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Le projet européen reste-t-il pertinent dans l'économie globalisée de ce début de XXIe siècle?

Publié le 13/05/2008
Auteur(s) - Autrice(s) : Laurent Cohen-Tanugi
Deux thèses s'affrontent sur cette question cruciale pour la restauration d'une pleine adhésion des opinions publiques à l'aventure européenne comme pour l'avenir du Vieux Continent lui-même. Selon la première, la dimension européenne se trouverait doublement contestée, d'un côté, par l'accélération et l'effet dilutif du processus de mondialisation, de l'autre, par le caractère indépassable de l'Etat-nation comme lieu d'existence du lien social et d'exercice de la démocratie. Pour la seconde, la mondialisation ne ferait au contraire que renforcer la finalité d'origine de la construction européenne, consistant, au-delà de l'établissement d'une paix durable, à redonner à ses Etats membres la capacité de peser au niveau international, en les dotant d'une taille critique et d'une volonté commune face aux nations-continents de l'économie mondiale.

Le projet européen reste-t-il pertinent dans l'économie globalisée de ce début de XXIe siècle? Deux thèses s'affrontent sur cette question cruciale pour la restauration d'une pleine adhésion des opinions publiques à l'aventure européenne comme pour l'avenir du Vieux Continent lui-même.

Selon la première, la dimension européenne se trouverait doublement contestée, d'un côté, par l'accélération et l'effet dilutif du processus de mondialisation, de l'autre, par le caractère indépassable de l'Etat-nation comme lieu d'existence du lien social et d'exercice de la démocratie.

Pour la seconde, la mondialisation ne ferait au contraire que renforcer la finalité d'origine de la construction européenne, consistant, au-delà de l'établissement d'une paix durable, à redonner à ses Etats membres la capacité de peser au niveau international, en les dotant d'une taille critique et d'une volonté commune face aux nations-continents de l'économie mondiale.
Même si l'on n'y adhère pas, la première thèse repose sur un constat de fait en forme de défi majeur pour le projet européen. Quant à la seconde, sa validité présumée ne peut plus faire l'économie d'une démonstration, qui renvoie aux moyens et ambitions dont l'Union européenne voudra ou non se doter pour lui donner raison.

La réponse officielle de l'Europe à la mondialisation s'incarne aujourd'hui dans la « Stratégie de Lisbonne ». Lancée en mars 2000, en plein boom Internet et face au risque de décrochage européen par rapport aux performances économiques américaines, cette initiative visait à faire de l'Europe « l'économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde à l'horizon 2010 ». Après quatre années d'immobilisme et un premier bilan lucide établi par le Rapport Kok de 2004, elle fut relancée en mars 2005 et recentrée sur la « croissance et l'emploi ». Elle est aujourd'hui devenue la stratégie centrale et consensuelle de l'Union européenne à 27 dans les domaines économique, social et environnemental, la «réponse européenne à la mondialisation». Le Conseil européen des 13 et 14 mars 2008 vient d'en adopter le troisième cycle pour la période 2008-2010, dans la continuité du cycle précédent.

Porter un jugement sur la capacité de l'Europe à affronter la mondialisation suppose donc d'évaluer la Stratégie de Lisbonne à cette aune. La question est politiquement sensible.

Pour l'actuelle Commission européenne, qui en a fait son cheval de bataille, la Stratégie de Lisbonne telle que relancée en 2005 est désormais un succès et doit être poursuivie telle quelle jusqu'en 2010 et au-delà. La Commission s'appuie notamment sur l'amélioration de la performance économique globale de l'Union européenne en 2006-2007 et sur les 6,5 millions d'emplois créés au cours de cette période. Les difficultés actuelles de l'économie américaine contribuent également à redorer le blason européen en termes de croissance et de productivité.

La réalité est cependant moins univoque, et la pérennité de l'embellie européenne, incertaine ».

Laurent Cohen-Tanugi