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Le chômage, fatalité ou nécessité ?

Publié le 27/07/2007
Auteur(s) - Autrice(s) : Pierre Cahuc
André Zylberberg
Flammarion
Fiche de lecture de l'ouvrage "Le chômage, fatalité ou nécessité ?" de Pierre Cahuc et André Zylberberg. Les auteurs montrent que la mondialisation ou la finance ne peuvent seuls expliquer le taux de chômage et que c'est dans l'organisation différente des marchés du travail qu'il faut rechercher l'explication des écarts entre pays développés. Le livre démontre par ailleurs que nos connaissances sur le fonctionnement du marché du travail ont beaucoup progressé en vingt ans et que la difficulté pour mettre en oeuvre des politique d'emploi efficaces aujourd'hui passe par la sortie du monde des croyances pour entrer dans une logique d'évaluation sérieuse des politiques publiques.

Présentation:

Couverture de "Le chômage, fatalité ou nécessité ?" de P.Cahuc et A.ZylberbergNos commentaires :

" la France souffre d'un chômage endémique depuis près de trois décennies. La méconnaissance de la nature profonde du marché du travail est, en partie responsable de cette situation " (p11) constatent Cahuc et Zylberberg, pourtant l'analyse économique de l'emploi et du chômage à fait beaucoup de progrès comme le montre cet ouvrage.

Les auteurs insistent sur une découverte qui a bouleversé la manière de penser le fonctionnement du marché du travail " En France, chaque jour ouvrable, 10 000 emplois disparaissent et autant sont créés ". Les deux premiers chapitres du livre sont consacrés à l'analyse de ce processus de création et de destruction d'emplois. Les auteurs montrent que l'on assiste à une incessante recomposition des emplois (2,3 millions d'emplois par an sont détruits, mais autant sont créés). Cette recomposition permanente des emplois est un élément déterminant de l'amélioration de l'efficacité de chaque entreprise qui conditionne la croissance économique. Toutefois, si ce processus de création - destruction d'emplois est commun à tout les pays industrialisés, ces mêmes pays divergent en terme de chômage. Les auteurs montrent que la mondialisation ou la finance ne peuvent expliquer ces écarts de taux de chômage, c'est dans l'organisation différente des marchés du travail qu'il faut rechercher l'explication de ces écarts.

Le chapitre deux est consacré aux relations complexes entre démographie, temps de travail et chômage. Les auteurs montrent que la réduction du nombre d'actifs ou du temps de travail ne permet pas de créer systématiquement des emplois car il faut savoir que les emplois sont fragiles, ils peuvent apparaître ou être supprimés très rapidement en fonction de l'environnement économique.

Les chapitres trois et quatre s'intéressent à la relation salaire - emploi en montrant à partir de l'exemple du salaire minimum que celui-ci doit être suffisamment élevé pour que le travail soit valorisé (pour éviter les trappes à inactivité et les trappes à pauvreté) mais pas trop pour ne pas décourager les embauches. Concernant la France, le problème posé est celui de la réduction du coût du travail sans réduire les salaires en jouant sur l'allègement des charges sociales. Pour réduire les trappes à inactivité, les solutions de l'impôt négatif et de la prime pour l'emploi sont analysées.

Le chapitre cinq insiste sur l'utilité du chômage en montrant que la recherche d'emploi est une activité économiquement utile qu'il faut rémunérer comme telle ce qui justifie une assurance chômage généreuse mais assortie d'incitations efficaces à la recherche d'emploi.

Le chapitre six aborde la question de la protection de l'emploi en montrant qu'en France la législation en la matière est fondée sur le contrôle du juge et la répression. Ce système est inefficace car il ne permet pas de maintenir durablement l'emploi, il dégrade la situation financière des entreprises et il accroît l'incertitude pour les salariés qui ne bénéficient pas d'un licenciement économique. Les auteurs proposent de basculer d'une logique de répression vers un système d'incitation en fiscalisant la protection de l'emploi.

Dans le chapitre sept on apprend que les dépenses dans l'éducation ne sont pas une solution évidente aux problèmes d'emploi. Les auteurs remarquent : " Apprendre coûte cher et ne rapporte pas toujours beaucoup. Accroître systématiquement l'intervention publique en matière d'éducation, de formation permanente et de reconversion professionnelle n'est donc pas toujours la meilleure politique possible ". Cette affirmation s'appuie sur des études récentes d'évaluation des politiques publiques en matière d'éducation et de formation qui montre en particulier que les efforts d'éducation doivent porter en priorité sur les jeunes enfants de milieux défavorisés. Pour ce qui est de la formation continue, des doutes sérieux sont émis sur son efficacité pour les travailleurs non qualifiés, l'alternative est alors la subvention à l'embauche pour cette catégorie de travailleurs.

Enfin le septième chapitre aborde le problème de l'évaluation des politiques d'emploi en utilisant les résultats de l'exemple suédois qui montre que les aides à l'emploi sont d'autant plus efficaces que l'emploi aidé est proche d'un emploi stable. Ce résultat est confirmé pour la France quand on étudie le cas des Contrat Emploi Solidarité.

Ce livre démontre que nos connaissances sur le fonctionnement du marché du travail ont beaucoup progressé en vingt ans. La difficulté aujourd'hui pour mettre en oeuvre des politique d'emploi efficaces est qu'il faut sortir du monde des croyances pour entrer dans une logique d'évaluation sérieuse des politiques publiques.

A Noter :

Pas de formalisation

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