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Genre et politique

Publié le 31/12/2009
Auteur(s) - Autrice(s) : AFSP
Anne Châteauneuf-Malclès
La question du genre et des sexualités a longtemps été ignorée dans la recherche française en science politique, alors qu'elle avait déjà une place reconnue dans les travaux sociologiques ou anthropologiques, ainsi que dans les recherches anglo-saxonnes marquées par les Gender studies. Elle est aujourd'hui un objet d'étude légitime dans la discipline et suscite de nombreux travaux dans des domaines variés dans le milieu de la recherche francophone. Trois sections thématiques du Congrès de l'AFSP ont été consacrées à la réflexion sur le genre en science politique francophone : le métier politique à l'épreuve de sa féminisation, genre et politiques publiques, science politique et sexualités en francophonie.

La Section thématique 6, «Le métier politique à l'épreuve de sa féminisation. Genre et (re)définition des rôles politiques» portait sur les transformations du métier politique et du rôle du politicien, induites par l'entrée des femmes dans la politique et par la relative féminisation de la vie politique depuis les années 1990. Elle s'est interrogée notamment sur la genèse de la femme politique et du pouvoir au féminin [Axe 1 : Mobilisation du genre dans la construction des identités politiques stratégiques : variations contextuelles], ainsi que sur la manière dont se dévoile le «sexe» des institutions politiques et dont se redéfinit l'espace politique dans ce nouveau contexte [Axe 2 : Un métier «sexualisé» ? Déplacements et recomposition des frontières du métier politique].

La Section thématique 15, «Genre et politiques publiques : de la découverte mutuelle au dialogue», s'est penchée sur les "ponts" que l'on peut établir entre deux champs de recherche : l'analyse standard des politiques publiques par les politistes et les études de genres par les sociologues. L'objectif de la ST était de traiter des apports mutuels d'un domaine de recherche à l'autre :

- l'éclairage apporté par les analyses des politiques publiques et leurs concepts sur les études de genre, en analysant en particulier l'impact des politiques publiques «de genre» (en direction des femmes, des homosexuels, des prostituées...) sur la transformation des rapports sociaux de sexe. [Axe 1. Les apports de l'analyse des politiques à la question du genre].

- la prise en compte de la dimension du genre dans l'étude de l'action publique (politique sociale, d'égalité des chances...), à travers notamment les représentations implicites des rapports sociaux de sexe qui prévalent dans les politiques publiques. La question principale posée était celle de la «normalisation» des études de genre par l'intégration de concepts plus généralistes [Axe 2. Le genre des politiques publiques].

La Section thématique 16, «Science politique et sexualités en francophonie : un état des lieux», dédiée à l'étude des sexualités en science politique francophone, a porté un regard différent sur la thématique «genre et politique», critique à l'égard de l'instrumentalisation de la notion de genre et de la normalisation du genre en science politique. Les contributions se sont inscrites dans les deux orientations privilégiées actuellement dans les travaux sur les sexualités en science politique francophone :

- l'action de l'État comme source de répression et d'émancipation [Axe 1], à travers l'analyse des politiques publiques en matière de sexualité, de mariage et de couple, d'adoption et de filiation, de prostitution...

- les mobilisations individuelles et collectives en matière de sexualités [Axe 2], à travers l'étude des luttes pour la reconnaissance de la diversité sexuelle et des résistances à certaines politiques publiques, l'engagement homosexuel à travers la lutte contre le sida, l'impact sur l'action publique de sexualités déviantes ou marginales comme la prostitution...

1. Le métier politique à l'épreuve de sa féminisation. Genre et (re)définition des rôles politiques.

Pour lire la présentation scientifique de la section thématique 6, consulter la bibliographie, le programme, le résumé des interventions et la liste des intervenants, vous pouvez aller à la page de la ST 6 sur le site du congrès de l'AFSP[1].

Les responsables de cette section thématique étaient :

- Catherine Achin (CSU/Université Paris VIII)

- Sandrine Levèque (CRPS/ Université Paris I)

Extrait du bilan scientifique du Congrès 2009 de l'AFSP

Le métier politique a longtemps été un bastion masculin, un véritable «métier d'hommes». On le sait depuis les analyses de la Révolution française et du XIXe siècle par Geneviève Fraisse (la démocratie «exclusive») et Joan W. Scott, la définition historique des rôles politiques s'est inscrite dans un cadre genré implicite. Derrière la fausse neutralité à l'origine de la citoyenneté politique, sont en effet masquées des valeurs connotées virilement (autorité, ambition, combativité, expertise, etc.). Au sein du discours républicain coexistent dès l'origine deux universalismes contradictoires : celui de l'individualisme abstrait et celui de la différence sexuelle. Or Joan W. Scott a montré de manière très convaincante que c'est bien la référence aux «différences naturelles» entre les sexes qui a justifié l'exclusion des femmes de la citoyenneté politique (car jugées incapables d'exercer des droits naturels pour l'humanité) puis d'une participation politique active. L'universalisme de la différence des sexes a donc prévalu sur celui des droits naturels, et l'individu «abstrait» n'a pas été neutre mais masculin... Son approche insiste par ailleurs sur la spécificité historique des paradoxes et des contradictions, sur l'historicité de ce qui apparaît comme des expressions culturelles et politiques récurrentes ou permanentes. C'est cette perspective qui a été adoptée dans les communications présentées lors de la section thématique.

