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Résumés des articles du premier numéro de Sociologie

Publié le 21/06/2010
Cette page reproduit l'ensemble des résumés des articles publiés dans le premier numéro de la nouvelle revue Sociologie (vol.1, n°1, avril 2010), dirigée par Serge Paugam.

Couverture de la revue "sociologie" volume 1

En avril 2010, une nouvelle revue est née, Sociologie, sous la direction du sociologue Serge Paugam. Cette revue généraliste de sociologie se veut ouverte et souhaite rassembler des articles originaux de chercheurs d'horizons théoriques et méthodologiques différents, pour rendre compte de la diversité des débats scientifiques contemporains dans la discipline (voir la présentation de Sociologie sur notre site).

Nous reproduisons ici l'ensemble des résumés des articles publiés dans le premier numéro de Sociologie, avec l'aimable autorisation de la revue.

Rubrique « Enquêtes »

GODECHOT Olivier, LOUVET Alexandra, "Comment les docteurs deviennent-ils directeurs de thèse ? Le rôle des réseaux disponibles"

Résumé :

« Dans cet article, nous étudions l'accès des docteurs à la direction de thèse. Le premier apport est d'abord méthodologique. Il montre comment on peut exploiter un fichier administratif, le fichier des thèses soutenues en France de 1970 à 2002, relativement pauvre en informations individuelles, mais quasi exhaustif pour reconstituer des carrières. Il est alors possible de calculer les temps d'attente entre l'obtention d'un doctorat et la soutenance de la première thèse dirigée. Le second apport est théorique et empirique. Nous souhaitons revenir sur la question de la force des liens sociaux et nuancer l'idée qui s'est imposée avec les travaux de Granovetter selon laquelle elle tient surtout au contenu informationnel diffusé par le réseau. Les réseaux comptent dans le monde académique parce qu'ils engendrent aussi du soutien (en particulier le soutien des directeurs de thèse pour leur docteur), lequel prend une forme beaucoup plus exclusive que la circulation de l'information.

Pour tester l'importance des contacts, nous mettons en relation les phénomènes de recrutement avec le réseau constitué par les mobilités des directeurs de thèse. En changeant d'université, les directeurs étendent pour un temps leur nombre de contacts et peuvent en faire profiter leurs docteurs ou ceux de leurs collègues. Nous estimons l'impact de ce réseau à l'aide des calculs des Mantel Haenszel odds ratios d'une part et de modèles semi-paramétriques de Cox d'autre part. Nous utilisons la technique des «effets fixes» pour contrôler l'hétérogénéité inobservée. Ces modèles conduisent tout d'abord à souligner l'influence très importante des conditions locales de compétition sur la reproduction de la population académique, notamment lors des processus de recrutement sous-jacents à nos observations. Nous confirmons par nos données le phénomène bien connu du «localisme académique», qui traduit plus une préférence pour la proximité institutionnelle que pour la proximité géographique. Nous montrons aussi l'existence d'un phénomène de files d'attente locales, avec des aînés faisant de l'ombre à leurs cadets. Mais les contacts ne jouent pas seulement au niveau local. Ils fonctionnent également à distance pour favoriser le recrutement de candidats extérieurs liés par des intermédiaires, en particulier les docteurs d'un directeur de thèse qui vient de quitter le département. Dans un univers très compétitif, les relations ne se transforment toutefois pas systématiquement en appuis dans le processus de recrutement. Elles ne le deviennent que dans la mesure où celles-ci sont disponibles, c'est-à-dire où celles-ci n'ont pas à défendre leurs propres intérêts et à soutenir leurs propres candidats. »

Accéder aux annexes électroniques de l'article.

GRANJON Fabien, DENOUËL Julie, "Exposition de soi et reconnaissance de singularités subjectives sur les sites de réseaux sociaux"

Résumé :

