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Réflexions sur la croissance verte

Publié le 21/09/2009
Auteur(s) - Autrice(s) : Alain Ayong Le Kama
Ce dossier reprend la rubrique "Débats et opinions" de La lettre de l'Association Française de Sciences Economiques (AFSE) d'août 2009, consacrée à la "croissance verte". En plus de l'introduction intitulée "Pour une croissance verte... et sociale", il comporte six contributions portant sur la notion de croissance verte, les liens entre croissance économique et préservation de l'environnement, la transition énergétique, la monétarisation du non-marchand et la fiscalité environnementale.

logo de l'AFSECette édition, consacrée à la «croissance verte», a été coordonnée par Alain Ayong Le Kama, Professeur à l'Université de Lille1 et conseiller scientifique au Ministère de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement Durable et de la Mer. Nous remercions l'AFSE de nous avoir permis de publier de ces documents sur SES-ENS.

Préface d'Alain Ayong Le Kama

Je tiens à remercier les collègues qui ont accepté de contribuer à cette édition, malgré les délais extrêmement courts dont ils disposaient. Il s'agit de : Olivier Beaumais, Université de Rouen ; Thierry Bréchet, Université catholique de Louvain (Belgique) ; Lucas Bretschger, Center of Economic Research à l'ETH Zurich (Suisse) ; Dominique Bureau, Ecole polytechnique et Conseil économique du développement durable (au MEEDDM) ; Mireille Chiroleu-Assouline, Université de Paris 1 ; Mouez Fodha, Université de Paris 1 ; et Gilles Rotillon, Université de Paris X - Nanterre. Ils auront ainsi participé, grâce à leurs excellentes contributions, à éclairer les enjeux et le débat sur une problématique, celle de la croissance verte, qui demeure encore somme toute assez floue et très complexe à appréhender.

Les différents plans de relance, mis en œuvre dans de nombreux pays pour lutter contre la crise actuelle, ont permis de remettre à l'agenda politique la nécessité d'une croissance dite «verte». Le diagnostic, partagé par la majorité des parties prenantes, étant que cette crise devrait constituer une opportunité pour construire un nouveau modèle de développement qui soit durable ; rien ne doit plus être comme avant. C'est à ce titre que le secrétaire général des Nations Unies a réclamé un «Green New Deal», demandant aux chefs d'Etats d'utiliser de manière privilégiée l'environnement comme levier pour sortir de la crise. Malgré cette volonté, largement partagée, de construire une croissance plus respectueuse de l'environnement et moins consommatrice de ressources naturelles, la problématique de la croissance verte fait encore l'objet de nombreuses controverses, tant scientifiques qu'idéologiques, entre les experts, les scientifiques, les décideurs et le public ; et que ce soit sur son contenu et même sa définition, qui sont loin d'être stabilisés, partagés.

Cette édition n'a évidemment pas l'ambition d'épuiser le débat sur cette thématique complexe et controversée, elle ne recherche pas non plus l'exhaustivité, étant données les très nombreuses dimensions de cette problématique (tout à la fois économique, sociale, environnementale, politique, territoriale, européenne et internationale, etc.). Son objet est plus modeste. Il s'agit d'apporter quelques éléments d'éclairages sur un certain nombre de dimensions du problème qui m'ont parues importantes pour en comprendre les enjeux et controverses.

L'édition est composée de six contributions.

Gilles Rotillon («La croissance verte est-elle la solution ?») commence par s'interroger sur la pertinence même du constat, certes partagé, selon lequel la croissance verte peut constituer une solution de sortie de crise, et plus largement de développement. Sa note, après en avoir examiné plus finement le contenu, met en lumière les limites de ce concept de croissance verte et s'interroge sur sa pertinence comme solution d'avenir. Il montre que la réponse à cette question n'est pas immédiate.

Ensuite, Thierry Bréchet («Croissance économique, environnement et bien-être») se pose la question de savoir si la complexité apparente des liens entre croissance économique et préservation de l'environnement ne provient pas simplement du fait que l'on appréhende très mal ce lien, que la question de base est très mal posée ? Selon lui, la question n'est pas de savoir si croissance et environnement sont antagoniques, mais elle est de s'interroger sur la manière de maximiser et de répartir au mieux les bénéfices du développement.

Dominique Bureau («Découplage et croissance verte») propose de distinguer, notamment dans les plans de relance actuels, la nécessaire accélération des dépenses, dans une perspective d'efficacité keynésienne, mais dont les effets sur l'environnement sont variables, de l'indispensable «découplage» entre la croissance et l'environnement. Sa thèse étant qu'il est urgent d'approfondir et de garantir les conditions de mise en œuvre d'une croissance verte, et cela passe nécessairement par des politiques visant (ou favorisant) un découplage.

Lucas Bretschger («Energie et croissance») poursuit en analysant le lien extrêmement ténu entre croissance et usage des ressources énergétiques, fossiles en particulier. Son propos consiste à démontrer que, contrairement à ce à quoi on pourrait s'attendre, la réduction des consommations d'énergies fossiles ne représente pas nécessairement un handicap pour la croissance future ; bien au contraire, si l'accumulation du capital est suffisamment dynamique, cette réduction peut représenter à long terme, par ses effets sur les évolutions technologiques, un moteur essentiel de développement.

Il est par ailleurs évident que les conditions d'une transition vers une croissance verte vont dépendre d'une part de notre capacité à mesurer et à évaluer aussi bien les coûts complets (marchands et non-marchands) que les impacts des politiques et mesures mises en œuvre ; et d'autre part à concevoir et/ou à choisir des instruments de politiques environnementales les plus efficaces pour assurer une telle transition.