En France jusqu'en 1944, le métier politique n'avait qu'un sexe... le sexe masculin. En étudiant les militantes catholiques engagées au début du XXe siècle dans un combat électoral qui exclut le vote, Magali Della SuddaLa genèse de la "femme politique moderne". Un éclairage socio-historique et comparé»] montre bien comment, en mobilisant un discours de genre fortement marqué par le différentialisme sexuel et par le respect de la hiérarchie sociale, elles cherchent à inventer, dans un espace de contraintes spécifiques, un rôle nouveau de «politicienne» différent de celui que cherche à imposer les militantes féministes à la même époque. Marlène Coulomb-GullyArchéologie des candidates à l'élection présidentielle française»] revient quant à elle, à partir du cas des candidatures successives d'Arlette Laguiller à l'élection présidentielle, sur la manière dont se construit et est progressivement construite la figure de la candidate.

Mais ce que dévoile progressivement l'entrée des femmes en politique depuis lors, et tout particulièrement depuis la parité, c'est que le métier politique a aussi un genre : la masculinité constitue un attribut longtemps impensé de la profession politique qui commence à être dévoilé et interrogé. Dans son intervention, Eric FassinQu'est-ce qu'un homme politique ? Les jeux de la masculinité dans les campagnes présidentielles française et étatsunienne»] s'interroge ainsi sur les relations existantes entre le sexe et le genre des professionnels de la politique. Il montre comment s'opère, lors des primaires démocrates de 2008, la mise en scène du genre autour des figures des deux candidat-es, H.Clinton et B. Obama. A partir de ces deux exemples, on comprend bien le caractère problématique de la féminité politique et l'invisibilisation de la masculinité. Le genre n'est plus pensé comme une donnée en tant que telle mais comme un matériau de la représentation politique.

Le genre, et serait-on tenter d'ajouter le corps des institutions politiques a désormais perdu de son «évidence», même si comme le montre Réjane Sénac-SlawinskiLa parité : quel genre de diversité ? Enquête auprès de responsables UMP, PS et d'associations féminines et/ou féministes»] à partir d'une enquête menée auprès de dirigeant-es politiques et associatif -ve-s, on constate une relative inertie de «l'éthos» de «l'homme» politique. Avec la visibilité croissante des femmes politiques, le corps politique (le corps présidentiable par exemple) apparaît lui aussi incarné spécifiquement et «singularisé». Cette singularisation est aussi le produit des dispositifs de communication tels que les analyse Olivier RoueffLe corps politique saisi par les professionnels du spectacle»] au travers de son projet visant à décrire les dispositifs de communication constitutifs de «la société du spectacle». Elle est également le produit des représentations d'acteurs extérieurs à la compétition politique proprement dite, tels les journalistes étudiés par Béatrice Damian et Eugénie SaïtaFéminisation de l'information politique et transformations croisées des champs journalistique et politique»] et/ou les humoristes et caricaturistes étudiés par Frédérique MatontiL'impossible endossement du rôle de 1er secrétaire, le "chemin des dames" du PS»], à l'occasion de l'élection de la première secrétaire du Parti socialiste.

Les effets de la nouvelle visibilité des femmes politiques à l'échelle mondiale concernent au premier chef le métier politique lui-même, son degré d'autonomie, la définition des rôles politiques, les représentations et les pratiques des institutions politiques, les normes du corps politique. Pour comprendre aujourd'hui la maturation du métier politique et la manière d'accomplir les rôles prescrits, il apparaît nécessaire de tenir compte de tous les attributs des détenteurs de rôles, y compris des plus naturalisés, comme l'identité sexuelle ou la couleur. Mais ces effets concernent également le genre, c'est-à-dire la construction de la masculinité et de la féminité, qui peut se trouver troublée, ou déplacée... Le genre s'envisage alors comme une performance qu'analyse par exemple dans des registres différents, Eric Fassin ou Marlène Coulomb-GullyArchéologie des candidates à l'élection présidentielle française»] autour de figures aussi différentes que celle de B. Obama, H. Clinton ou A. Laguillier. Pour le dire autrement, si les analyses visant à comprendre ce que l'espace politique fait «des» femmes sont largement développées - sur le modèle des études antérieures de ce que l'espace politique fait de certaines classes sociales...., on en est désormais à comprendre ce que la relative féminisation de l'ordre politique fait à l'espace politique et au genre.