« Construit dans le prolongement du projet de recherche baptisé Sociogeek, portant sur les usages sociaux des sites de réseaux sociaux (SNS) et les pratiques de mise en visibilité de soi sur Internet, cet article s'intéresse aux formes d'exposition de soi produites sur Facebook, et plus particulièrement celles qui s'inscrivent dans le cadre de l'impudeur corporelle (l'une des cinq modalités d'épanchement de soi décelée par l'enquête Sociogeek). Aussi, notre proposition s'appuie sur un travail de terrain qualitatif composé d'une vingtaine d'entretiens semi-directifs approfondis à laquelle est venue se greffer l'analyse discursive de diverses marques d'auto-identification produites sur Facebook par les personnes interrogées. Nous avons, ici, pour objectif d'analyser quelques unes de ces manifestations du soi qui se jouent avec plus ou moins d'évidence des frontières de la pudeur, de l'intime, du privé et du public à des fins de reconnaissance et de construction positive de son identité. En effet, ce travail sur l'exposition de soi nous amène à considérer, au plus près des pratiques, la manière dont des éléments identitaires mis en jeu sur les SNS se combinent pour définir les contours d'une facette du soi singulière et complexe, censée avoir une certaine valeur dont on cherche à avoir la confirmation par autrui. Ladite confirmation porte en ce cas sur des formes spécifiques d'estime fondées sur la reconnaissance de singularités subjectives, c'est-à- dire sur la reconnaissance de qualités particulières par lesquelles les individus se caractérisent dans leurs identités plurielles. Rendant compte d'un intérêt pour des activités tenant à la fois à l'expression de soi en ligne, aux conventions qui en règlent la mise en pratique, et aux demandes de reconnaissance qui prévalent à leur mise en oeuvre, cet article propose in fine d'appréhender le lien entre des demandes d'estime subjective de soi et des demandes d'estime sociale. »

Accéder aux annexes électroniques de l'article.

CRETTAZ VON ROTEN Fabienne, MOESCHLER Olivier, "Les relations entre les scientifiques et la société"

Résumé :

« Objet. Face à la demande pressante d'engagement des scientifiques envers la société, le versant « scientifique » de la relation science-société devint un objet d'étude au croisement de la sociologie des sciences et de la sociologie de la communication scientifique. Cet article analyse comment les scientifiques se représentent leurs relations avec la société et cerne leurs pratiques ainsi que le poids des perceptions dans les pratiques.

Méthode. Cet article porte sur les résultats d'une enquête réalisée en 2007 auprès de 810 scientifiques de l'Université de Lausanne (Suisse) qui comporte sept facultés des sciences humaines et naturelles. Le questionnaire comportait 36 questions relatives aux perceptions de l'engagement, au niveau d'engagement, aux motivations et barrières à l'engagement, aux incitations et aux caractéristiques sociodémographiques.

Résultats. L'inventaire des activités d'engagement des scientifiques est positif bien que contrasté : seule une minorité n'a mené aucune activité d'engagement (12%), mais une minorité d'assidus (20%) a entrepris plus de la moitié des activités d'engagement (55%). Le niveau d'engagement varie selon le sexe, l'âge et le statut des scientifiques. Des variations similaires sont constatées au niveau du choix des scientifiques sollicités par les journalistes. Les scientifiques engagés sont également plus actifs envers leurs pairs. L'analyse des représentations des répondants montre une vision globalement sociétale de la science et une inscription de l'engagement dans une visée informative plutôt que dialogique. L'hypothèse d'un lien entre les perceptions et les pratiques des scientifiques est vérifiée par un modèle linéaire généralisé.

Conclusion. Ces résultats, et plus largement la multiplication des recherches sur l'engagement des scientifiques, peuvent certainement avoir des effets constructifs sur l'image de l'engagement dans le monde académique et sur sa mise en oeuvre. »

Accéder aux annexes électroniques de l'article.

HOUTMAN Dick, ACHTERBERG Peter, "Two Lefts and Two Rights. Class Voting and Cultural Voting in the Netherlands, 2002"

Article en anglais.

Avant-propos de Vincent TIBERG : "Désaxer les modèles de vote".

Résumé :

« Cet article développe et teste la portée empirique de la théorie de la nouvelle culture politique (Ronald Inglehart et al.) en se fondant sur la partie néerlandaise de l'enquête sociale européenne de 2002 (European Social Survey 2002). L'analyse est restreinte pour les raisons théoriques au vote pour les partis emblématiques de cette nouvelle culture politique parti populiste (LPF) de droite, d'une part, parti écologiste (GroenLinks), de l'autre et aux deux grands partis traditionnels à base «classiste» parti travailliste (PVDA) et parti conservateur (VVD). La théorie du vote de classe rend compte de manière satisfaisante du vote pour les partis traditionnels. La classe ouvrière vote pour le parti travailliste (PVDA) et les classes plus privilégiées pour le parti conservateur (VVD). Le vote pour le parti écologiste (GroenLinks) ou pour le parti populiste (LPF) semble relever davantage, en revanche, d'une logique de vote culturel, les catégories les plus éduquées portant davantage leurs suffrages sur les écologistes, et les moins instruits votant plus massivement pour le LPF sur la base de l'adhésion à des valeurs libérales/libertaires, d'un côté, et autoritaires, de l'autre. On en conclut à la nécessité de distinguer plus rigoureusement vote de classe et vote culturel, et que l'évolution marquante observée depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale n'est peut-être pas tant dans le déclin du vote de classe que dans la progression du vote culturel. »

Accéder à la traduction française de l'article en accès libre sur sociologie.revues.org : "Deux gauches, deux droites. Vote de classe et vote culturel aux Pays-Bas, 2002".

