rapport à un groupe témoin, notamment chez les jeunes les plus éloignés du marché du travail.

Le rôle des conseillers apparaît déterminant. Des recherches menées en France, en Suisse, au Danemark ou en Suède montrent que les différences d'approche et de fréquence de contact entre les conseillers et les jeunes peuvent fortement influer sur les résultats. Un conseiller, performant en termes de recherche d'emploi ou plus strict sur le nombre de CV minimum à envoyer lors des premiers mois de recherche, peut augmenter de 8 à 13 % les chances d'un jeune d'accéder à un emploi stable.

Cependant, à l'échelle macroéconomique, les effets restent limités. Si certains jeunes trouvent un emploi, cela peut parfois se faire au détriment d'autres (effet d'éviction), en particulier lorsque l'offre d'emploi est insuffisante. Des études françaises et danoises montrent ainsi que l'impact global de ces dispositifs sur le taux de chômage est souvent nul une fois pris en compte cet effet de concurrence entre demandeurs [6].

L'emploi subventionné

Depuis les années 1970, les contrats aidés occupent une place importante dans les politiques actives de l'emploi, en réponse à la montée du chômage. Dans le secteur marchand, ils prennent la forme de subventions à l'embauche, souvent proportionnelles au salaire. Dans le secteur non marchand, ils sont plus diversifiés mais depuis 2010, ils ciblent principalement des publics éloignés de l'emploi, avec des aides publiques à l'embauche.

Leur efficacité fait débat. Pour certains, ce ne sont que des dispositifs de « gestion statistique » du chômage, sans impact durable sur l'insertion. Pour d'autres, ils peuvent constituer un tremplin vers l'emploi. En réalité, les contrats aidés poursuivent des objectifs multiples : insertion sociale, acquisition de compétences, accès à un emploi durable, ou réponse conjoncturelle à un choc économique. Cette pluralité d'objectifs rend leur évaluation complexe.

En France, une multitude de dispositifs se sont succédé depuis les années 1980 (CRE, CES, CIE, PEC, etc.). Après un usage massif jusqu'au début des années 2000, leur nombre a fortement diminué, avec quelques pics à la suite de crises économiques, comme en 2008 ou en 2014.

Les évaluations, en France comme à l'étranger (Allemagne, Belgique, Royaume-Uni, etc.), montrent que les bénéficiaires de contrats aidés cherchent rarement un autre emploi pendant la durée de leur contrat, ce qui traduit un effet d'enfermement [7]. L'impact des contrats sur les trajectoires professionnelles dépend ensuite fortement du secteur concerné. Dans le secteur marchand, les effets à court terme sont modestes (+1 point de pourcentage d'accès à l'emploi non aidé), mais les effets à moyen (+6 pts) et long terme (+21 pts) sont plus marqués, notamment dans une conjoncture favorable. En revanche, pour les jeunes éloignés de l'emploi, les effets sont très limités.

Dans le secteur non marchand, les résultats sont globalement décevants : les études concluent à une efficacité nulle, voire négative, sur l'insertion. Plusieurs explications existent : les bénéficiaires y sont plus éloignés de l'emploi, les structures sont petites et associatives, les tâches peu valorisées sur le marché du travail. Les compétences acquises y sont rarement transférables vers des emplois durables dans le secteur privé.

Récemment, l'attention s'est portée sur la certification des compétences via une formation complémentaire. Les dernières évaluations montrent que cette certification a un effet positif plus fort que le secteur d'activité du contrat. Ainsi, pour améliorer durablement l'insertion des jeunes, il est essentiel de mieux cibler les métiers du secteur non marchand et de garantir une reconnaissance nationale des compétences acquises, au-delà d'une logique de réduction temporaire du chômage.

La formation professionnelle

Le paysage de la formation pour les jeunes en difficulté est complexe et peu lisible. Le service public de l'emploi (SPE) – missions locales, France Travail, opérateurs privés – joue un rôle central d'orientation. Pourtant, un tiers des jeunes NEET échappe à tout accompagnement, alors même qu'ils cumulent des freins à l'insertion (isolement, faible niveau scolaire, origine sociale modeste). Par ailleurs, plus de 90 % des formations sont commandées par des institutions publiques et privées, rendant l'autonomie de choix très faible.