Dans sa communication sur l'organisation de jeunesse de l'UMP, Lucie BargelGenre et légitimité "militante" chez les Jeunes populaires»] s'attache ainsi à décrire les logiques qui y façonnent alors les rôles dirigeants légitimes. Tenant compte du contexte de création de ce nouveau parti, particulièrement propice à la valorisation du renouvellement des personnes et des pratiques, mais aussi des enjeux proprement partisans, elle analyse les raisons qui ont conduit la direction de l'UMP à nommer une jeune femme issue de Démocratie libérale à la tête des Jeunes populaires. Elle montre ensuite comment, cette jeune femme invente et investit, à partir de cette position d'outsider, un nouveau rôle de dirigeant politique mobilisant tout à la fois un registre «managérial» et un registre «militant», reposant lui aussi sur la dénégation de la recherche du pouvoir, mais également sur des pratiques et des qualités traditionnellement associées à un «militantisme» masculin, populaire, et de gauche. Cette ambiguïté est particulièrement saisissable dans les appréciations croisées portées sur elle par ses adversaires internes au JP, mais aussi par ses concurrents du MJS, qui vont jusqu'à un brouillage de son identité sexuée et sexuelle.

Sur un terrain différent, et comme le montre Guillaume Girard"A la conquête de la magistrature suprême" : genre, construction des rôles politiques et élections présidentielles au Bénin»] à partir de l'exemple de deux candidatures féminines lors des élections présidentielles béninoises de 2001 et 2006, la promotion des femmes s'est progressivement constituée en enjeu de la compétition politique. Cependant, l'étude des parcours des deux candidates étudiées montre qu'elles ont investi le rôle de candidates de manière extrêmement différente : l'une jouant assurément sur le registre de la promotion des femmes, l'autre au contraire, refusant de mobiliser ses attributs réputés féminins et mettant en avant son profil de technicienne.

Ces deux exemples ont ainsi permis de discuter des conditions de possibilité d'user dans des configurations politiques particulières des ressources socialement construites comme féminines et de montrer comment ces ressources entraient «en concurrence» avec d'autres ressources plus traditionnelles du jeu politique.

A partir de ces premiers résultats et des déplacements théoriques de la recherche en science politique mentionnés, nous avons formulé une double hypothèse relative aux effets de la relative féminisation de la politique sur le métier politique et le genre qui a été le plus souvent confirmée par les différentes interventions.

D'une part, avoir la possibilité de mobiliser à un moment donné des attributs féminins c'est-à-dire réputés comme tels, contribuerait à re-définir les frontières du métier politique et permettrait à certains «outsiders» d'accéder à cette profession. Il semble désormais possible - avec un succès relatif et contingent - de mettre en avant dans la compétition politique des qualités telles que l'identité sexuelle ou l'origine (constituée en enjeu politique émergent autour de «la diversité»).

D'autre part, la relative féminisation de la politique avec la publicisation des questions sexuées et sexuelles et les modifications dans la mise en scène du politique, conduiraient à dévoiler dans une certaine mesure le sexe et le genre des institutions politiques. La «neutralité» et «l'universalité» des «hommes politiques» iraient de moins en moins de soi (comme l'a bien montré le travail d'Eric Fassin [op. cité]). Les corps politiques seraient pensés comme «caractérisés» (corps sociaux, sexualisés, colorés), et la «masculinité», notamment, deviendrait un capital politique comme un autre. Ce processus de dévoilement du corps politique pourrait avoir des effets sur d'autres corps tel le corps administratif. Ainsi Françoise de BarrosGenre et corps administratif»] montre bien, à partir de l'étude de dossiers individuels de carrières se déroulant des années 30 aux années 60, comment masculin et féminin sont associés et en même temps constitués comme rôles sociaux distincts dans l'exercice du métier d'administrateur des services civils en Algérie.

