Les indicateurs de développement du PNUD
L'indice de développement humain (IDH)
Le Pnud publie depuis 1990 un rapport annuel sur le développement humain dans le monde, présentant un ensemble d'indicateurs économiques, sociaux et environnementaux. L'Indicateur de développement humain (IDH), bien que rudimentaire, est certainement le plus célèbre. Il est constitué de la moyenne de trois indicateurs permettant chacun de classer les pays sur une échelle de 0 à 1 : l'indice du PIB par habitant (exprimé en parités de pouvoir d'achat), l'indice de l'espérance de vie à la naissance, et l'indice du niveau d'instruction (mesuré par un indicateur alliant pour deux tiers le taux d'alphabétisation des adultes et pour un tiers le taux de scolarisation).
L'indice de l'espérance de vie à la naissance s'exprime en années. Pour la convertir en un indice (IESP), on utilise la formule suivante :
IESP = (E-25) / (85-25).
85 ans représente en effet un maximum qu'aucun pays n'atteint et n'atteindra vraisemblablement avant longtemps (bien qu'au Japon l'espérance de vie dépasse 80 ans), et 25 ans est un chiffre nettement inférieur à ceux des pays africains notamment où l'espérance de vie se situe autour de 35 ans.
En France par exemple, l'espérance de vie à la naissance était de 80,2 ans en 2005, ce qui induit un indice de 0,919.
L'indice de niveau d'instruction (alphabétisation + scolarisation). L'indice de niveau d'instruction (INI) mesure le niveau atteint par le pays considéré en termes d'alphabétisation des adultes et de scolarisation dans les trois cycles d'enseignement (« taux brut de scolarisation combiné »).
Il s'agit de calculer un indice pour l'alphabétisation des adultes (part de la population alphabétisée, entre 0 et 1) et un autre pour la scolarisation (effectif scolarisé dans les trois cycles, divisé par la population d'âge correspondant). Ces deux indices sont ensuite fusionnés par une moyenne pondérée (2/3 pour l'indice d'alphabétisation et 1/3 pour l'indice de scolarisation) afin de donner l'indice de niveau d'instruction.
Notons que cette méthode n'a de sens que dans les pays où l'alphabétisation est un problème important et suivi. Ainsi, dans les pays les plus développés comme la France manquent de statistiques fiables sur ces grandeurs, ce qui conduit le PNUD à leur attribuer conventionnellement un taux de 0,99.
L'indice du PIB par habitant en PPA. L'indice de PIB (IPIB) est calculé sur la base du PIB par habitant (en PPA, parités de pouvoir d'achat, ce qui signifie que si un même « panier » de biens et de services, représentatif de la consommation américaine, coûte 0,90 euro en France, et 1 dollar aux Etats-Unis, on dira que la « parité de pouvoir d'achat » entre les deux pays est de 1 dollar pour 0,90 euros, et l'on pourra exprimer le PIB français en « dollars PPA ») « corrigé » par une fonction logarithme (base 10). Cette correction repose sur l'idée suivante : un revenu illimité n'est pas nécessaire pour atteindre un niveau de développement humain acceptable et qu'au-delà d'un certain niveau de richesse, le développement humain progresse de moins en moins pour un même niveau de croissance économique.
Pour le PIB par habitant, le seuil inférieur est fixé à 100 dollars par an, et le solde supérieur à 40 000.
L'indice de PIB = [log (23990) - log (100)] / [log (40 000) - log (100)]
L'IDH est une moyenne simple (IESP + INI + IPIB) / 3. Il est de 0,952 pour la France en 2005.
Consulter le classement des pays selon l'IDH du rapport sur le développement humain de 2007-2008.
Télécharger le rapport mondial sur le développement humain 2007-2008.
L'indicateur sexospécifique de développement humain (ISDH)
A partir de 1995, l'ISDH (indicateur «sexospécifique» de développement humain) s'efforce d'évaluer les différences de situation des hommes et des femmes selon les trois critères de l'IDH : la longévité (mesurée par l'espérance de vie à la naissance comparée des hommes et des femmes), l'accès au savoir (taux d'alphabétisation comparé des hommes et des femmes et taux de scolarisation comparé des garçons et des filles), le niveau de vie mesuré par la part des revenus des hommes et des femmes.
Le calcul de l'ISDH s'effectue en trois étapes. On commence par déterminer des indices concernant les populations féminine et masculine pour chacune des variables.
L'indicateur de participation des femmes (IPF)
L'indicateur de participation des femmes à la vie économique et politique apparaît dès 1995. Par rapport à l'ISDH, L'IPF est axé plus spécifiquement sur la participation des femmes dans le processus de décision économique. La confrontation de ces deux indicateurs permet d'analyser si les progrès réalisés en matière de réduction des inégalités se traduisent dans les faits par une plus grande participation à la prise de décision. On constate qu'il n'existe pas de relation linéaire entre ces deux critères de développement. Seuls les pays ayant un haut niveau de développement humain (IDH élevé) sont caractérisés à la fois par un ISDH et un IPF élevés. Il reste cependant des pays tels que France ou le Japon présentant de faibles distorsions en termes de potentiels (ISDH supérieur à 0,9) et des taux de participation relativement bas (IPF inférieur à 0,5).
Les critères de l'IPF sont le nombre de femmes parlementaires, occupant des fonctions de représentation parlementaire, de direction et d'encadrement supérieur, des postes d'encadrement et fonctions techniques - ainsi que la différence de revenu entre les sexes, qui reflète l'indépendance économique. Au contraire de l'ISDH, l'IPF montre l'inégalité des chances dans certains domaines choisis. Il a été calculé pour 78 pays. Les trois meilleurs pays sont la Norvège, la Suède et le Danemark, qui ont ouvert aux femmes de grandes opportunités en termes de participation à la vie économique et politique.
