C’est la classe (sociale), en ligne ! Un site Internet pour tout savoir sur la nomenclature socioprofessionnelle.
Thomas Amossé (Cnam, HT2S, CEET [1]) est administrateur de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) et occupe un poste de chercheur au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam). Spécialiste de la socio-économie du monde du travail, de la socio-histoire de la statistique et de la sociologie des classes sociales, il a récemment présidé le groupe de travail du Conseil national de l'information statistique (Cnis) en charge de la rénovation de la nomenclature des PCS.
Introduction
Les Professions et catégories socioprofessionnelles (PCS), qui ont remplacé les catégories socio-professionnelles (CSP) en vigueur de 1954 à 1982, ont de fait été fortement remises en question depuis les années 1990 (Pierru, Spire, 2008). Elles paraissent moins adaptées à une société et à un monde du travail où les analyses se portent davantage sur l'étude des trajectoires individuelles que sur la mise en évidence des différences entre groupes sociaux ou segments d'emploi. De nature multidimensionnelle et synthétique, la nomenclature répond plus difficilement au programme analytique qu'ont suivi l'économie et la sociologie qui, grâce à la mise à disposition de données individuelles et à l'augmentation des puissances de calcul, entendent démêler statistiquement les facteurs expliquant des différences de situations ou de comportements. Pour modéliser les processus sociaux et les mécanismes économiques, les analyses de régression ont été préférées aux méthodes descriptives. Le diplôme et le revenu ont été privilégiés par rapport aux catégories et groupes socioprofessionnels. Ces catégories historiques sont par ailleurs concurrencées par les autres clés de compréhension du social que sont le sexe (ou le genre), l'âge et l'origine (géographique ou ethnique). Longtemps victorieuses de la lutte des classements théorisée par Pierre Bourdieu (1984), la nomenclature et l'analyse en termes de classes sociales (ou de milieux sociaux) qui la sous-tend ont ainsi fait les frais d'une guerre des catégories, qui s'est encore récemment exprimée autour de l'ouvrage Race et sciences sociales de Stéphane Beaud et Gérard Noiriel (2020).
Cette remise en cause de l'hégémonie d'une certaine vision de l'économie et la société ne s'est toutefois pas accompagnée d'une défiance générale à l'égard des catégories et groupes socioprofessionnels. Surtout, leur pertinence empirique se voit régulièrement réaffirmée (Amossé, 2012). Elles se révèlent en effet d'une puissance descriptive sans égale pour rendre compte de façon parcimonieuse, i.e. avec des coûts empiriques et cognitifs limités, de nombreuses régularités statistiques : la force et l'inertie des structures de reproduction et mobilité sociales ; les différences de taux de chômage et salaires moyens entre groupes socioprofessionnels ; les écarts de participation et d'orientation des votes lors des résultats d'élections ; les phénomènes de ségrégation spatiale et d'inégalités territoriales ; les espérances de vie différentielles, etc. Les exemples ne manquent pas, qui rappellent l'importance de la nomenclature pour de nombreuses disciplines des sciences sociales (sociologie, économie, sciences politiques, géographie, démographie). Elle met en évidence de façon cumulative, parfois évolutive, les inégalités structurées qui traversent la société française. Compte tenu de l'ampleur des révolutions scolaires connues depuis cinquante ans, les PCS se révèlent plus efficaces que le diplôme pour rendre compte des transformations observées pour des populations de générations et d'âges divers. Elles sont aussi plus aisées à obtenir et davantage comparables que le revenu pour rendre compte de la diversité économique de populations ayant des configurations familiales et statuts d'activité et d'emploi variés.
C'est avec cette histoire en tête, ces forces comme ces limites (en soi et par rapport à d'autres descripteurs socio-économiques), qu'un groupe de travail élaboré à la demande de l'Insee et conduit sous l'égide du Cnis a réfléchi aux évolutions à apporter à la nomenclature socioprofessionnelle (Amossé, Chardon, Eidelman, 2019 ; Amossé, 2020 pour une synthèse). Trois principes forts ont guidé la rénovation : la nécessité de maintenir une certaine comparabilité historique et de permettre ainsi des analyses dans le temps long ; la recherche d'une plus grande simplicité pour collecter et coder l'information, de façon à faciliter et diversifier son usage au-delà de ses disciplines premières que sont la sociologie et l'économie ; l'élaboration enfin de catégorisations complémentaires (PCS Ménage, classes d'emploi, agrégats ad-hoc, etc.) qui autorisent d'autres approches et renouent avec l'élasticité théorique ayant accompagné la nomenclature depuis son origine (Amossé, 2013) [2]. La création d'un site Internet dédié constitue la dernière étape du processus de rénovation. Ce site partenarial (Insee, Cnam CEET, CNRS Progedo, Université Versailles Saint Quentin) [3] présente de façon complète la documentation (actuelle et passée) de la nomenclature et propose des fonctionnalités spécifiques, qui permettent de visualiser ses dernières innovations. Précis et transparent, il défend une approche ouverte des outils de la statistique sociale, qui entend favoriser leur usage en même temps qu'elle permet de comprendre leur critique. Avoir conscience du caractère construit et conventionnel des données statistiques n'empêche pas – c'est même le contraire (Gollac, 1997) – leur utilisation à des fins de connaissance positive. Comme le chiffre, questionné ainsi de façon générale par Alain Desrosières (2012), les catégories socioprofessionnelles ne sont manifestement ni bonnes ni méchantes !