Dans cette perspective visant à appréhender des processus de construction et de consolidation du métier politique sur le long terme, les acteurs-rices qui s'engagent dans la compétition jouent un rôle clé. Ludivine VanthournoutLa suppléance parlementaire : l'antichambre des femmes en politique ?»] montre par exemple comment, dans une carrière politique - celle des suppléantes parlementaires - cette ressource liée au genre est plus ou moins mobilisable. Mais il convient aussi d'observer d'autres acteurs qui, à la marge de l'espace politique, contribuent à en définir les frontières légitimes, tels que les journalistes mais aussi tous ceux/celles qui, sans directement participer à la conquête des trophées électifs, luttent à leur manière pour dessiner l'espace reconnu de cette compétition. Béatrice Damian-Gaillard et Eugénie Saitta [op. cité] montrent ainsi comment, sous l'effet de la féminisation des services politiques observée depuis les années 90, se transforment les modes d'excellence du journalisme politique lui-même et comment les dispositions féminines (c'est-à-dire socialement construites comme telles) peuvent devenir un atout dans l'espace professionnel transformant du même coup le «genre» (au sens journalistique du terme) du journalisme politique. Dans sa communication, et au travers des exemples de caricatures de Ségolène Royal et de Martine Aubry, Frédérique Matonti [op. cité] illustre comment la mobilisation des stéréotypes masculins et féminins respectivement attachés aux personnalités de Martine Aubry et Ségolène Royal traduit la difficulté pour les deux leaders socialistes à endosser le rôle éminemment masculin de premier secrétaire. Il est tout aussi nécessaire de replacer ces effets éventuels dans leur propre configuration (politique, sociale, discursive). Par définition, le genre ne fonctionne pas de la même manière dans tous les espaces et certaines ressources valorisées ici, peuvent être stigmatisantes ailleurs.

Les discussions ouvertes par les interventions respectives de Marion Paoletti et Delphine Dulong ont abordé les thèmes suivants :

- La question de la formation des identités politiques et la construction des rôles politiques et notamment le caractère non fixé des configurations du masculin requis et produit par l'institution, la question de l'ajustement des rôles politiques (et de leur ajustement à la norme masculine), la question de la multiplicité des ressources identitaires et de la relativité de leur valeur à un moment donné de la compétition politique.

- La place symbolique des rôles familiaux et de leur transposition dans l'espace politique.

- Les manières d'appréhender méthodologiquement les usages du genre et les approches théoriques et politiques du genre, entre «différentialisme structurel» et «pragmatisme de la performance»...

[1] Les communications des intervenants de cette ST ne sont pas publiées sur le site du Congrès.

2. Genre et politiques publiques : de la découverte mutuelle au dialogue.

Pour lire la présentation scientifique de la section thématique 15, consulter le programme, le résumé des interventions et la liste des intervenants, vous pouvez aller à la page de la ST 15 sur le site du congrès de l'AFSP.

Les responsables de cette section thématique étaient :

- Isabelle Engeli (European University Institute)

- Pierre Muller (CNRS-CEE)

Extrait du bilan scientifique du Congrès 2009 de l'AFSP

La section thématique n°15 s'inscrit dans une série de rencontres et de travaux francophones récents portant sur la question des relations entre études de genre et analyse des politiques publiques. Elle partait d'un double constat. D'un côté, il est de plus en plus difficile de nier que l'action publique renvoie à une dimension genrée, même si cette dernière relève souvent de l'invisible ou du non-dit : les instruments autour desquels se définissent les politiques publiques et qu'elles mettent en oeuvre reposent sur une définition des problèmes à résoudre, des diagnostics et des solutions qui intègrent implicitement une représentation des rapports sociaux de sexe dans la société. D'un autre côté, les études de genre font encore relativement peu appel aux concepts issus de la boite à outil de l'analyse des politiques publiques, alors même qu'il est de plus en plus difficile de comprendre les transformations des rapports sociaux de sexe (sociologie de la famille et du couple, transformation des rôles sexuels, fluctuations de la frontière public privé et des enjeux reproductifs...) sans s'interroger sur les effets des politiques publiques dans ces domaines. L'ambition de la section thématique était donc de voir de quelle manière l'analyse des politiques publiques mainstream pouvait bénéficier de l'apport de la dimension de genre et réciproquement. Il s'agissait de contribuer à nourrir un dialogue mutuel entre deux champs de recherches qui s'ignorent encore trop souvent, ce qui impliquera la participation de spécialistes des ces deux approches.

Pour ce faire, la section thématique a été organisée en deux axes complémentaires. Le premier axe s'interrogeait sur l'importance de la prise en compte de la dimension du genre dans l'analyse des politiques publiques. Cette question a été examinée à travers des communications portant sur des politiques ayant une dimension de genre explicite. Certaines présentations ont abordé directement les questions de sexualité, comme les politiques en matière de prostitution ou d'homosexualité. D'autres interventions ont porté sur les violences conjugales ou la prise en compte de l'égalité de genre dans les politiques de l'emploi. Le second axe portait à l'inverse (bien que l'on puisse en réalité se demander s'il ne s'agit pas de la même question) sur ce que l'analyse des politiques publiques peut apporter aux études de genre. Cinq communications ont été présentées, certaines proposant une réflexion sur la «normalisation» des études de genre en général, tandis que les autres se concentraient sur domaine particulier.
Plusieurs conclusions, bien entendu provisoires, peuvent être tirées des riches et stimulants débats au sein de cette section thématique, à partir de l'intervention de l'ensemble des participants à la Section thématique (intervenants, discutants, participants) [...].

1) Il est maintenant acquis que des passerelles doivent être jetées entre analyse des politiques publiques et études de genre parce que les deux domaines peuvent trouver dans ce dialogue un enrichissement mutuel.

