Le commerce mondial, en marche arrière ? Société Générale. Novembre 2017.
Une synthèse très complète et utile pour le programme de terminale. L'article retrace l'histoire de la mondialisation commerciale et examine les principaux moteurs de la seconde vague de mondialisation de 1944 à 2008. Il analyse les différentes causes du ralentissement spectaculaire du commerce mondial après la crise financière mondiale. Enfin, il aborde la question de l'avenir du commerce mondial, dans un contexte d'accroissement des inégalités de revenus au sein des pays riches, de rejet croissant de la mondialisation par une partie de la population occidentale et de montée (relative) des nationalismes et du protectionnisme. Elle complète utilement notre interview de Sébastien Jean au sujet de la démondialisation.
EcoNote n°39, 20 novembre 2017.
par Marie-Hélène Duprat.
Résumé
La mondialisation est le fait dominant du monde de l'après-Guerre froide : elle a rendu les économies plus interconnectées et plus interdépendantes que jamais. La vague actuelle de mondialisation est la deuxième en l'espace de deux siècles. La première a commencé dans la première moitié du XIXe siècle sous l'effet combiné de percées technologiques et de politiques commerciales libérales en Europe continentale. Elle s'est effondrée lorsque la Grande Dépression des années 1930 a fait le lit du protectionnisme.
La présente vague de mondialisation a été impulsée par trois facteurs principaux : 1) la libéralisation commerciale la plus importante de l'histoire, 2) des progrès technologiques continus dans les transports et communications, 3) l'émergence d'une spécialisation verticale massive. Mais aujourd'hui, la mondialisation semble vulnérable. Alors qu'elle tend à accroître la richesse globale, le problème est que les gains qui en découlent sont de plus en plus inégalement répartis au sein des pays. Les cols bleus de la «ceinture de rouille» qui ont voté pour M. Trump ou les retraités britanniques qui ont soutenu le Brexit ne croient plus que la mondialisation leur profite.
La montée du sentiment anti-globaliste, le vote en faveur du Brexit et la victoire de Donald Trump font aujourd'hui craindre que la deuxième vague de mondialisation ne se termine comme la première. L'histoire pourrait-elle se répéter ? La réponse à cette question dépend de la réponse qui sera apportée à une question plus étroite : les dirigeants politiques sont-ils prêts à garantir une répartition plus égalitaire (via des taxes, transferts, etc.) des gains issus du commerce, notamment dans les économies à revenu élevé ?
Le rejet de la mondialisation est-il préoccupant ? Oui. L'ère de la mondialisation a vu un recul significatif de la pauvreté de masse et des inégalités entre les pays. En outre, du fait de l'imbrication des échanges commerciaux le long des chaînes de valeur régionales et internationales, une forte hausse des barrières tarifaires pénaliserait directement les économies nationales, avec des retombées très néfastes sur les entreprises et l'emploi.
Sommaire complet
I - La mondialisation des échanges a atteint des niveaux sans précédent
1. Les États-Unis se sont faits les champions de la libéralisation du commerce après la seconde guerre mondiale
2. La deuxième vague de mondialisation
- La libéralisation des échanges la plus importante de l'histoire
- Baisse des coûts de transport et révolution des technologies de l'information et de la communication (TIC)
- Spécialisation verticale et chaînes de valeur mondiales (CVM)
II – La crise financière a porté un coup d'arrêt à la mondialisation
1. Le ralentissement du commerce mondial
2. Les causes du ralentissement
- Faiblesse de la demande globale et de l'investissement
- Le rééquilibrage de l'économie chinoise
- Le ralentissement de la spécialisation verticale
- La résurgence du protectionnisme
III – Quel avenir pour la mondialisation ?
1. Un ralentissement du commerce mondial est probablement inévitable
2. La globalisation a peut-être atteint ses limites
- Les coûts environnementaux
- L'inégalité de la répartition des bénéfices et des coûts de la mondialisation
- Globalisation, technologie et inégalité
3. L'orientation des politiques occidentales détient la clé de l'avenir de la mondialisation
- Une spirale protectionniste du type années 1930 trébucherait aujourd'hui sur les chaînes de valeur mondiales
- Et si les États-Unis ne voulaient plus jouer le rôle de puissance hégémonique mondiale ?
- Pour que la mondialisation survive, les perdants de la globalisation doivent rester une minorité
Encadré 1 : L'histoire nous enseigne que les forces de la mondialisation ne sont pas irréversibles.
Encadré 2 : En théorie, le libre-échange profite à toutes les nations
Encadré 3 : Les accords commerciaux régionaux, ont progressivement pris le pas sur les accords multilatéraux
Source : EcoNote n°39, novembre 2017
Sur l'évolution du commerce mondial, on pourra aussi consulter sur SES-ENS :
Quelques questions à Sébastien Jean au sujet de la "démondialisation", interview de Sébastien Jean, Dossier CEPII - L'économie mondiale 2018, 3/10/2017.
Les évolutions du commerce international, interview de Sébastien Jean, vidéo réalisée pour le MOOC "C'est quoi l'éco ?", mise en ligne 17/03/2017.
Faut-il craindre le retour du protectionnisme ?, interview de Sébastien Jean, 24/01/2017.
Quelques questions à Sébastien Jean sur l'histoire des mondialisations commerciales, interview de Sébastien Jean, Dossier CEPII - L'économie mondiale 2017, 19/09/2016.
L'évolution de l'ouverture commerciale de 1827 à 2014, Stats à la une, 23/09/2016.