La PCS 2020, entre continuité et innovations
A l'issue de la dernière rénovation de la nomenclature, seize préconisations ont été formulées, qui ont été mises en œuvre à partir de 2020 dans les sources de la statistique publique, les enquêtes de recherche et les sondages du secteur privé.
Ce qui ne change pas : les deux premiers niveaux de la nomenclature, à savoir les 29 catégories (CS) et 6 groupes socioprofessionnels (GS). Seule la différenciation des trois catégories d'agriculteurs (respectivement sur petite, moyenne et grande exploitation) a été supprimée en raison de difficultés de repérage empirique et d'effectifs trop faibles. Aussi, les six groupes historiques (agriculteurs ; artisans, commerçants et chefs d'entreprise ; cadres et professions intellectuelles supérieures ; professions intermédiaires ; employés ; ouvriers), et les catégories qui les composent, peuvent-ils faire l'objet de comparaisons temporelles de 1982 jusqu'à aujourd'hui.
Ce qui change : le niveau détaillé de la nomenclature, celui des professions (P), qui a été revu afin de rendre compte du monde du travail actuel ; les deux nouvelles catégorisations, que sont la PCS Ménage et le schéma de classe d'emploi (voir ci-dessous), qui complètent les groupes (GS) et catégories (CS) historiques ; la possibilité de construire des catégorisations ad-hoc telles que les professions du numériques, les métiers verts ou encore les cadres et dirigeants de haut niveau (voir ci-dessous) grâce à un processus rénové de codage s'appuyant sur plusieurs milliers de libellés de profession.
Se dégageant d'une posture normative qui tendrait à privilégier une grille d'analyse de l'économie et de la société plutôt qu'une autre, le site espère contribuer à la diffusion d'une plus que jamais nécessaire culture économique et sociale dont la nomenclature fait partie. Organisé en quatre rubriques principales (Découvrir, Naviguer, Décrire, Coder) elles-mêmes subdivisées en sections (figure 1), qui sont présentées dans la suite de l'article, il s'adresse à un public diversifié allant des élèves du secondaire et étudiants du supérieur aux professionnels des enquêtes statistiques en passant par les chercheurs, journalistes et enseignants.
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Figure 1 : Structure des deux premiers niveaux du site (organisation des rubriques et des sections).
Source : : https://www.nomenclature-pcs.fr (consulté le 19 juillet 2024), bandeau disponible en bas de chaque page.
Découvrir la nomenclature
Une nomenclature, c'est de l'histoire sédimentée, des méthodes de production, des usages qui évoluent. C'est précisément sur ces aspects que porte la première section de la rubrique Découvrir.
En plus d'une page consacrée à la préhistoire de la nomenclature socioprofessionnelle, à ses origines, la section propose une frise temporelle présentant, selon des chronologies parallèles, les périodes et événements ayant marqué son histoire administrative, institutionnelle, sociale et scientifique. Ces chronologies couplées rendent compte de la dialectique qui se noue, au fil du temps, entre les catégories sociales, qui structurent et organisent la réalité en pratique, et les catégories statistiques, qui les représentent d'un point de vue cognitif et les instituent d'un point de vue politique. Si, comme l'écrit Alain Desrosières (2008), la statistique reflète et institue, c'est précisément par cette dynamique circulaire des catégorisations sociales et statistiques, qui se répondent au cours de phases successives de mise en forme cognitive, d'appropriation pratique et d'institution politique. L'évolution de la nomenclature socioprofessionnelle renvoie, tel un miroir, à l'histoire de la division du travail et des positions sociales qui lui sont liées. Elle renvoie aussi, parfois selon une échelle de temps distincte, aux théories des sciences sociales qui guident son interprétation. Ces différentes histoires conduisent à distinguer le temps court, de l'ordre de quelques décennies au plus, pendant lequel on s'autorise à utiliser les catégories statistiques pour établir des comparaisons temporelles, du temps long, qui voit les structures sociales et économiques se transformer de telle manière que les nomenclatures qui en rendent compte doivent être modifiées en profondeur. Dans ce temps long, la comparaison temporelle, alors historique, suppose de comparer non plus seulement les réalités statistiques mais aussi, et parfois surtout, les nomenclatures qui permettent de les établir.
