A) Les principaux objectifs de l'investissement dans l'aide et l'éducation à la petite enfance

Le prix Nobel James Heckman et Flavio Cunha [1] ont à cet égard résumé les connaissances actuelles sur le rendement social de l'investissement dans la formation du capital humain dès la petite enfance, à partir du graphique 1. Si l'on tient compte de toutes les possibilités d'éducation et de formation, les rendements les plus élevés sont associés à l'éducation préscolaire, suivie par ordre décroissant par l'éducation primaire, l'éducation secondaire, l'enseignement supérieur et enfin la formation. En d'autres termes, plus le type d'éducation ou de formation est précoce et général, plus le rendement social est élevé. Ce modèle s'explique par le fait que l'apprentissage préscolaire détermine les apprentissages ultérieurs.

« C'est dans la petite enfance que s'acquièrent les dispositions favorables (ou non) pour la société et l'apprentissage et les aptitudes nécessaires à la vie quotidienne (coopération de l'enfant avec ses semblables et les adultes, autonomie, vouloir-faire, créativité, résolution de difficultés, et constance). À quoi l'on peut ajouter que les parents ont une attitude particulièrement protectrice de leurs enfants à cet âge et sont très désireux de favoriser leur développement et leur éducation. » [2]

Graphique 1. Taux de retour sur investissement dans le capital humain à niveau d'investissement égal à tous les âges.

L'investissement dans l'éducation préscolaire a le rendement social le plus élevé.
« Le rendement d'un dollar investi dans une personne quand elle est encore jeune est supérieur à celui du même dollar investi à un âge plus avancé ». Cunha et al. (2005), Interpreting the Evidence on Life Cycle Skill Formation. p.19.

En investissant dans la petite enfance, qui constitue pour ces économistes de l'éducation, une étape capitale dans l'accumulation du capital humain, on accroît la productivité de la période suivante et ainsi de suite. La constitution du capital humain est donc un processus dynamique qui se poursuit tout au long de la vie. Le stade de la petite enfance n'en demeure pas moins un moment stratégique pour engager un investissement dans le capital humain, puisque celui-ci ne se limite pas à l'enfant mais s'étend à l'ensemble de la famille. Il est fondamentalement moins couteux d'investir dans l'éducation préscolaire plutôt que sur des étapes ultérieures du cycle de vie comme il est courant de le faire par exemple à travers des mesures de soutien scolaire ou de formation des adultes peu qualifiés.

On mesure à travers ces observations l'importance de la qualité des services d'éducation à destination des jeunes enfants. Des erreurs de choix en matière d'accueil ou une mauvaise qualité du service peuvent entraîner de graves conséquences pour le développement des jeunes enfants en limitant sa stimulation ou en affectant son équilibre affectif [3].
Ainsi, les économistes canadiens Cleveland et Krashinsky [4] soulignent que les services d'accueil pour les jeunes enfants peuvent être considérés comme un bien public et l'intervention des pouvoirs publics dans la gestion des problèmes de pénurie et de qualité leur apparaît justifiée.

De ce point de vue, les pratiques des pays de l'OCDE demeurent extrêmement hétérogènes. Et alors que l'éducation préscolaire semble être une priorité absolue pour obtenir des rendements sociaux, le taux de couverture moyen de l'enseignement préscolaire dans l'UE est de 74 % alors qu'en Irlande, en Pologne et en Grèce, il est inférieur à un tiers de la population des 3-4 ans. [5]


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L'ACCUMULATION DU CAPITAL HUMAIN PAR DES POLITIQUES A DESTINATION DE LA PETITE ENFANCE.
A) Les principaux objectifs de l'investissement dans l'aide et l'éducation à la petite enfance :
1) Favoriser l'accumulation du capital humain (vous êtes ici).
2) Aider les femmes à mieux concilier travail et vie de famille.
3) Lutter contre la pauvreté infantile et intégrer les familles immigrées par leurs enfants.

B) Les moyens de favoriser l'accumulation de capital humain dès la petite enfance.
1) Des services universels ou des services ciblés sur les enfants ayant des besoins spéciaux. Le cas des 3-6 ans.
2) Les politiques publiques en faveur de la conciliation travail / vie familiale : les politiques à destination de la petite enfance.
3) La coordination des services de la petite enfance avec le système éducatif.

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Notes :

[1] Cunha et al., Interpreting the Evidence on Life Cycle Skill Formation. 2005.

[2] OCDE, Petite enfance, grands défis II. Education et structures d'accueil. 2007. p.42

[3] NICHD Early Child Care Research Network. The effects of infant child care on infant-mother attachment security : Results of the NICHD study of early child care. Child Development, 68 (5), 1997. 860-879.

[4] Gordon Cleveland et Michael Krashinsky, Le financement des services de garde et d'éducation des jeunes enfants au Canada. Conseil Canadien du développement social. 2004.

[5] OCDE, L'OCDE en chiffres, OCDE, 2004. Paris.