L'information seule ne suffit pas : des études montrent que l'envoi d'emails informatifs suscite l'intérêt, mais ne débouche pas sur une inscription sans accompagnement humain. Le suivi personnalisé reste déterminant.

À l'étranger, plusieurs modèles existent. Dans certains pays (Royaume-Uni, Belgique, Suède), une obligation de formation après un certain délai de chômage incite les jeunes à anticiper : ils reprennent un emploi avant d'y être contraints. Cette stratégie améliore les taux de sortie du chômage, mais au prix d'emplois parfois peu qualifiés. À l'inverse, des systèmes plus ouverts comme en Allemagne ou aux Pays-Bas, avec des bons de formation (vouchers), permettent de financer librement une formation. Cela retarde souvent l'entrée en formation, allonge la période de chômage, mais augmente la participation, notamment chez les jeunes autonomes.

Un enjeu majeur reste « l'effet d'enfermement » : les jeunes en formation recherchent moins activement un emploi. Cet effet est plus marqué pour les formations longues et spécialisées. Toutefois, à moyen et long terme, ces formations qualifiantes produisent des effets positifs sur l'emploi.

Certaines formations intensives à destination des jeunes sans diplôme ou avec des forts freins à l'insertion professionnelle, comme le Service militaire volontaire (SMV), l'Établissement pour l'insertion dans l'emploi (EPIDE) ou les Écoles de la deuxième chance (E2C), améliorent également la reprise d'études, l'estime de soi, la mobilité et réduisent les conduites à risque. Ils sont prometteurs, mais très coûteux (jusqu'à 37 000 € par jeune pour le SMV), et peu évalués scientifiquement. Leur impact réel reste difficile à mesurer faute de données solides.

Le Plan d'investissement dans les compétences (PIC), entre 2018 et 2022, a doublé les entrées en formation et mis l'accent sur les compétences de base. Pourtant, les jeunes de moins de 26 ans ne représentent que 15 % des bénéficiaires. Leur participation est limitée par une faible assiduité perçue par les centres de formation. Les premières évaluations montrent un effet modeste : +3 % d'emploi en moyenne, mais +12 % pour les jeunes ayant suivi une formation certifiante.

Ainsi, les formations longues et qualifiantes peuvent favoriser l'insertion des jeunes en difficulté, à condition d'un accompagnement soutenu. L'absence d'évaluations rigoureuses de nombreux dispositifs limite cependant la capacité à orienter les politiques de manière efficace.

Les politiques ciblées sur le système éducatif

Face aux limites des politiques d’emploi, les recherches se tournent vers les actions en amont de la sortie du système scolaire : orientation, choix de filière, prévention du décrochage, alternance. En France, leur impact sur l’emploi reste peu évalué, faute de données. À l’étranger, les études soulignent l’importance de l’orientation, surtout pour les jeunes défavorisés, et des liens étroits entre école et entreprise pour adapter l’offre de formation et faciliter l’insertion. La France accuse un retard important sur ces aspects.

La formation en alternance

L’apprentissage, forme d'alternance intégrée à la formation initiale, est souvent présenté comme un levier efficace pour favoriser l'insertion professionnelle des jeunes, en particulier les moins qualifiés. Des pays comme l'Allemagne, la Suisse ou l'Autriche, où ce modèle est bien implanté, affichent des taux d'emploi des jeunes supérieurs à la moyenne, ce qui inspire des réformes en France. Depuis 2018, les effectifs d'apprentis français ont fortement augmenté, portés par une réforme de la gouvernance (loi « Avenir professionnel »), l'élargissement des aides et l'assouplissement du cadre réglementaire [8].

Deux grands modèles d'apprentissage coexistent en Europe. Le modèle dual, dominant dans les pays germanophones, repose sur une forte implication des entreprises, avec peu de soutien public. Le modèle scolaire professionnalisant, présent dans les pays méditerranéens et au Royaume-Uni, associe l'apprentissage à la voie scolaire. La France s'inscrit plutôt dans ce second modèle : l'apprenti alterne cours en centre de formation (CFA) – avec un contenu pédagogique similaire aux cours en lycée professionnel – et contrat de travail en entreprise [9]. Longtemps perçue comme une voie pour élèves en difficulté, l'alternance s'est étendue à l'enseignement supérieur depuis les années 2000.