L'histoire des nomenclatures statistiques – en particulier celle des catégories socioprofessionnelles – invite à interroger les conditions pratiques, les édifices normatifs et instruments techniques qui, à différentes périodes, permettent de mettre la réalité en statistique, de « faire des choses qui tiennent » (Desrosières, 1989 ; Henneguelle et Jatteau, 2021 pour une présentation synthétique de la sociologie de la quantification). En l'occurrence, s'agissant des professions et catégories socioprofessionnelles, la production de la variable s'appuie depuis toujours sur un même matériau : les libellés déclarés de profession. La stabilité et la richesse de ce matériau, condensé textuel de la position occupée dans l'organisation du travail, expliquent pourquoi il reste l'information privilégiée pour définir les positions sociales (Connelli et al., 2016 ; Bouchet-Valat et Jayet, 2019). Ces libellés ne se laissent pourtant pas aisément utiliser. Plusieurs registres lexicaux sont utilisés pour déclarer sa profession, qui renvoient à différents univers professionnels, chacun emblématique d'une période de l'histoire sociale : il peut s'agir d'un nom de métiers ou d'un titre associé à une charge, d'un corps ou grade de la fonction publique, d'un poste ou une fonction dans un organigramme d'entreprise. Parfois lacunaires ou au contraire excessivement détaillés, les libellés doivent de plus être complétés d'informations additionnelles pour pouvoir être codés, qui renvoient elles aussi aux clivages s'étant progressivement dégagés dans l'histoire du travail : le statut (indépendant ou salarié) ; la classification professionnelle (d'ouvrier peu qualifié à ingénieur ou cadre) et la nature de l'employeur (public ou privé) pour les salariés ; la taille de l'entreprise pour les indépendants. A l'image de la nomenclature elle-même qui, de nature écologique et nominaliste [4], répond à l'intuition de milieux sociaux ancrés dans des univers professionnels, les processus de codage de la variable se sont attachés depuis l'origine à comprendre et traduire la richesse de ces informations professionnelles pour délimiter les positions sociales. Avec l'évolution technique, le chiffrement des professions et catégories, d'abord uniquement humain, s'est de plus en plus fortement appuyé sur des procédures et outils de codification automatisée, dont les dernières innovations sont présentées dans la rubrique Coder du site (voir en fin d'article).
Une fois produite, les nomenclatures vivent. Comme cela a été rappelé en introduction, les usages des catégories socioprofessionnelles ont évolué au cours des dernières décennies. Une constante les caractérise toutefois : l'attention que la statistique publique a portée aux critiques qui leur ont été adressées. Depuis le milieu des années 1970, environ tous les vingt ans, des enquêtes auprès des utilisateurs ont été réalisées (Desrosières, 1977 ; Neyret, Faucheux, 2002 [1998] ; Penissat, Perdoncin, Bodier, 2018), qui tout à la fois ont permis de vérifier le fort attachement à la nomenclature et d'identifier ses limites, auxquelles ont respectivement répondu la profonde refonte de 1982 – à l'issue de laquelle les PCS ont remplacé les CSP – et les rénovations ayant conduit à la PCS 2003 et à la PCS 2020.
En plus de revenir sur l'histoire, la production et les usages de la nomenclature – et de renvoyer aux travaux de références sur ces questions –, le site met à disposition de façon originale en version numérisée la série historique de ses guides de documentation, depuis les guides des CSP (de 1954 à 1975) jusqu'à ceux de la PCS 2020 en passant par les guides relatifs à la PCS 1982 et à la PCS 2003. Les dernières sections de la rubrique Découvrir donnent des éléments d'information sur d'autres nomenclatures nationales, que ce soit en France avec le Répertoire opérationnel des métiers (Rome) de France Travail (anciennement Pôle Emploi) et les Familles professionnelles (Fap) de la Direction de l'administration de la recherche, des études et des statistiques (Dares), la direction statistique du ministère du travail, ou à l’étranger (Etats-Unis, Canada, Royaume-Uni, Italie). Les deux nomenclatures internationales de référence font également l'objet de présentations succinctes, qu'elles soient produites par Eurostat comme les European Socio-economic Groups (ESeG, Meron et al., 2016 pour une présentation) ou par l'Office international du travail (OIT) comme la classification internationale type des professions (CITP, Isco en anglais pour International standard classification of occupations).