2) Les études de genre peuvent être éclairées par l'analyse des politiques publiques à deux niveaux au moins :

- Le premier concerne la prise en compte des politiques comme un lieu d'émergence et de cadrage des questions de genre, qu'il s'agisse des enjeux reproductifs, de la question des violences faites aux femmes, de l'insertion des femmes dans la sphère professionnelle, des enjeux liés à l'homosexualité, ou la transsexualité...

- Le deuxième niveau, qui a suscité les débats les plus vifs au sein de la section thématique, concerne ce que certains des participants ont appelé la «normalisation» des études de genre à travers l'utilisation de la boite à outil des politiques publiques. Précisons qu'il ne s'agit évidemment pas d'une normalisation qui prendrait la forme d'une police de la pensée, mais plutôt d'une évolution vers une forme de «science normale» au sens épistémologique du terme, c'est-à-dire utilisant la boite à outil et les méthodes scientifiques des sciences sociales, ce qui ne conduit pas à sous estimer l'originalité et la spécificité du domaine, notamment du fait de son rapport à l'intime.

3) Réciproquement, les études de genre viennent en quelque sorte interpeller l'analyse des politiques publiques en apportant de nouvelles questions. On peut en citer au moins trois :

- Le premier apport, le plus évident, concerne la dimension genrée de l'action publique, qui relève souvent d'une forme d'invisibilité sociale. C'est particulièrement le cas dans certaines politiques, comme les politiques sociales, d'emploi ou encore les politiques éducatives, la question étant alors de savoir «à qui profite le crime», pour reprendre l'expression utilisée d'un des participants à la section thématique. En effet, l'intégration de la dimension genre conduit à observer de manière différente les mécanismes de définition du contenu des programmes d'action publique en mettant en évidence des formes de «choix implicite» et de «décision invisible» qui pèsent pourtant lourdement sur la définition des problèmes à résoudre et des solutions proposées.

- Le second apport, que l'on a pu souligner ailleurs, concerne les limites de l'action publique. Si l'on admet que l'une des dimensions essentielles des politiques publiques concerne leur capacité à prendre en charge l'action des sociétés sur elles-mêmes à travers la production de cadres cognitifs et d'instruments d'action, alors la mise en évidence de la difficulté des politiques à prendre en compte ce qui se joue dans la sphère de l'intime à travers des rapports de domination ou des processus d'assignation à des rôles constitue un enjeu de taille pour comprendre les mécanismes de leur mise en oeuvre.

- Enfin, le troisième apport des études de genre à l'analyse des politiques publiques concerne plus spécifiquement la question des approches cognitives. Plusieurs communications présentées lors de la section thématique montrent que les effets de cadrage des matrices cognitives et normatives ne relèvent pas en réalité du domaine des «idées» mais sont enchâssés dans des pratiques et des relations interindividuelles. En ce sens, la prise en compte de la dimension genrée des politiques montre que les idées n'existent pas en tant que telles mais en tant qu'elles s'expriment dans des micro pratiques, des attitudes, voire même des regards sur l'autre... Certes on peut sans doute faire ce type de démonstration pour d'autres domaines que le genre, mais il est probable que les enjeux couverts par les études de genre constituent un terrain d'application particulièrement favorable.

Textes des communications

Textes des communications de l'axe 1 :

- Katia Smedslund, «Les politiques européennes de lutte contre les violences conjugales envers les femmes dans une perspective de la prise en compte de la dimension du genre» (texte pdf).

- Gwenaëlle Perrier, «La difficile intégration de l'objectif de promotion de l'égalité entre hommes et femmes dans la mise en oeuvre des politiques de l'emploi» (texte word).

Textes des communications de l'axe 2 :

- Clémence Ledoux, «Pourquoi choisir le genre pour saisir les transformations contemporaines de l’action publique. L’exemple des politiques sociales» (texte pdf).

- Isabelle Cecchini et Catherine Fallon, «Le genre dans l'évaluation des politiques publiques : opportunités et limites» (texte pdf).

- Marta Roca, «L'action publique sous la loupe du genre. Réflexions épistémologiques et méthodologiques» (texte pdf).

- Armelle Le Bras-Chopard, «La "Convention pour l'égalité des chances entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes, dans le système éducatif" : une politique publique interministérielle en faveur de l'égalité des sexes» (texte word).

3. Science politique et sexualités en francophonie : un état des lieux.

Pour lire la présentation scientifique de la section thématique 16, consulter le programme, le résumé des interventions et la liste des intervenants, vous pouvez aller à la page de la ST 16 sur le site du congrès de l'AFSP.