Les études montrent qu'en moyenne, les apprentis accèdent plus rapidement à l'emploi que les lycéens professionnels. Toutefois, cet avantage varie selon les pays et les contextes. En Belgique ou en Hongrie, les écarts sont faibles. En France ou en Italie, l'avantage est plus net, surtout aux niveaux CAP et Bac Pro, mais tend à disparaître dans le supérieur. Ces écarts s'expliquent en partie par un effet de sélection : les apprentis sont souvent issus de milieux plus favorisés, avec de meilleurs résultats scolaires ou des réseaux facilitant l'accès à l'entreprise.

Quatre facteurs clés expliquent la performance de l'apprentissage :

  1. La sélection à l'entrée : les entreprises choisissent leurs apprentis, favorisant les profils les plus employables.
  2. Les compétences développées : l'apprentissage renforce certaines compétences non scolaires (autonomie, rigueur), même si les résultats scolaires ne sont pas toujours meilleurs.
  3. La rétention dans l’entreprise : être embauché à l'issue du contrat est décisif, mais cet effet s'estompe lorsque les aides publiques cessent.
  4. L'adéquation formation/emploi : l'offre de formation est souvent plus en phase avec le marché du travail, mais les résultats varient selon les CFA et les spécialités.

L'apprentissage donne en moyenne de meilleurs résultats que la voie scolaire professionnelle, mais cette supériorité est inégale. Plutôt que d'opposer les deux voies, les politiques doivent s'appuyer sur des données désagrégées et comparables pour mieux piloter l'ensemble du système d'insertion des jeunes.

Le pilotage de l'offre de formation

Dans un contexte où l'insertion professionnelle dépend fortement de la spécialité du diplôme et de l'établissement fréquenté, l'orientation scolaire joue un rôle central. Mais cette orientation ne peut être pertinente que si l'offre de formation est adaptée à la réalité du marché du travail. En France, ce n'est souvent pas le cas : de nombreux élèves sont affectés dans des formations qu'ils n'ont pas choisies, avec des débouchés professionnels faibles.

À la fin de la 3e, les élèves formulent leurs vœux d'orientation via la plateforme Affelnet. Chaque vœu correspond à une formation dans un établissement, et l'affectation repose principalement sur l'adresse de l'élève, ses résultats scolaires et les compétences du socle commun. Le nombre de places étant limité, les formations offrant les meilleurs débouchés sont aussi les plus demandées – et donc les plus sélectives (cf. Figure 2) [10].

Les données disponibles montrent un lien clair entre tension à l'entrée et taux d'emploi : par exemple, un CAP de conducteur routier (71 % d'insertion) est deux fois plus demandé qu'un CAP des métiers de la mode (19 % d'insertion). Lorsque l'information est disponible, les élèves cherchent donc rationnellement à maximiser leurs chances d'emploi, mais se heurtent à une offre de formation trop rigide.

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Figure 2 : Lien entre taux de pression des diplômes et taux d'emploi associés

Lecture : Cette figure décrit le lien entre le taux de pression d'un diplôme (i.e. le rapport entre le nombre de demandes effectuées par les jeunes et le nombre de places disponibles dans le lycée) et le taux d'emploi moyen observé des élèves des années précédentes six mois après les examens. Plus un cercle est large, plus le nombre de demandes pour entrer dans ce diplôme est élevé. La courbe de tendance indique une relation positive entre les deux variables. Plus le taux d'emploi d'un diplôme est élevé, plus le taux de pression est fort.

Source : données Inserjeunes / SIECLE Orientation 2019-2020 (DEPP), calculs de l'auteur.

Cette situation découle en partie d'un déficit historique d'information fiable sur les débouchés. En France, les données sur les parcours des jeunes sont morcelées : les panels sont coûteux, les enquêtes sont ponctuelles et peu représentatives, et les prévisions sectorielles sont trop générales. La collaboration entre ministères a longtemps été insuffisante : ce n'est qu'en 2020 que la plateforme Inserjeunes a permis de suivre l'insertion par établissement et spécialité [11]. Mais cet outil reste incomplet : il ignore certaines formes d'emploi (indépendants, services à domicile), faussant ainsi certains taux d'emploi, comme pour les CAP du secteur de l'aide à la personne, et certains diplômes n'ont pas de taux d'emploi associé fautes d'observations suffisantes.