Naviguer dans l'arborescence
C'est une application permettant de naviguer dans la dernière version de la nomenclature, la PCS 2020, qui donne son nom à la deuxième grande rubrique du site. Grâce à cette application de navigation, on peut à la fois parcourir l'arborescence de la nomenclature, entre ses différents niveaux – le premier niveau des 6 groupes socioprofessionnels, le deuxième des 29 catégories socioprofessionnelles, le troisième des 121 professions regroupées et le quatrième des 311 professions – et effectuer des recherches textuelles dans les pages correspondantes, qui reproduisent les présentations du guide de documentation. De fait, chaque groupe, catégorie, profession regroupée ou profession fait l’objet d'une description, qui précise sa définition, son contenu et les différences existant avec les codes voisins du même niveau. Dans le cas des professions (code à quatre positions), les descriptions indiquent les libellés d'emploi qu'elles comprennent, en distinguant les plus fréquents des autres libellés. L'application permet ainsi de visualiser l'architecture emboitée de la nomenclature et de comprendre les principes qui régissent l'organisation de chacun de ses niveaux, les proximités et les différences entre ses codes. Elle rend également possible l'identification de tous les codes de la nomenclature, éventuellement en limitant la recherche à un seul niveau, dont la description comprend un nom de métier donné : par exemple le mot police apparaît dans dix professions, des cadres de direction de la fonction publique, code 33A1, qui comprennent les commissaires de police aux agents et agentes des polices municipales, code 53A2).
A côté de cette application, la page présentant la PCS 2020 permet de visualiser et télécharger les tableurs correspondant aux codes des différents niveaux, et niveaux emboités de la nomenclature. Dans ces tableurs, les intitulés des codes sont présentés dans leur formulation détaillée (inclusive) et dans leur formulation '’usage (au masculin neutre, qui est préconisé par l'Insee dans les tableaux ou graphiques en raison de leur plus grande concision).
Si l'on peut naviguer dans cette rubrique du site, ce n'est pas que dans l’arborescence de la PCS 2020. C’est aussi dans l'univers de la nomenclature qui, depuis la dernière rénovation, comprend de nouvelles catégorisations. Afin de concilier les objectifs de comparabilité temporelle et '’actualisation de la nomenclature, il a en effet été décidé de compléter les groupes et catégories historiques (les deux premiers niveaux de la PCS 2020) qui, en dehors de leurs intitulés qui ont été actualisés, sont restés inchangés depuis 1982. Les autres sections de la rubrique Naviguer présentent les principales innovations catégorielles de la rénovation : la PCS Ménage, le schéma de classe d'emploi et les catégorisations ad-hoc (les enseignants, métiers verts, professions du numérique, dirigeants et professionnels de haut niveau), qui s'ajoutent aux nomenclatures internationales (ESeG, CITP-Isco). C'est un bouquet de catégorisations sociales que forme l'univers de la PCS ainsi étendu et qui entend répondre à différents objectifs : les catégories historiques permettent plus spécifiquement des analyses temporelles et en termes de milieux sociaux ; la nomenclatures EseG (au niveau européen) et CITP-Isco (au niveau mondial) alimentent les comparaisons internationales ; la PCS Ménage est utile quand les phénomènes sont étudiés à l'échelle du logement, du foyer budgétaire ou de la famille, par exemple pour les situations économiques et les pratiques éducatives ; le schéma de classes d'emploi propose une grille de lecture de la structure des emplois articulant stratification sociale et segmentation institutionnelle ; les catégorisations ad-hoc répondent au souhait de pouvoir analyser des transformations traversant l'ensemble des professions ou catégories.
Plus précisément, la PCS Ménage, qui comprend 7 groupes et 16 sous-groupes, a été élaborée afin de rendre compte de la norme que constitue la situation de bi-activité au sein des couples et, en miroir, de permettre l'analyse des couples hétérogames (ceux dont les adultes n’ont pas le même groupe socioprofessionnel) et des ménages ne comportant qu’un actif (dont font partie les familles monoparentales). Cette catégorisation combine deux critères d'analyse des différences sociales qui sont habituellement considérés de façon séparée : la configuration familiale du ménage et la situation socio-professionnelle de ses deux principaux membres. Elle ne donne ainsi la priorité ni au sexe, ni à l'âge, ni à la position économique d'un seul de ses membres (Amossé, Cayouette-Remblière, 2022 pour une présentation de la construction de la PCS Ménage et de premiers exemples d’utilisation). Cette catégorisation rend notamment bien compte des différences de situation économique (niveau de vie et patrimoine médian) des ménages (figure 2).
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Figure 2 : Niveau de vie et patrimoine net médians par sous-groupe de PCS Ménage.
Source : Amossé, 2023, p. 44.