Les responsables de cette section thématique étaient :

- Bruno Perreau (Sciences Po Paris/Institute for Advanced Study, Princeton)

- David Paternotte (FNRS/Université libre de Bruxelles)

Extrait du bilan scientifique du Congrès 2009 de l'AFSP

La section thématique «Science politique et sexualités en francophonie : un état des lieux» est une première : jamais ce thème n'avait été abordé en tant que tel lors d'un congrès francophone de science politique. Pourtant, comme son titre l'indique, de nombreux travaux existent déjà dans ce champ et méritent d'être inventoriés. Ces travaux concernent non seulement les politiques qui touchent directement à la sexualité ou aux rapports entre les sexes dans la vie publique, mais aussi toute politique où les représentations de la sexualité travaillent, par analogie, l'action publique, ses outils, ses savoirs et, plus généralement, ses modes de légitimation. Notre inventaire ouvre donc la voie à une réflexion plus large sur la production du pouvoir politique à la lumière de l'établissement d'une frontière privé/public. L'Association américaine de science politique ne s'y est pas trompée en ouvrant un groupe permanent consacré à la sexualité, sous la présidence pour l'année 2009-2010 d'Ellen Ann Andersen. Les principales revues de science politique américaine consacrent également, et de façon régulière, des articles articulant sexualité et politique, à l'image de la contribution de Jeffrey Lax et Justin Phillips dans le dernier numéro de l'American Political Science Review : "Gay Rights in the States : Public Opinion and Policy Responsiveness".

Notre section thématique s'est d'abord efforcée de réaliser un bilan des travaux sur la sexualité en espace francophone. Elle a souligné le rôle pionner de Janine Mossuz-Lavau en matière de politiques sexuelles (concernant notamment la contraception et la prostitution), d'Olivier Fillieule (et Christophe Broqua) à propos des mobilisations des groupes homosexuels dans le cadre de l'épidémie du sida, mais aussi de Daniel Borrillo et Pierre Lascoumes sur la mise en politique des questions de conjugalité homosexuelle. Nous avons également rappelé l'importance qu'il y avait à accomplir un tel bilan dans un cadre francophone plutôt que seulement français, car les perspectives développées en dehors de l'hexagone s'avèrent moins centrées sur le rôle de l'État et de ses institutions que sur la citoyenneté (comme l'attestent les travaux de Diane Lamoureux par exemple).

Le débat général que nous avons ouvert a opéré une vive critique de l'instrumentalisation de la notion de «genre». Depuis deux ou trois ans fleurissent des travaux qui intègrent cette dimension et en font un «nouveau critère» de l'analyse du politique. Ils paraissent ainsi faire preuve d'ouverture et escomptent implicitement rafraîchir leur légitimité en prenant en compte une question aujourd'hui popularisée par la traduction de travaux théoriques américains, comme ceux de Judith Butler. L'introduction de l'avant-dernier numéro de la Revue française de science politique consacré aux politiques publiques du genre plaide ainsi pour une «normalisation» du genre en science politique. Elle postule ce faisant l'antériorité du politique comme champ de recherche sur l'étude du genre, mais aussi son plus grand degré de généralité. Elle omet de penser que le politique s'est précisément construit à partir d'une relégation des questions qualifiées aujourd'hui de «genrées» de son périmètre et tend ainsi à réduire le genre à une nouvelle strate explicative d'un espace politique déhistoricisé. Elle a pour conséquence de réduire le genre à ses manifestations dominantes : le traitement politique de la catégorie «femme», là où le genre devrait impliquer de penser la production concomitante des catégories sexuées, sexuelles et politiques.

L'étude de la sexualité ouvre à nos yeux un espace de résistance à cette pente essentialiste. Elle prolonge la perspective foucaldienne selon laquelle le sexe est «sous la dépendance historique de la sexualité». L'analyse de la sexualité en science politique ne saurait se réduire à une approche de l'action publique par ses catégories (fussent-elles nouvellement étudiées). Notre section thématique a montré que le dispositif de la sexualité, en interface avec la race, la classe, la nationalité, etc., constitue un instrument de production des catégories de l'action publique elle-même, et partant de légitimation de ses institutions. Étudier la sexualité en science politique, c'est donc ouvrir une mise en question des mécanismes d'objectivation du politique. Cette perspective a traversé l'ensemble des contributions à notre section thématique.

Contributions :

L'étude des interactions entre genre et sexualité a constitué un des axes forts des contributions, tout particulièrement de celles présentées par Véronique Mottier (Jesus College, University of Cambridge/Université de Lausanne), Gwenaëlle Mainsant (ENS) et Manon Tremblay (Université d'Ottawa).