L'enjeu est moins technique que politique : ces données existent, mais ne sont pas exploitées pleinement, contrairement à d'autres domaines comme le site Mon Compte Retraite.

La Cour des Comptes, dans un rapport de janvier 2023 intitulé « Mobiliser la communauté éducative autour du projet d'établissement », souligne également l'inefficacité du pilotage centralisé de l'Éducation nationale. Malgré une dépense scolaire élevée, les résultats restent faibles, et la moitié des établissements publics ne disposent pas de projet d'établissement. L'autonomie des chefs d'établissement reste limitée, freinée par la lourdeur administrative et la verticalité des relations avec les rectorats. La Cour recommande de renforcer leur rôle et d'adapter les moyens alloués en fonction des besoins et résultats réels des établissements.

Le rôle clé de l'orientation scolaire et professionnelle

Les enseignants jouent un rôle central dans la réussite scolaire et l'insertion professionnelle des jeunes. Pourtant, en France, aucune évaluation systématique de leur performance n'existe, que ce soit à l'école, au collège, au lycée ou dans l'enseignement supérieur. L'absence d'accès aux données administratives empêche toute analyse rigoureuse, contrairement à d'autres pays comme les États-Unis, où ces pratiques sont courantes [12].

Aux États-Unis, de nombreuses études montrent que les enseignants ayant une forte « valeur ajoutée » – c'est-à-dire ceux qui améliorent significativement les résultats de leurs élèves aux examens de fin de lycée [13] – augmentent les chances d'accès à l'enseignement supérieur et à des emplois mieux rémunérés. Ce rôle ne se limite pas aux enseignants. Aux États-Unis toujours, les conseillers d'orientation influencent également fortement les trajectoires scolaires. Les plus efficaces contribuent à une meilleure réussite au bac et à une orientation plus pertinente, grâce à un accompagnement individualisé fondé sur une bonne connaissance des filières, des établissements et des besoins des élèves.

En France, les choix d'orientation restent souvent biaisés et subis fautes de places disponibles. Les élèves, notamment les plus modestes, sous-estiment les bénéfices à long terme des études et surestiment certains débouchés immédiats. Ce déficit d'information, combiné à une préférence marquée pour le court terme, conduit à des décisions prématurées, parfois inadaptées, avec des conséquences durables sur l'emploi et les revenus. Pourtant, des recherches montrent qu’un allongement de la scolarité améliore à la fois l'insertion professionnelle et le bien-être (Oreopoulos, 2007 et Pallais, 2015).

Deux faiblesses majeures freinent l'efficacité de l'orientation scolaire en France, comme le souligne un rapport de l'IGESR [14]. La première tient à un système d'information morcelé. Les données sur les parcours scolaires et professionnels sont éparpillées entre plusieurs institutions (Depp, SIES, Insee, Céreq, Dares, Onisep), sans coordination. Une consolidation des bases de données est indispensable pour disposer d'indicateurs fiables sur les liens entre formation et emploi.

La seconde faiblesse est organisationnelle : l'orientation repose sur de nombreux acteurs (professeurs principaux, psychologues de l'Éducation nationale, CPE, documentalistes), mais chacun agit dans son périmètre, avec une information partielle. En l'absence de coordination et de stratégie commune, les élèves reçoivent peu d'aide pour faire des choix éclairés.

Pour que l'orientation scolaire devienne un véritable levier d'insertion, il est urgent de structurer l'information et de renforcer la coordination entre les acteurs éducatifs.

Conclusion : favoriser la coopération entre les différents acteurs éducatifs et économiques

La faiblesse de l'orientation et de la performance scolaire en France ne s'explique pas uniquement par un déficit d'information ou une organisation interne fragmentée. Elle résulte aussi d'un manque de lien structuré entre les acteurs de l'éducation et ceux de l'emploi (France Travail, missions locales, entreprises). Contrairement à des pays comme l'Allemagne ou le Japon, la France ne favorise pas systématiquement la coopération entre l'école et le monde du travail.