Le schéma des classes d’emploi a pour objectif de compléter l'approche historique des groupes et catégories socioprofessionnels de la PCS 2020 en définissant une grille de lecture actualisée de la société du point de vue de ses clivages professionnels (Amossé, Cayouette-Remblière, Gros, 2022). Il répond à l'importance prise, au cours des dernières décennies, par le chômage et la diversification des formes d'emploi (montée de la précarité, redéfinition de l'indépendance, reconfiguration de la sphère publique). Établi à partir de l’emploi actuel ou du dernier emploi occupé, le schéma différencie de façon systématique (au niveau des classes) les indépendants des salariés, et en fournit une représentation hiérarchisée grâce à une définition actualisée de la qualification. Au niveau des sous-classes salariées, il donne également à voir les clivages liés au contrat de travail (à durée limitée ou auprès de particuliers, ou non), à la nature (publique / privée) de l'employeur et à l'orientation de l'activité (tertiaire / technique). Le schéma peut donc être représenté sous une forme matricielle, comme dans la figure 3.
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Figure 3 : Le schéma de classe présenté sous forme matricielle.
Lecture : Pour les emplois salariés (à gauche), le schéma de classe comprend quatre classes hiérarchisées (A à D) et quatre segments (1 à 4) formant, par croisement, seize sous-classes. Les emplois indépendants (I, à droite) forment à la fois une classe et un segment, et se divisent en quatre sous-classes hiérarchisées. Les classes étoilées désignent les classes incluant chaque niveau d’emploi indépendant dans la classe de hiérarchie correspondante, autrement dit les lignes complètes du schéma. Dans l’intitulé de la classe D* (C*), nous entendons par « sans salarié » la situation suivante : « sans salarié, aide familial ou associé » (inversement, « avec salarié » correspond à la situation « avec salarié, aide familial ou associé »).
Source : Amossé, Cayouette-Remblière, Gros, 2022, p. 205.
En parallèle de l'actualisation de son niveau détaillé, la PCS 2020 est assortie d'une offre de catégorisations ad hoc qui, en s'appuyant sur le dispositif de codage rénové, permettent d'étudier des domaines professionnels spécifiques. Ces catégories sont directement définies à partir de listes de libellés d’emploi proposés en collecte pour coder la PCS (leur construction est précisée en fin d'article, étant présentée dans la rubrique Coder). On peut mentionner certains premiers exemples présentés sur le site [5] : la catégorie des professions numériques vise à rendre compte de la modification de la structure des emplois liée à la diffusion des technologies numériques, avec des libellés d'emploi relevant des domaines de l'informatique, de la téléphonie mobile, du web, des données massives, de l'intelligence artificielle, etc. ; la liste des libellés qui forment la catégorie des métiers « verts » entend délimiter les emplois qui, par leur finalité et/ou les compétences mises en œuvre, contribuent à mesurer, prévenir, maîtriser, corriger les impacts négatifs et les dommages sur l'environnement ; enfin, la catégorie des dirigeants et professionnels de haut niveau comprend l'ensemble des professions qui, par leur position dans la division sociale du travail, c'est-à-dire dans les organisations de travail comme plus largement dans la société, correspondent à un niveau particulièrement élevé de responsabilité et/ou d'expertise dans leur domaine (Amossé, Bouchet-Valat, 2024 pour une présentation de cette « élite socioprofessionnelle »).
Décrire la société avec la PCS
La troisième grande rubrique du site propose une immersion non plus dans la nomenclature, ou les catégorisations liées, mais dans l'univers des résultats qu'elle permet d'établir. Ce sont donc majoritairement des tableaux et graphiques statistiques qu'elle comprend. Consultables en ligne et téléchargeables, ils sont organisés en différentes sections : après une vue d'ensemble permettant de prendre connaissance des effectifs et proportions des groupes, catégories, classes, etc. dans la population [6], des portraits de groupes détaillent, pour les catégories socioprofessionnelles qui les composent, une sélection d'indicateurs parmi ceux présentés dans la section société en quelques thèmes. Les thèmes en question vont de l'âge et la situation familiale à la participation sociale et à la sociabilité en passant par la santé, la situation migratoire, territoriale et de logement, la mobilité sociale et les diplômes, la situation sur le marché du travail, les revenus et le patrimoine, et le mode de vie, sans oublier des séries temporelles sur longue durée et des comparaisons internationales (qui utilisent les nomenclatures EseG et CITP-Isco).
Il n'est pas possible de présenter ici l'ensemble du contenu proposé, qui comprend plusieurs centaines de tableaux et graphiques. Présentés de façon systématique selon le sexe (en plus de la situation d'ensemble), ils sont, comme les références bibliographiques, mis à jour de façon annuelle. Tout juste peut-on indiquer ici certaines des utilisations qui sont susceptibles d'en être fait, qui illustrent la richesse des analyses conduites à partir des deux premiers niveaux de la nomenclature historique : les groupes et catégories socioprofessionnels, qui alimentent respectivement des analyses davantage formulées en termes de hiérarchie sociale et de milieux sociaux.