Dans une intervention intitulée «Sexualité, politique et Etat : analyses comparatives de politiques publiques eugénistes» (texte pdf), Véronique Mottier s'est basée sur l'étude des politiques publiques eugénistes adoptées par plusieurs pays européens au cours de la période 1920-1970 pour réfléchir sur le rôle de l'Etat dans la régulation et la surveillance de la sexualité reproductive, des pratiques sexuelles et des identités sexuelles de ses citoyen/nes. Cette analyse comparative de pratiques eugénistes concrètes a mis en évidence que, premièrement, l'action étatique dans ce domaine n'a pas toujours été cohérente, ni homogène, mais s'est caractérisée au contraire par des interventions non-systématiques et parfois contradictoires. Deuxièmement, que des acteurs para-étatiques comme des cliniques psychiatriques universitaires ou des autorités politiques locales ont joué un rôle clé dans la régulation eugéniste de la sexualité. Troisièmement, que la complexité de ce type de mécanismes nécessite l'examen des manières dont les politiques sociales et les systèmes étatiques sont structurés par des rapports de pouvoir autour de la sexualité, ainsi qu'autour d'autres marqueurs identitaires comme le genre, la 'race', les classes sociales et les handicaps physiques et mentaux.

Dans une contribution intitulée «Le genre d'une politique sexuelle : le contrôle policier de la prostitution» (texte pdf), Gwenaëlle Mainsant s'est également intéressée à la manière dont l'Etat catégorise des populations sur base de leur sexualité, mais elle s'est concentrée sur les interactions entre ces dernières et les agents subalternes de l'Etat. A travers l'étude la prostitution, elle a souligné l'entrecroisement des caractères genrés et sexuels des politiques à ce sujet. Elle a montré comment ces interactions bureaucratiques reposent sur des configurations hétérosexuées de travail émotionnel (de policiers à destination de proxénètes de genre masculin et de prostituées), qui tendent à exclure ceux qui ne s'inscrivent pas dans cette configuration «normale» : prostitués, proxénètes femmes et policières. Les relations bureaucratiques suivent ainsi des registres genrés qui restreignent les possibilités d'interactions et d'investigations et induisent une focalisation des investigations policières sur des fragments spécifiques du proxénétisme.

Dans un texte plus théorique, «La représentation politique des femmes : les trans comme révélateurs d'un projet essentialiste et hétéronormatif» (texte pdf), Manon Tremblay a analysé les limites des arguments en faveur de l'amélioration de la représentation politique des femmes à partir de leur confrontation à des populations dont l'appartenance au sexe féminin est contestée. Elle a ainsi insisté sur le caractère sexuellement situé de ces discours et s'est interrogée sur les fondements essentialistes d'un projet féministe de représentation politique des femmes, utilisant des auteures telles Judith Butler, Adrienne Rich, Ève Kosofsky Sedgwick et Monique Wittig. Selon Manon Tremblay, ce projet est prisonnier d'une conception limitative des femmes en tant qu'identité stable et cohérente (nommément, hétérosexuelle), une conception qu'il gagnerait à dépasser au profit d'une interprétation plus fluide, hétéroclite et inclusive des sexualités et de la citoyenneté.

La prostitution a également été abordée par Mathilde Darley (CNRS) dans un texte intitulé «Appréhender et administrer le commerce du sexe aux frontières de la République tchèque : les logiques de l’action locale et nationale» (texte pdf). Toutefois, il s'est agi moins, cette fois, d'interroger les catégories produites par l'action publique que la manière dont celle-ci met en jeu la notion de frontière, également centrale en science politique. En effet, selon Mathilde Darley, la rencontre, aux frontières de la République tchèque, entre clients germanophones et prostituées originaires de Républiques postsocialistes a encouragé la construction médiatique, politique et policière du milieu prostitutionnel frontalier comme une surface de projection privilégiée des représentations (nécessairement stéréotypées) de la traite des êtres humains. Il en résulte un décalage entre les discours nationaux et transnationaux justifiant la lutte contre la traite par l'invocation de la figure universelle d'une «victime stylisée» et les ressorts de l'action policière locale de (non-)régulation du phénomène, dont l'étude a constitué le coeur de l'intervention.

L'action de l'Etat au niveau des politiques de la famille a été examinée par deux communications, présentées par Marta Roca (Université de Genève et Université libre de Bruxelles) et Isabelle Engeli (European University Institute) et par Cathy Herbrand (Université libre de Bruxelles/Fonds national de la recherche scientifique). Dans les deux cas, ces travaux soulignent la dépendance aux politiques antérieures et aux représentations qui ont guidé leur adoption. Outre cette dimension temporelle, ils soulignent le caractère culturel des politiques publiques en matière de sexualité.