L'Indice de pauvreté humaine (IPH)
A partir de 1997 est publié l'IPH, indice de pauvreté humaine, qui signale des manques, des privations ou exclusions fondamentaux d'une partie de la population, avec une variante 1 pour les pays en développement et une variante 2 pour les pays développés. Pour les pays développés, l'IPH-2 tient compte de quatre critères auxquels il accorde le même poids : probabilité de décéder avant 60 ans, taux d'illétrisme des adultes de 16 à 65 ans, pourcentage de personnes en deçà du seuil de pauvreté, pourcentage de chômeurs de longue durée.
L'IPH-1 s'attache aussi aux carences ou manques observables dans les trois dimensions fondamentales déjà envisagées par l'indicateur du développement humain :
- Longévité et santé : risque de décéder à un âge relativement précoce, exprimé par la probabilité, à la naissance, de ne pas atteindre 40 ans.
- Instruction et accès au savoir : exclusion du monde de la lecture et des communications, exprimée par le taux d'analphabétisme des adultes.
- Possibilité de disposer d'un niveau de vie décent : impossibilité d'accéder à ce que procure l'économie dans son ensemble, exprimée par la moyenne non pondérée de deux indicateurs : le pourcentage de la population privée d'accès régulier à des points d'eau aménagés et le pourcentage d'enfants souffrant d'insuffisance pondérale.
Tout comme pour l'IDH, ces indices proposent une vision plus composite de la pauvreté, car ils vont au-delà des simples mesures de pauvreté en matière de revenu. Le Burkina Faso, le Niger, le Mali, l'Éthiopie et le Zimbabwe ont les niveaux de pauvreté humaine les plus élevés de tous les pays de l'indice : tous au-dessus de 50 %. Pour les pays de l'OCDE à revenu élevé, l'IPH-2 apporte une vision différente de celle proposée par l'IDH. Ces pays tendent à avoir des valeurs d'IDH très proches, grâce à leur niveau de développement général très élevé. Mais, lorsque l'on s'intéresse à des variables et des critères relatifs de pauvreté adaptés spécifiquement à la situation de ces pays et aux différentes formes de pauvreté que l'on peut y croiser (comme l'exclusion sociale), on découvre d'importantes différences entre eux. Pour les 17 pays pour lesquels on dispose d'informations, la pauvreté humaine selon l'IPH-2 varie de 6,5 % en Suède à 15,8 % aux États- Unis. Et l'on note que les rangs d'IDH et d'IPH-2 ne sont pas vraiment les mêmes. L'Australie est au 3ème rang d'IDH, mais au 14ème d'IPH-2. Le Luxembourg est au 15ème rang d'IDH, mais au 7ème d'IPH-2, ce qui reflète combien peut être différente la manière de redistribuer les fruits du développement humain.
Atouts et limites de ces indicateurs
Sans revenir sur les insuffisances d'indicateurs qui ne sélectionnent que quelques critères d'évaluation, nous pouvons ajouter en nous appuyant sur les commentaires de J.Gadrey et F.Jany-Catrice [1] que l'IDH et l'ISDH ne permettent pas de produire des écarts significatifs entre pays développés, alors que de tels écarts semblent exister. La méthode de calcul de ces indicateurs explique en partie cette incapacité relative. En attribuant une note entre 0 et 1 aux différents indicateurs de performance et notamment celui du PIB, habitant, on s'interdit de mesurer des différences entre pays riches. En effet, la note 1 est attribuée aux pays ayant atteint un PIB annuel par habitant en PPA de 40 000 euros. Or la plupart des pays riches se rapprochent de ce niveau. L'idée est que la richesse économique a des « rendements décroissants » en développement humain, et qu'au-delà de ce seuil conventionnel, la croissance du PIB contribue peu au bien-être. Ce n'est pas une évidence et l'on pourrait imaginer un IDH pour les pays développés et un pour les pays en développement qui réintroduirait des écarts entre pays tout en conservant l'idée que l'IDH et l'ISDH sont d'abord conçus pour analyser les performances des pays de développement humain faible ou moyen qui repr'esentent 128 pays sur 174 répertoriés par le PNUD.
Notons que l'indice de pauvreté humaine (le seul à être mesuré en termes de pourcentage de la population, et non sur une échelle de 0 à 1), et l'indice de participation des femmes à la vie économique et politique, ne présentent pas d'inconvénients majeurs. Il sont beaucoup plus « classants » à l'intérieur du groupe des pays développés, sans doute parce que, dans ces domaines, en partie indépendants de la richesse économique par habitant, bien des pays développés sont très en retards par rapport aux meilleurs d'entre eux et font peu pour combler ce retard.
Quelques soient les limites des indicateurs de développement du PNUD, ils « indiquent » déjà bien des choses, y compris pour les pays développés. Il n'est pas sans importance, par exemple, de constater que les pays nordiques obtiennent d'excellentes notes dans toutes les catégories, et surtout dans le domaine de la réduction des inégalités sous diverses formes (pauvreté, inégalités entre hommes et femmes), tout en restant très honnêtement classés lorsque intervient (pour une part) la richesse économique (le PIB par habitant dans l'IDH).
Il est aussi intéressant d'observer que les performances sociales de certains pays (en termes de classement) sont nettement meilleures que les performances économiques brutes et inversement.
Tableau de présentation synthétique des cinq indicateurs de développement humain.
Note :
[1] J.Gadrey, F.Jany-Catrice, Les nouveaux indicateurs de richesse. Repères, La Découverte, 2007.