ACHIN Catherine, NAUDIER Delphine, "Trajectoires de femmes «ordinaires» dans les années 1970. La fabrique de la puissance d'agir féministe"

Résumé :

« À partir d'une enquête par entretiens réalisée en 2006 et 2007 dans une ville moyenne de province auprès de femmes «ordinaires» ayant participé, de près ou de loin, à des groupes de femmes dans les années 1970, nous nous proposons d'étudier les modalités et les ressorts de la «révolution subjective» que constitue la deuxième vague des féminismes en France. Les femmes rencontrées ont subverti les normes de genre qui les entravaient dans les années 1970, et cet article se propose de mettre au jour les modalités de la fabrique singulière d'une «puissance d'agir» féministe. La reconstruction détaillée de trois trajectoires contrastées de femmes «ordinaires» permet d'analyser le processus de remise en question et de dénaturalisation des normes de genre, la manière dont cette conscience de genre s'articule à la conscience de classe et se matérialise dans un discours et des pratiques libératrices. Il s'agit d'explorer ce qui «se joue» alors du point de vue des rapports de genre dans diverses institutions de proximité (famille, mariage, école, etc.) encore marquées du sceau du patriarcat, au moment de la médiatisation d'un Mouvement de libération des femmes offensif et subversif et du vote de lois cardinales pour l'émancipation du «deuxième sexe». Ce décentrement, du mouvement parisien à la diversité des expériences individuelles, autorise ainsi à repérer «par le bas» les événements clés jalonnant la socialisation primaire et la trajectoire sociale, mais également les «passeurs», leurs tactiques, et les ressorts de la diffusion par capillarité des idées féministes. »

MARPSAT Maryse, "Écrire la rue : de la survie physique à la résistance au stigmate. Une analyse textuelle et thématique du journal d'Albert Vanderburg, sans domicile et auteur de blog"

Résumé :

« De nombreux auteurs décrivent plusieurs phases que rencontreraient successivement les personnes qui viennent de se retrouver à la rue : dans un premier temps, elles chercheraient à échapper à leur nouvelle situation, puis commenceraient à s'y adapter, et finiraient par s'y résigner et même à la revendiquer comme un choix. Mais, si l'adaptation aux conditions de vie dans la rue est avérée, on peut remettre en question la succession de ces phases et le caractère inéluctable de leur déroulement.

Par ailleurs, si on peut faire débuter la période sans domicile au moment de la perte du logement, on peut aussi considérer qu'on devient un sans-domicile lorsqu'on est désigné comme tel par les personnes disposant d'un logement et par les institutions, et qu'on réagit à cette désignation. En effet, les sans- domicile sont souvent vus soit comme des «mauvais pauvres», soit comme des faibles. Ils sont ainsi réduits à leur situation présente, et assimilés les uns aux autres, malgré la diversité de leurs trajectoires et des compétences qu'ils déploient pour assurer leur survie. Résister à la stigmatisation est l'une de ces compétences.

Dans son journal en ligne The Panther's Tale, Albert Vanderburg rend compte presque quotidiennement de sa vie de homeless. Exceptionnel par sa régularité, le journal «de rue» d'Albert, écrit entre 1997 et 2006, s'insère dans une pratique en plein développement au tournant des années 2000.

Dans un premier temps, on situe ce journal dans l'ensemble des écrits semblables (journaux intimes en ligne ou non, rédigés par des personnes disposant ou non d'un logement). Puis on combine une analyse textuelle par le logiciel Alceste et une analyse de contenu afin d'étudier, d'une part, l'évolution des thèmes traités par Albert et de sa façon d'en parler ; et, d'autre part, l'utilisation du journal parmi les moyens qu'Albert met en oeuvre pour faire face à la stigmatisation dont il fait l'objet en tant que sans-domicile.

L'analyse textuelle met en évidence plusieurs mondes lexicaux : ceux associés à la survie physique (se nourrir, dormir, se procurer de l'alcool ou du tabac), dont le vocabulaire indique une posture de témoin, une prise de recul par rapport à ces moments qu'Albert Vanderburg trouve humiliants ; celui de l'amour et de l'amitié, et ceux qui expriment les jugements d'Albert sur l'art et le sens de la vie, où il revendique son droit à vivre sa vie comme il l'entend et à avoir une opinion sur la littérature, la peinture, les événements du monde.