Au Japon, bien que l'apprentissage soit peu développé, les lycées intègrent dès la première année un accompagnement spécifique pour les élèves ne souhaitant pas poursuivre dans le supérieur. En terminale, un service de placement scolaire, en lien avec le service public de l'emploi, aide les élèves à postuler à des offres d'emploi selon un calendrier encadré. Les entreprises doivent également attendre la fin des examens avant de pouvoir embaucher un jeune. Ce dispositif assure un taux d'insertion supérieur à 90 %, sans nuire à la stabilité de l’emploi.

En Allemagne, l'Office fédéral de l'emploi soutient activement les partenariats entre écoles et entreprises, notamment via le parrainage professionnel. La Hongrie offre un contre-exemple parlant : après la transition post-socialiste, la disparition de ces liens école/entreprise a considérablement freiné l'insertion des jeunes.

En France, ces synergies restent limitées à quelques initiatives locales. Toutefois, la loi du 5 septembre 2018 a introduit un renforcement de l'accompagnement dans la voie professionnelle, avec un volume consacré à l'orientation (près de 200 heures en CAP, 265 heures en Bac Pro). En fin de parcours, les élèves peuvent choisir un module « Poursuite d'études » ou « Insertion professionnelle », destiné à les préparer à leur avenir.

Depuis 2021, une expérimentation menée avec France Travail cible les lycéens ayant choisi le module « Insertion professionnelle ». Les résultats sont prometteurs : les élèves ayant bénéficié de cet accompagnement ont plus de 25 % de chances supplémentaires d'être en emploi six mois après leur diplôme, par rapport à ceux n'y ayant pas eu accès [15].

Pour renforcer l'impact de ces dispositifs et réduire l'écart de taux de chômage entre les jeunes et les adultes, il est essentiel d'impliquer des professionnels de l'emploi capables de faire le lien entre les jeunes, les établissements et les besoins économiques locaux. Ces conseillers, intégrés durablement dans les équipes pédagogiques, pourraient jouer un rôle clé dans l'accompagnement à l'insertion quel que soit le niveau d'études. Le déploiement généralisé de ces coopérations école/emploi, avec les moyens humains et financiers adéquats, constitue un levier stratégique pour améliorer durablement l'insertion des jeunes les plus fragiles sans pour autant annihiler la mission éducative de l'école.

Repères bibliographiques

Toutes les études ayant servi de référence à ce texte sont disponibles dans l'ouvrage Quelles politiques de l'emploi pour les jeunes ? (Cahuc P., Hervelin J., Presses de Sciences Po, 2023).

Voici une liste sélectionnée pour guider le lecteur intéressé :

 

Altonji J., Arcidiacono P., Maurel A. (2016), “The Analysis of Field Choice in College and Graduate School : Determinants and Wage Effects”, in Handbook of the Economics of Education, vol. 5, edited by Eric A. Hanushek, Stephen Machin and Ludger Woessmann. Amsterdam : North Holland, pp. 305-396.

Arnoult É., Ghrairi J. (2022), « Vers quel intermédiaire de placement se tournent les jeunes qui recherchent leur premier emploi ? », Dares Analyses, n° 1.

Cahuc P., Carcillo S., Rinne U., Zimmermann K. (2013), “Youth unemployment in old Europe: the polar cases of France and Germany”, IZA Journal of European Labor Studies, vol. 2, n° 18.

Cahuc P., Hervelin J. (2024), “The Effect of Workplace vs School-Based Vocational Education on Youth Unemployment: Evidence from France”, European Economic Review, vol. 162.

Caliendo M., Schmidl R. (2016), “Youth unemployment and active labor market policies in Europe”, IZA Journal of Labor Policy, vol. 5, n° 1.

Card D., Kluve J., Weber A. (2018), “What Works? A meta analysis of recent active labor market program evaluations”, Journal of the European Economic Association, vol. 16, n° 3, pp. 894-93.

Cederlöf J., Söderström M., Vikström J. (2021), “What makes a good caseworker ?”, IFAU Working Paper 2021:9.