Les portraits de groupes mettent en évidence les lignes de clivage qui organisent leur diversité interne, par exemple en termes de diplôme et, de façon liée, de participations sociale et politique, entre catégories du public et du privé au sein des cadres, des professions intermédiaires et des employés. S'agissant des ouvriers, les tableaux montrent la double segmentation du groupe entre qualifiés et peu qualifiés et entre mondes artisanal et industriel : la syndicalisation apparaît ainsi particulièrement élevée pour les conducteurs d'engin et magasiniers (15,4 %) et les ouvriers qualifiés de type industriel (14,2 %), et particulièrement faible pour les ouvriers agricoles (4,1 %) et peu qualifiés de type artisanal (3,1 %). Comme le montrent les taux de pauvreté, plus élevés dans les filières artisanale et agricole, le monde de la grande entreprise industrielle continue de protéger. Mais c'est au prix d'une généralisation des situations de chômage et de précarité qui touchent ainsi, de façon cumulée, près de la moitié des ouvriers peu qualifiés de type industriel. Un trait commun, en tous cas, à l'ensemble des ouvriers, c'est la quasi-absence de situations de richesse : seulement un ouvrier sur cent vit dans un ménage aisé [7], contre un cadre sur quatre et, en moyenne, un actif sur douze.
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Figure 4 : Carte départementale présentant la part des artisans, commerçants et chefs d’entreprise dans l’ensemble des actifs de 25 à 54 ans.
Source : https://www.nomenclature-pcs.fr (page Décrire > La société en quelques thèmes > Migrations, territoires et logements ; consulté le 28 novembre 2024). A partir de Insee, recensement de la population 2019.
Lecture : en 2019, dans l'Ain, 6 % des actifs ayant déjà travaillé âgés de 25 à 54 ans et ayant terminé leurs études sont artisans, commerçants ou chefs d'entreprise.
Champ : France métropolitaine hors Mayotte, actifs ayant déjà travaillé âgés de 25 à 54 ans et ayant terminé leurs études.
Dans la section la société en quelques thèmes, les analyses permettent de comparer les groupes entre eux, et donc renvoient principalement aux hiérarchies sociales et aux différences entre mondes salarié et indépendant. On peut ainsi observer, par exemple, que l'espérance de vie à 35 ans des hommes cadres est de près de 6 ans supérieure à celle des ouvriers (49,7 contre 44 ans), ce qui est cohérent avec la plus fréquente déclaration de limitations ou problèmes de santé et renvoie en partie à des différences de comportement (tabac, alcool, alimentation, pratique sportive). Les femmes cadres se singularisent quant à elles par les taux de fécondité et nombre moyen d'enfants en descendance finale les plus faibles : respectivement 1,64 et 1,71, contre 1,91 et 1,99 en moyenne. Autre résultat, peut-être moins connu, le poids supérieur des petits indépendants (artisans, commerçants et chefs d’entreprise) dans le Sud, et notamment le Sud-Est de la France (figure 4), ce groupe comprenant par ailleurs la part la plus élevée d’immigrés (15,2 %), derrière les ouvriers (16,3 %). Pour finir cet inventaire à la Prévert des résultats statistiques proposés, signalons que le groupe des employés est celui qui, d'après la dernière enquête Pratiques culturelles (2018-2019) du ministère de la culture, comprend le plus à la fois d'usagers quotidiens des réseaux sociaux (55 %) et d'adeptes de la couture ou du tricot (15 %).
Si le site en lui-même constitue une ressource pédagogique, nous y reviendrons en fin d’article, une page spécifique est prévue à cette fin dans la rubrique Décrire, où doivent être développés dans les mois et années qui viennent des outils (fiches d'activité, exercices et/ou jeux) s'adressant aux enseignants de sciences économiques et sociales ou d'histoire et géographie, du secondaire comme du supérieur.
L'application statistique en ligne que comprend la rubrique permet en tous cas, déjà, de compléter les tableaux et graphiques mis à disposition. Utilisant la version publique de l'enquête Emploi de l’Insee, elle permet de réaliser des tableaux à façon qui croisent un descripteur socio-démographique choisi parmi un ensemble comprenant le sexe, l'âge, la nationalité, le diplôme, la situation sur le marché du travail (chômage, sous-emploi, emploi), le type de ménage et le type d'unité urbaine avec une des catégorisations liées à la nomenclature (PCS 2020, classes d’emploi, PCS Ménage, ESeG, CITP-Isco ; toutes à une ou deux positons) sur un champ variable (actifs de 15 à 89 ans ; actifs en emploi de 15 à 89 ans ; etc.). Ces tableaux, consultables et modifiables en ligne (des lignes peuvent être masquées), sont également téléchargeables. Ils sont susceptibles d'alimenter des séances de travail en classe en fonction de thématiques choisies par les élèves, qui peuvent ainsi s'essayer au commentaire de tableaux.