Combinée à une analyse de contenu, l'étude de l'évolution de ces thèmes au cours du temps montre une tendance de fond correspondant à l'adaptation à sa nouvelle existence et au relâchement de ses liens antérieurs, mais révèle aussi des remises en question fréquentes de son mode de vie, à la merci des événements fugitifs comme des modifications durables des politiques sociales, de ses ressources ou de sa santé. De plus, la rédaction même de ce journal lui permet de ne pas rester enfermé dans l'image du clochard que lui renvoient les regards des autres, et fait partie des moyens qu'il met en oeuvre pour assurer sa survie : non plus sa survie physique, mais sa survie identitaire. »

Accéder aux annexes électroniques de l'article.

Rubrique « Théories et méthodes »

MÉDA Dominique, "Comment mesurer la valeur accordée au travail ?"

Résumé :

« L'article considère un matériel constitué de sept enquêtes sur grands échantillons (quatre enquêtes françaises et trois enquêtes internationales) et d'un ensemble d'entretiens approfondis menés en 2007 et 2008 par une équipe de recherche dont les membres appartenaient à six pays européens et dont l'auteure faisait partie, pour analyser les diverses manières d'appréhender ce que représente le travail dans la vie des individus. L'auteure pose notamment la question de savoir s'il est possible d'accéder à une éventuelle vérité de ce qu'il en est du rapport qu'entretiennent les personnes interrogées avec le travail par des questions directes subjectives, alors même que les sociologues ont depuis longtemps multiplié les mises en garde à l'égard de telles approches. Après avoir présenté le matériel et les principaux résultats, elle s'interroge sur ce qui semble apparaître comme une «énigme» française et sur la possibilité d'expliquer celle-ci. Selon les enquêtes considérées, les Français sont en effet, parmi les Européens les plus nombreux à indiquer que «le travail est très important», les plus nombreux à accorder plus de valeur aux dimensions intrinsèques du travail mais aussi à souhaiter que le travail occupe moins de place dans leur vie. Si les enquêtes s'appuyant sur des déclarations subjectives des individus ne sont pas en mesure de donner une information complètement exacte de ce qu'il en est réellement de la nature du rapport que ceux-ci entretiennent avec le travail, il est utile de les compléter par des entretiens organisés autour de «cas critiques», comme l'ont proposé par exemple Golthorpe et ses collègues à la fin des années 1960, démontrant la nature en fin de compte instrumentale du travail ou très récemment Ferreras, prouvant la nature en dernier ressort expressive du travail. Mais de tels dispositifs sont-ils, plus que les enquêtes sur grands échantillons et données subjectives, susceptibles d'apporter la preuve de ce que les individus pensent, en dernière analyse, du travail ? Et si les individus peuvent être amenés à «tricher» pour ne pas entacher leur estime de soi, ou pire encore, s'ils sont aliénés au sens que Marx donnait à cette expression, alors quelle confiance pouvons nous accorder aux enquêtes disponibles sur cette question, qu'il s'agisse de sondages, d'enquêtes d'opinion, de grandes enquêtes quantitatives ou d'entretiens approfondis ? Est-il possible d'envisager un type d'interrogation et un type d'enquête qui permettraient de prendre en considération ces limites pour mettre en évidence les pathologies du travail et de renouer ainsi avec le projet d'une étroite jonction entre connaissance et transformation sociale, qui était celui de la première école de Francfort ? »

Rubrique « Débats »

GOTMAN Anne, "Vers la fin de la transmission ? De l'usage du logement pour assurer les vieux jours - Le prêt à hypothèque"

Résumé :