Dans «Le mariage à l'épreuve : Une analyse des politiques suisses en matière de partenariat et de procréation médicalement assistée» (texte pdf), Marta Roca et Isabelle Engeli s'intéressent à la manière dont les débats relatifs à deux réformes récentes du droit de la famille suisse ont précisé et circonscrit la définition du mariage dans ce pays, transformant et renforçant son statut d'institution de l'hétérosexualité (basée sur la composante hétérosexuelle du couple et de la filiation). Ainsi, face aux revendications des mouvements homosexuels et au développement technologiques en matière de reproduction, le législateur suisse a sécurisé la définition juridique du mariage et de la parentalité en renforçant son «essence» hétérosexuelle. Il a tenté de restreindre l'espace des possibles en tenant à distance une solution en termes d'ouverture du mariage aux personnes homosexuelles et en restreignant le potentiel de nouvelles formes de parentalité offert par le développement de la procréation médicalement assistée, tout en ignorant, dans une large mesure, les critiques visant le caractère discriminatoire et hétérosexué de l'institution du mariage.

Dans «La sexualité à l'épreuve de la présomption de "paternité" des couples de même sexe en Belgique et au Québec» (texte pdf), Cathy Herbrand montre que, si la Belgique et le Québec ont récemment permis l'établissement de la filiation à l'égard de couples homosexuels, ils n'ont pas abordé la question de la sexualité de la même manière, en particulier dans leur traitement du principe de «présomption de paternité». Alors que ce principe reste inchangé en Belgique et ne s'applique qu'aux couples hétérosexuels, le Québec a créé une présomption de «maternité», à la faveur des couples de lesbiennes, à condition toutefois que l'enfant n'ait pas été conçu lors d'une relation sexuelle entre ses géniteurs. Ce choix distinct apparaît comme étroitement lié aux représentations et aux normes différentes entourant la sexualité qui se sont jouées lors de l'adoption ces mesures législatives en faveur des couples de même sexe, et leurs conséquences en matière de filiation et de rapport de sexe.

Enfin, dans «Approche translocale des mobilisations homosexuelles en Afrique francophone», Christophe Broqua (IRD) a analysé les conditions d'émergence de mobilisations homosexuelles en Afrique de l'Ouest francophone. En effet, depuis le début des années 2000, dans divers pays africains, une conjonction de facteurs a concouru à la prise en considération de ce risque sanitaire et, à travers lui, à la visibilisation de la question homosexuelle. Christophe Broqua a souligné que celle-ci se place dans le contexte de reconnaissance nouvelle du risque de transmission homosexuelle du sida, dont le principe même ébranle la règle jusqu'alors fondamentale selon laquelle ces pratiques sont possibles à condition que le silence soit maintenu sur leur existence, en particulier dans des pays où la loi les condamne.

Ces contributions ont été commentées par Olivier Fillieule (Université de Lausanne, CNRS, Paris I - Sorbonne), Janine Mossuz-Lavau (CNRS, Sciences Po Paris) et Lorena Parini (Université de Genève).

Devenir de la section thématique et projets :

Etant donné leur qualité et leur caractère innovateur, une publication des travaux sous forme d'un numéro thématique d'une revue de science politique est envisagée. Des contacts en ce sens ont été pris.

Par ailleurs, la poursuite des travaux au cours des prochains congrès francophones est envisagées. Celle-ci devrait passer par la proposition d'un atelier au congrès de Bruxelles de 2011 et par la création d'un groupe de travail francophone plus structuré sur sexualité et politique, à l'image du travail entamé depuis plusieurs années par les groupes «genre et politique».


Quelques indications bibliographiques

Catherine ACHIN et al., Sexes, genre et politique, Economica, 2007.

Catherine ACHIN, «Un "métier d’hommes" ? Les représentations du métier de député à l’épreuve de sa féminisation», Revue française de science politique, vol.55, n°3, p.477-499, 2005.

C. ACHIN, S. LÉVÊQUE, Femmes en politique, La Découverte, 2006.

«Le corps présidentiable», Raisons politiques, n° 31, août 2008 (numéro dirigé par Catherine Achin, Elsa Dorlin, Juliette Rennes).

Clarisse FABRE, Eric FASSIN, Liberté, égalité, sexualités, Belfond, 2003.

Olivier FILLIEULE, Patricia ROUX (dir.), Le sexe du militantisme, Presses de Sciences Po, coll Sociétés en mouvement, avril 2009.

Nicolas HUBÉ, «Le recrutement social des professionnels de la politique», in Nouveau manuel de science politique, Antonin COHEN, Bernard LACROIX, Philippe RIUTORT (eds), La Découverte, 2009.

Sophie JACQUOT, L’action publique communautaire et ses instruments. La politique d’égalité entre les femmes et les hommes à l’épreuve du gender mainstreaming, Thèse de science politique, IEP Paris, 2006.

Eléonore LEPINARD, L’égalité introuvable. La parité, les féministes et la République, Presses de Sciences Po, 2007.

Michel OFFERLÉ (dir.), La profession politique aux XIXe et XXe siècles, Belin, 1999.

Joan W. SCOTT, La citoyenne paradoxale. Les féministes françaises et les droits de l’homme, Albin Michel, 1998 [1996].


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