La page obtention des micro-données précise la démarche que doivent suivre les professionnels du traitement de données (chercheur, chargés d'étude, etc.) pour se procurer les données individuelles des sources de la statistique publique permettant d'aller plus loin et de réaliser des analyses utilisant la nomenclature socioprofessionnelle ou les catégorisations qui lui sont liées.
Coder les différentes catégorisations
La dernière grande rubrique du site s'adresse également davantage aux professionnels, mais cette fois pour la production et non le traitement de données. Elle fournit les éléments nécessaires pour procéder au codage de la PCS 2020, ou des catégorisations liées, en distinguant ce qui relève de la collecte et ce qui correspond à la codification.
Pour les instruments de collecte, la procédure rénovée de production de la nomenclature s'appuie sur une application de saisie-recherche informatique dans une liste de plusieurs milliers de libellés (environ 5 400 en 2024). Les versions masculine et féminine de la liste sont mises à disposition sous la forme de tableurs téléchargeables millésimés [8] et, sur la même page, on peut tester l'application de reconnaissance de libellé. On y trouve par ailleurs l'ensemble des éléments nécessaires à la collecte du libellé, dont la spécification de l'application de reconnaissance, le protocole et les consignes de collecte. A côté des libellés, matériau central pour coder la PCS, la formulation harmonisée des questions (statut, position professionnelle et taille d'entreprise) permettant de disposer des variables « annexes » nécessaires au codage peut également être consultée et téléchargée.
Le site présente ensuite la démarche à suivre pour coder un fichier en PCS 2020, démarche qui repose sur une matrice de codification associant les libellés collectés (en ligne) à un unique code de profession (cellule au croisement de chaque ligne et colonne) en fonction des variables « annexes » (en colonne). La matrice, qui est millésimée comme la liste de libellés, peut être téléchargée de même que les programmes permettant de l'utiliser pour coder des fichiers, qui ont été implémentés en différents langage (SAS, Stata, Python).
L'application trouver sa PCS 2020, développée de façon originale pour le site, permet de visualiser le fonctionnement de l'ensemble du processus rénové de codage, de la collecte du libellé en utilisant l'outil de saisie-recherche pour reconnaître son libellé dans la liste et la saisie des variables « annexes » jusqu’à l'obtention du code de profession, en incluant une visualisation de l'arbre de codification du libellé sélectionné. Pour les enseignants, elle peut notamment permettre de montrer le cheminement qui conduit à tel ou tel code de profession pour un libellé donné, comme le libellé « consultante informatique » retenu dans la figure 5 : dans cet exemple, le libellé sélectionné conduit à la profession de chefs / cheffes de projet, responsables informatiques et du conseil informatique (38G1) ; mais il pourrait peut conduire aux professions d'ingénieurs / ingénieures et cadres techniques de la fonction publique (33B1) si la personne avait déclaré être salariée de la fonction publique ou d’experts libéraux / expertes libérales en études techniques (31B5) si elle avait indiquée être à son compte.
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Figure 5 : Coder la PCS 2020, l'exemble du libellé « consultante informatique »
Source : https://www.nomenclature-pcs.fr (page Coder > Les outils de codification > Coder la PCS 2020 > Trouver son code de profession en PCS 2020 ; consulté le 19 juillet 2024
Lecture : le libellé « consultante informatique » et les modalités « salariée d’une entreprise » de niveau « ingénieure, cadre » ont été saisis comme variables « annexes » dans l’application de codage de la PCS 2020.
Dans cette même section relative aux outils de codification, sont également mis à disposition les matrices et programmes de codification de la nomenclature CITP-Isco : analogues à ceux utilisés pour la PCS 2020, ils permettent depuis la rénovation de coder directement la nomenclature internationale dans les enquêtes françaises. On trouve également dans la section les listes de libellés et programmes de codification des catégorisations ad-hoc (enseignants, professions du numérique, métiers « verts », dirigeants et professionnels de haut niveau).
Dans sa dernière section, la rubrique Coder présente les tables de transcodage permettant d’obtenir différentes nomenclatures à partir de la PCS. C'est le cas des tables historiques, qui relient (aux niveaux les plus détaillés) possibles la PCS 2020 avec les PCS antérieures : la PCS 2003 et 1982, les CSP de 1954. Mais c'est aussi le cas des nouvelles catégorisations que sont, en France, la PCS Ménage et la classe d'emploi, et en Europe, ESeG.
Quel usage pédagogique du site ?
Outre les ressources en cours de développement qui doivent être ajoutées à l’avenir sur la page dédiée du site, de nombreux contenus (documents, tableaux, applications, etc.) peuvent être mobilisés en cours, en particulier dans le secondaire dans les spécialités de sciences économiques et sociales et d'histoire géographie, géopolitique et sciences politiques ou, plus largement, dans les différents cursus de sciences sociales du supérieur, que ce soit à l'université ou dans les classes préparatoires aux grandes écoles.