« Dans un contexte où le vieillissement de la population des pays développés se conjugue aux politiques de réduction de la dépense publique, le prêt à hypothèque inversée spécialement conçu pour les propriétaires âgés de 62 ans et plus, tend à devenir un levier des politiques sociales et patrimoniales conçues pour faire face au surcoût de l'allongement de la vie. Ce «produit financier» introduit par les établissements bancaires privés, qui autorise les propriétaires âgés à emprunter, contre l'hypothèque d'une partie de leur logement, une somme d'argent qu'ils n'auront pas à rembourser mais qui sera déduite du patrimoine venant à succession, fait l'objet d'incitations gouvernementales plus ou moins directes selon les systèmes de santé et de retraites des pays concernés. Le prêt à hypothèque dite «inversée», car à capital décroissant et à dette croissante - contrairement aux prêts hypothécaires classiques à capital croissant et à dette décroissante - est en effet censé permettre aux propriétaires âgés de vieillir chez eux, tout en assumant les dépenses de leurs vieux jours. Il s'agira ici d'interroger, par-delà la diversité des contextes nationaux dans lesquels ces prêts commencent à se déployer, les conditions sociopolitiques de leur émergence, les logiques sous-jacentes de leur conception et de leur mise sur le marché ainsi que leurs implications quant à la définition du logement, des rapports générationnels et de la vocation successorale avec une mention spéciale pour les États-Unis où les «reverse mortgages» font l'objet d'une politique au niveau fédéral. Sur le plan théorique, on montrera également la liaison directe entre la conception des prêts à hypothèque inversée et l'hypothèse dite du «cycle de vie» qui circonscrit le comportement d'épargne des ménages à leur horizon de vie, compte non tenu de leur descendance et des motifs de transmission intergénérationnelle. On soulignera ensuite comment la propriété du logement, considérée comme un actif indûment muré dans la pierre et destiné à être reconverti en liquidité, est versé au pot des «produits» financiers spéculatifs par-delà une incompatibilité historique de longue durée. On montrera enfin que l'usage des prêts à hypothèque par les ménages acheteurs répond davantage à la nécessité de se maintenir à flot qu'à dégager des fonds supplémentaires pour faire face aux besoins de santé, et que leur achat vise plus à résoudre des problèmes de trésorerie qu'à anticiper les besoins du vieillissement. Plus qu'à la substitution programmée de la transmission intergénérationnelle au profit de l'autofinancement volontaire de la santé aux âges élevés, l'achat des prêts à hypothèque inversée correspondrait alors à l'acquiescement à un appauvrissement accru qui, dans certains cas, peut compromettre les choix de vie, et à une renonciation à transmettre qui, pour être «raisonnable», contrevient aux objectifs mêmes de l'accession à la propriété dont la transmission fait intégralement partie. L'analyse, étayée sur le dépouillement de la littérature technique, institutionnelle et scientifique relative à la diffusion des reverses mortgages dans les pays anglo-saxons, asiatiques et en France, s'appuie sur une réflexion historico-juridique sur le concept de logement, d'une part ; sur les résultats de nos enquêtes sur l'héritage et sa transmission en milieu urbain, d'autre part. »

BROWN Philip, DURU-BELLAT Marie, "La méritocratie scolaire. Un modèle de justice à l'épreuve du marché"

Débat animé par Agnès VAN ZANTEN.

Résumé :

« La mise en débat que nous proposons dans ce premier numéro de la revue Sociologie vise à faire avancer la connaissance sur ce sujet [la méritocratie scolaire] moins par la confrontation de points de vue opposés que par la mise en regard d'apports tantôt complémentaires, tantôt convergents de deux auteurs autour d'une question centrale : que devient le mérite scolaire face à l'extension du marché comme mode de régulation des rapports sociaux à l'échelle nationale et mondiale et ce non seulement dans le monde du travail mais dans toutes les sphères de la société ? Nous avons pour cela sollicité Phillip Brown, professeur de sociologie et responsable du groupe de recherche Work, Employability and Labour Markets (WELM) à l'Université de Cardiff au Pays de Galles en raison notamment de l'importance de ses recherches et de ses interprétations sur la façon dont la nouvelle « course aux talents » modifie en Grande-Bretagne et aux États-Unis, mais aussi dans des nombreux autres pays, les stratégies des employeurs, des institutions d'enseignement, des étudiants et de leurs parents. Il dialogue ici avec Marie Duru-Bellat, professeur de sociologie à Sciences Po et membre de l'Observatoire sociologique du changement, que nous avons invitée parce que, s'intéressant dans ses propres travaux empiriques depuis longtemps à cette question, elle a publié récemment une importante synthèse sur les différentes facettes de la méritocratie scolaire et son rôle dans la société française. »

comptes rendus de Lectures sur le site de la revue Sociologie

- Boltanski Luc, De la critique. Précis de sociologie de l'émancipation

Gallimard, «NRF Essais», 2009.

Lire le compte-rendu d'Igor Martinache.

- Pierre-Michel Menger, Le travail créateur. S'accomplir dans l'incertain

Gallimard-Seuil, «Hautes études», 2009.

Lire le compte-rendu d'Olivier Godechot.

- Union européenne : cultures politiques, langues et identifications des citoyens

Recension des deux ouvrages :

- Peter A. Kraus, A Union of Diversity, Language, Identity and Polity-building in Europe, Cambridge, Cambridge University Press, 2008.

- Neil Fligstein, Euro-Clash, the EU, European Identity and the Future of Europe, Oxford, Oxford University Press, 2008.

Lire le compte-rendu de Jean-Claude Barbier.

 

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