Chetty R., Friedman J.N., Rockoff J.E. (2014), “Measuring the Impacts of Teachers II: Teacher Value-Added and Student Outcomes in Adulthood”, American Economic Review, vol. 104, n° 9, pp. 2633-2679.

Crépon B, Ferracci M., Fougère D. (2012), “Training the Unemployed in France: How does it Affect Unemployment Duration and Recurrence ?”, Annals of Economics and Statistics, n° 107/108, pp. 175-199.

Crépon B, van den Berg G. (2017), Les politiques de l’emploi. Apprendre de l’expérience, Presses de Sciences Po, coll. Sécuriser l'emploi.

Eichhorst W., Hinte H., Rinne U. (2013), “Youth Unemployment in Europe: What to Do about It ?”, Intereconomics, vol. 4, n° 4, pp. 230-235.

Hervelin J., (2022), “Directing young dropouts via SMS: Evidence from a field experiment”, IZA Journal of Labor Policy, vol. 12, n° 1.

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Notes

[1] Source : Base de données de l'OCDE sur l'emploi.

[2] L'enquête Emploi de l'INSEE est le principal dispositif statistique français pour mesurer l'activité, le chômage et l'emploi selon la définition du Bureau international du travail (BIT). Elle suit chaque trimestre un large échantillon de ménages afin de fournir des indicateurs fiables sur la situation professionnelle de la population, l'évolution du marché du travail et les caractéristiques (temps partiel, contrats, secteurs, etc.) des emplois occupés.

[3] Source : Inserjeunes (Ministère du travail et Ministère de l’éducation nationale).

[4] Voir Le Barbanchon T., Schmieder J.F., Weber A. (2024), “Job Search, Unemployment Insurance, and Active Labor Market Policies”, Handbook of Labor Economics, Chapter 6.

[5] Une méta-analyse est une méthode statistique qui permet de synthétiser un ensemble de résultats provenant d'études différentes. Voir Card D., Kluve J., Weber A. (2018), “What Works ? A meta analysis of recent active labor market program evaluations”, Journal of the European Economic Association, 16(3), pp. 894-931.

[6] Voir Crépon B., Duflo E., Gurgand M., Rathelot R., Zamora P. (2013), “Do labor market policies have displacement effects ? Evidence from a clustered randomized experiment”, The Quarterly Journal of Economics, vol. 128, n° 2, pp. 531-580. Voir aussi Gautier P., Muller P., van der Klaauw B., Rosholm M., Svarer M. (2018), "Estimating equilibrium effects of job search assistance", Journal of Labor Economics, vol. 36, n° 4.

[7] Voir Crépon B., van den Berg G. (2017), Politiques de l’emploi, Presses de Sciences Po, coll. Sécuriser l'emploi.

[8] Pour plus de détails : LOI n° 2018-771 du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel.

[9] Voir CEDEFOP/OECD (2021), The next steps for apprenticeship, Luxembourg: Publications Office. Cedefop reference series; n° 118.

[10] Le taux de pression d'un diplôme est calculé comme le ratio du nombre de demandes formulées par les élèves sur le nombre de places disponibles dans l'établissement.

[11] Plus de détails sur Inserjeunes.

[12] La RAND Corporation a mené plusieurs études consacrées à la valeur ajoutée des enseignants.

[13] La valeur ajoutée (VA) d'un enseignant est définie comme la différence entre le score observé des élèves à un examen et le score attendu des élèves à ce même examen étant donné leurs caractéristiques (en utilisant des cohortes passées comme source de prédiction).

[14] « L'orientation, de la quatrième au Master », Rapport thématique annuel de l'Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche, 2020.

[15] Voir Cahuc P., Hervelin J., Largy A., Uhlendorff A. (2024), « L'expérimentation AvenirPro : un levier pour l'insertion professionnelle des élèves de CAP et BacPro », Note IPP n° 109.

Pour aller plus loin

Cotelette P. (2025), « De l'économie du travail aux politiques de l'emploi », SES-ENS.

Que sait on du travail ?, table ronde enregistrée à l'ENS de Lyon le 15 octobre 2024, SES-ENS (en particulier : l'intervention de Bernard Gazier sur les « NEETs »).

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