Dans le secondaire, le site peut alimenter des objectifs et activités du programme en vigueur depuis 2019. En classe de première, c’est par exemple le cas de l'objectif « connaître les critères de construction des PCS », auquel on peut répondre de façon théorique à l'aide du guide de la PCS 2020 et que l'on peut visualiser en pratique grâce à l'application de codage de la PCS 2020. De même, le thème « voter : une affaire individuelle ou collective ? » peut être illustré par la page relative à la participation sociale et aux sociabilités de la rubrique Décrire, qui permet de documenter le lien statistique observé entre le groupe socioprofessionnel et le vote, les activités associatives, etc. De même, en classe de terminale, la rubrique Décrire du site fournit de nombreuses informations à même de répondre au thème « Comment est structurée la société française actuelle ? » et, de façon plus spécifique, aux thèmes « Quels sont les caractéristiques contemporaines et les facteurs de la mobilité sociale ? » (la page relative aux diplômes et à la mobilité sociale propose des données actualisées sur ces thématiques) et « Quelles mutations du travail et de l'emploi ? » (la page portant sur le marché du travail permet d’objectiver les différences de situations professionnelles des différents groupes de la nomenclature).
Dans le supérieur, le site est à même d'illustrer avec des données actualisées, ou récentes, de nombreuses questions abordées, comme par exemple dans le programme en vigueur en classe préparatoire B/L depuis 2017 : que ce soit en sociologie (de façon large sur les rapports sociaux et la stratification sociale avec des ressources sur les statuts, professions et classes sociales et sur la mobilité sociale ou, par des apports plus ciblés, sur la dimension sociale des pratiques culturelles et de la consommation) ou sur les objets communs aux sciences sociales que sont le travail, l'emploi et le chômage ou les inégalités économiques. Le contenu mis à disposition doit permettre de réfléchir avec les étudiants à l'histoire des nomenclatures d'emploi et de position sociale et au statut qu'elles occupent dans la production de connaissance en sciences économiques et sociales.
Les usages pédagogiques possibles sont nombreux. Certaines ressources sont pourtant encore à venir, et d'autres sont à imaginer. D'ailleurs, le site se veut ouvert : grâce à sa boite à idées et à son formulaire de contact, il invite tous les professionnels et amateurs, utilisateurs réguliers ou occasionnels de la nomenclature, chercheurs, journalistes, enseignants ou étudiants à poser des questions et à proposer des idées de contenu pour contribuer à alimenter le site. La nomenclature, et sa riche histoire, ne sont rien sans ses utilisateurs !
Références bibliographiques
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Pierru E., Spire A. (2008), « Le crépuscule des catégories socioprofessionnelles », Revue française de science politique, n° 58-3, p. 457-481.
Notes
[1] thomas.amosse@lecnam.net.
[2] Un des premiers guides de présentation de la nomenclature (1954), dont une version numérique est proposée de façon originale sur le site, présente plusieurs modes de regroupement des CSP afin de permettre leur usage selon des perspectives variées (d'inspiration marxiste, états-unienne ou plus spécifiquement française ; p. 7-8).
[3] Au sein et au-delà de ces institutions, l'élaboration et la réalisation initiale du site ont bénéficié de la précieuse participation de nombreuses personnes (par ordre alphabétique) : Olivier Chardon, Florent Maire, Olivier Pannetier, Rebecca Partouche, Vladimir Passeron, Anton Perdoncin, Elodie Pereira, Adeline Poty, Erwan Pouliquen, Alexia Ricard, Chloé Tavan et Erik Zolotoukhine. Qu'ils et elles en soient tous remerciés !
[4] Ces deux termes renvoient aux milieux sociaux (« écologique ») identifiés par des appellations communes (« nominaliste ») issues du monde du travail qu'organise la nomenclature. Elle donne corps, statistiquement, au milieu des exploitants agricoles, des artisans commerçants, des cadres, etc.
[5] Ces catégorisations ne sont pas exclusives d'autres, qui pourront être constituées de façon ad-hoc à des fins d’analyse en utilisant la liste des libellés présentée sur le site.
[6] Sur cette page, les tableaux ne se limitent pas aux catégories historiques de la nomenclature : ils incluent des données relatives aux les effectifs et à la structure de la population selon le schéma de classe d’emploi et la PCS ménage (et dans ce dernier cas pour la personne enquêtée ainsi que ses parents).
[7] I.e. dont le niveau de vie est supérieur à 180 % du niveau de vie médian.
[8] Les listes sont actualisées chaque année, par l'introduction de quelques libellés apparaissant dans les déclarations en clair de l'enquête Emploi.