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Roger Guesnerie "Pour une politique climatique globale"

Publié le 24/09/2010
Auteur(s) - Autrice(s) : Roger Guesnerie
Roger Guesnerie est Professeur au Collège de France et directeur d'études à l'EHESS. En septembre 2010, il a publié un opuscule intitulé : "Pour une politique climatique globale. Blocage et ouvertures", dont nous proposons ici une version téléchargeable, un résumé et une présentation du plan.

La publication de Roger Guesnerie, Pour une politique climatique globale. Blocage et ouvertures, est téléchargeable en PDF sur le site du CEPREMAP grâce au lien suivant :

Présentation de l'opuscule

« Une politique climatique se met lentement en place pour répondre au défi d'un changement du climat dont la probabilité s'accentue au fur et à mesure de la progression du débat scientifique. Mais est-elle bien engagée ?

Les optimistes peuvent dire que le verre est à moitié plein : après l'alerte donnée par les climatologues à la fin des années 1980, le protocole négocié à Kyoto en 1997 vient d'entrer dans sa première phase (2008-2012). Les engagements pris ont suscité des initiatives significatives, comme la mise en place en Europe d'un marché de permis d'émissions de gaz à effet de serre - l'European Trading Scheme (ETS) ou Système communautaire d'échange de quotas d'émission (SCEQE). La volonté affichée de l'administration Obama de créer un marché d'inspiration similaire pour l'industrie américaine rompt avec l'hostilité à toute action de réductions constamment revendiquée au long de la présidence Bush. La prise de conscience du risque climatique s'est accentuée dans les pays en développement et suscite, sinon des politiques vigoureuses, du moins une attention croissante au problème. Ainsi se créent ce que l'on peut voir comme de petits ruisseaux.

Ces petits ruisseaux ont-ils un débit cumulé suffisant ? Les pessimistes soulignent la modestie des efforts consentis ou envisagés. Les États-Unis, qui entrent lentement dans le jeu, ont vu leurs émissions s'accroître de 5,9 % entre 1997 et 2007 et le plan américain vise une réduction de moins de 20 % en 2020 par rapport à 2005, ce qui ramènerait les émissions à peu près à leur niveau de 1990 (lequel selon le protocole de Kyoto devait être abaissé d'au moins 5 % en moyenne sur 2008-2012 !). Même pour l'Europe qui se veut exemplaire, les pronostics sur les émissions 2008-2012 indiqueraient un dépassement interne significatif de l'objectif de référence fixé à Kyoto, dépassement qui sera, certes, facilement comblé grâce à un appel modéré aux mécanismes de flexibilité, et en particulier au mécanisme de développement propre, mais dépassement tout de même. Pendant ce temps, la Chine a vu ses émissions monter en flèche pour atteindre 6,3 gigatonnes de CO2, les émissions par tête passant de 2,5 à 4,75 tonnes de CO2. Le fil de l'eau à peine modifié «business almost as usual» dans les pays membres de l'annexe B du protocole de Kyoto, la croissance beaucoup plus rapide que prévue des émissions dans les pays en développement, conduiraient, sauf infléchissement significatif et rapide des politiques, à atteindre vers 2030-2035 une concentration de CO2 équivalent à 550 ppmv - niveau que les climatologues voient comme le seuil de la zone dangereuse.

Le sommet de Copenhague alimente les sentiments mitigés que l'analyse de la situation antérieure suscitait. L'implication conjointe des États-Unis et de la Chine, les plus gros pays émetteurs de gaz carbonique, et celle de deux des grands pays en développement, l'Inde et le Brésil, constituent évidemment de bonnes nouvelles. Le caractère limité de l'accord, simple déclaration d'intentions, dont une concrétisation éventuelle sous forme d'engagements contraignants reste envisageable à Mexico, constitue une déception. Mais alors que le protocole de Kyoto s'efforçait de mettre en synergie les efforts des pays participants (c'est-à-dire, si l'on veut, de faire converger les petits ruisseaux des efforts individuels vers une grande rivière, qui dans la logique de la métaphore, limite les déperditions de la collecte), le contexte actuel de la négociation internationale conduit à espérer, au mieux, une multiplication des petits ruisseaux, avec une coordination internationale limitée.

Les petits ruisseaux feront-ils la grande rivière des réductions dont le monde a besoin ? Le présent opuscule revient sur cette question, en examinant de façon critique la conception des petits ruisseaux existants et en s'interrogeant sur les conditions de leur conjonction efficace. »

Roger Guesnerie.

Sommaire

Introduction

1. Petits ruisseaux : état des lieux
  • Revue rapide
  • Le marché EU-ETS : un départ difficile qui masque des difficultés plus profondes ?
2. Retour sur la politique climatique : le savoir économique entre lumières et obscure clarté
  • L'assiette de la politique climatique : pourquoi faire compliqué quand on pourrait faire simple ?
  • Prix contre quantités ? Ne pas confondre les niveaux d'intervention
  • L'effet de la politique climatique sur les prix et les profits des entreprises
  • L'ajustement aux frontières et ses justifications
3. La politique climatique entre économie et économie politique
  • Le double dividende entre mirage et réalités : les grands mérites d'une fiscalité climatique
  • La délicate question des fuites de carbone
  • Les pays en développement : la (mauvaise) carotte de l'intégration dans l'espace du protocole de Kyoto avec des objectifs peu contraignants
  • La politique climatique sous contrainte de lucidité limitée : exemple d'une erreur de raisonnement, commune aux juristes, aux politiques et aux citoyens
  • La politique de la politique climatique : la politique climatique sous lobbying intense
4. Organisation de la politique climatique interne : les non-dits de la confrontation entre taxe et marché de droits
  • Retour sur le marché EU-ETS
  • Questions sur la coexistence des instruments de la politique climatique : marché ou taxes ?
  • Taxe, marché ou coexistence des deux formules ? Les incertitudes du savoir économique

5. Architecture internationale de la politique climatique : schémas intellectuels fondateurs et savoir économique
  • Politique climatique optimale gérée par un planificateur mondial omniscient et omnipotent : utilité et illusions du first best
  • Architecture internationale : une promenade aléatoire dans les propositions
6. Politique climatique et développement
  • Le lancinant problème des pays en voie de développement
  • Pour un accord sur des objectifs de long terme
  • Realpolitik et real economics ?

Conclusion

Annexe. Gratuité des allocations et niveau des profits, par J.-Ph. Nicolaï

Bibliographie

N.B. : Le CEntre Pour la Recherche EconoMique et ses APplications (CEPREMAP) dépend du Ministère de la Recherche. Il est dirigé par Daniel Cohen. Il a pour mission d'assurer une interface entre le monde académique et les administrations économiques. Une centaine de chercheurs participent à ses activités. Leur travail donne lieu à plusieurs types de publications, parmi elles la rédaction d'Opuscules en français (Ed. ENS Rue d'Ulm) destinés à rendre accessible à tous une question de politique économique (environ 5 par an).

 

- Liens vérifiés le 30/03/2016 -

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