C'est à cette fin qu'Olivier Beaumais («Monétarisation du non-marchand : quelle place dans la définition et la mise en œuvre des politiques de l'environnement ?») nous propose un véritable plaidoyer pour la généralisation de la monétarisation du non-marchand, et des externalités environnementales en particulier, dans la définition et la mise en œuvre des politiques publiques. Seul moyen, selon lui, pour calibrer à sa juste mesure le signal-prix, afin d'orienter les comportements de façon optimale.

Enfin, Mireille Chiroleu-Assouline et Mouez Fodha («Caractéristiques distributives de la fiscalité environnementale») s'interrogent sur les caractéristiques distributives de la fiscalité environnementale, et sur celle d'une taxe carbone en particulier (thème qui vient de faire l'objet d'une conférence d'experts, présidée par Michel Rocard, et dont le rapport a été rendu public le 28 juillet dernier). Ils vont plus loin que le rapport Rocard et soutiennent que le recyclage des recettes d'une telle taxe sous forme d'une baisse, progressive, de l'impôt sur le revenu peut constituer un moyen efficace de compenser le caractère régressif de la fiscalité carbone, du moins plus efficace que la simple distribution uniforme d'un «chèque vert» aux ménages.

Pour compléter ces points de vue, ces contributions sur différents aspects de la problématique de la croissance verte, j'ai souhaité revenir en introduction («Pour une croissance verte... et sociale») de cette édition sur trois points : la nécessité d'appréhender la question de la croissance verte dans une perspective plus large, celle de développement durable, qui a l'avantage d'intégrer aussi les aspects sociaux ; l'état des controverses qui continuent d'exister entre les économistes sur l'ampleur des substitutions entre les différents types de capitaux (physique, humain et naturel) ; et enfin, un dernier point qui me paraît crucial, qui est celui de l'anticipation et de la gestion des conséquences sociales à court et moyen termes de la transition vers cette croissance verte, qui ne fera malheureusement montre de tous ses effets bénéfiques qu'à long terme.

Consulter La lettre de l'AFSE n°74 sur le site de l'AFSE.

Des ressources en ligne pour approfondir le thème de la croissance verte

Le dossier de SES-ENS : «Développement durable et économie de l'environnement».

La conférence "Sommet de Copenhague, quand l'économie a besoin du politique ... et réciproquement", présentée aux Journées de l'Economie à Lyon en novembre 2009 : vidéo de la conférence "Sommet de Copenhague...".

Cette conférence propose également un entretien avec Jean TIROLE, auteur du rapport du CAE "Politique climatique : une nouvelle architecture internationale" (octobre 2009). Résumé du rapport par Christian De Boissieu dans le 4 pages du CAE : Analyses Economiques n°6, septembre 2009.

La conférence de Roger Guesnerie : "La politique climatique : les petits ruisseaux font-ils les grandes rivières ?" à l'Université de Lyon, le 21 janvier 2010.

La conférence «Finance et développement durable» présentée aux Journées de l'Economie à Lyon en novembre 2008 : vidéo de la conférence "Finance et développement durable".

La conférence «Après le Grenelle de l'environnement», présentée aux Journées de l'Economie à Lyon en novembre 2008 : documents des conférenciers.

Un article de Christian Gollier et Jean Tirole, chercheurs à la Toulouse School of Economics, paru dans Le Monde (édition du 09/09/2009) : "Comment répondre à l'impératif écologique de façon rationnelle ?".

Le rapport du Conseil d'Analyse Stratégique : "Les négociations sur le changement climatique : vers une nouvelle donne internationale ?", janvier 2010.

Les dernières Notes de Veille du Centre d'Analyse Stratégique consacrées au développement durable :

N°164, janvier 2010 - "La croissance verte : quels impacts sur l'emploi et les métiers ?"
N°162, janvier 2010 - "Copenhague ou la nouvelle donne climatique internationale ?"
N°149, septembre 2009 - "Le sommet de Copenhague tiendra-t-il ses promesses ?"
N°139/140/141, juin 2009 - Triple parution "spécial Copenhague" (N°139 / N°140 / N°141)
N°134, mai 2009 - "Politiques climatiques : effets distributifs et recyclage des revenus"
N°126/127, mars 2009 - "Taxe carbone ou quotas d'émissions" (N°126 / N°127).

Les Archives et documents du CAS sur le thème du développement durable.

Les contributions des chercheurs de l'OFCE sur le thème de l'environnement (blog de l'OFCE).

«Pour la taxe carbone. La politique économique face à la menace climatique», par Katheline Schubert, professeur à l'Université Paris 1 et chercheur au Centre d'économie de la Sorbonne (Ed. Rue d'Ulm, Coll. du CEPREMAP, novembre 2009). Cet opuscule est téléchargeable sur le site du CEPREMAP.

D'autres liens utiles

Le dossier «Développement durable, approches géographiques» proposé par le site expert DGESCO Géoconfluences.

Le rapport du groupe de travail du Centre d'analyse stratégique sur «le nouveau modèle de croissance», présidé par Daniel Cohen : "Sortie de crise: vers l'émergence de nouveaux modèles de croissance ?" (Rapport n°22, décembre 2009).

Le site du groupe de travail sur la fiscalité environnementale, constitué par la Commission des finances du Sénat, chargé d'examiner l'opportunité de créer une taxe carbone en France.

Le Rapport sur le développement dans le monde 2010 - Banque mondiale : "Développement et changement climatique" (octobre 2009).

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