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C) L'efficacité des investissements dans le système éducatif en question

Publié le 27/04/2009
Depuis quelques années, les responsables de la politique de l'éducation portent une grande attention à la relation entre les moyens mobilisés en faveur de l'éducation et les résultats obtenus. L'objectif des gouvernements est d'accroître la scolarisation et d'améliorer l'enseignement dans toute la population. Toutefois, dans un contexte d'austérité budgétaire les pouvoirs publics cherchent à financer les postes de dépenses les plus appropriés pour parvenir aux résultats escomptés et ce, de la manière la plus efficiente possible. Dans une perspective internationale, il est utile d'identifier non seulement les systèmes d'éducation qui ont les meilleurs résultats en termes de qualité et d'égalité des chances, mais aussi ceux dont les résultats sont les plus remarquables compte tenu de leurs moyens. Cette efficacité se mesure notamment par les performances des élèves au test PISA.

3) Performance des élèves et dépenses unitaires.

Toute la question est de savoir s'il est possible de produire les mêmes résultats avec moins de moyens ou d'améliorer les résultats à niveau égal de moyens. Le problème consiste aussi à identifier les facteurs déterminants pour les investissements dans l'éducation et à déterminer si la modification de l'un de ces facteurs peut améliorer les performances.
 

Une corrélation positive entre dépenses par élève et résultats aux tests Pisa.

Il semble exister une relation positive entre les dépenses par élève cumulées et la performance moyenne en sciences. Le score moyen des pays progresse à mesure que les dépenses unitaires cumulées au titre des établissements d'enseignement augmentent. Cette relation reste toutefois relativement faible puisqu'il apparaît que les dépenses cumulées unitaires n'expliquent que 15 % de la variation des scores moyens entre pays (graphique 11).

Graphique 11. Rapport entre la performance des élèves de 15 ans sur l'échelle de culture scientifique PISA et les dépenses cumulées par élève âgé de 6 à 15 ans (2005, 2006).


Regards sur l'éducation. OCDE, 2008. p.325

Des dépenses unitaires élevées ne se traduisent donc pas nécessairement par un bon rendement du système d'éducation puisque le niveau de dépenses par élève ne conditionne pas nécessairement la performance du système d'éducation, telle qu'elle est mesurée dans l'enquête PISA. À titre d'exemple, la Corée et la République tchèque dépensent par élève jusqu'à l'âge de 15 ans respectivement la moitié et le tiers environ de ce que dépensent les États-Unis. Or, la Corée et la République tchèque figurent parmi les dix premiers pays en tête du classement de performance de l'enquête PISA, alors que les Etats-Unis comptent au nombre des pays qui se situent sous la moyenne de l'OCDE. De même, l'Espagne et les États-Unis sont proches dans le classement de performance, mais l'Espagne ne dépense que 61 860 USD par élève jusqu'à l'âge de 15 ans, alors que les États-Unis dépensent 95 600 USD.

Cette analyse suggère donc que, même si les dépenses d'éducation sont déterminantes pour la qualité de l'enseignement, elles ne suffisent pas à elles seules à garantir de bons résultats.
De nombreux facteurs influent sur la relation entre les dépenses unitaires et la performance des élèves : l'organisation et la gestion de l'enseignement (la hiérarchisation de la gestion et la répartition des pouvoirs de décision, la dispersion géographique de la population, etc.), l'organisation du cadre d'apprentissage des élèves (la taille des classes et le nombre d'heures de cours des élèves, par exemple), la qualité du corps enseignant (niveau de formation, méthodes pédagogiques et contenu des cours) et le profil des élèves, en particulier leur milieu socio-économique. De nombreux facteurs sont donc susceptibles d'influer sur le rendement de l'éducation.
 

Performance des élèves et structure pédagogique.

Plusieurs facteurs peuvent affecter les performances des élèves. On retiendra parmi eux, l'influence des enseignants et les modalités de l'évaluation.
Un rapport de l'OCDE paru en 2005 souligne ainsi «le rôle crucial des enseignants » dans l'efficacité du système éducatif. Il souligne ainsi le rôle primordial de la qualité des enseignants et des enseignements [4] dans les résultats des élèves. Les pouvoirs publics ont ainsi une marge de manœuvre pour améliorer l'efficacité du système éducatif. Ainsi, les politiques de formation professionnelle des enseignants peuvent améliorer leur efficacité. Elles peuvent prendre plusieurs formes : conférences, formations sur les nouveaux programmes, ateliers...De même, l'amélioration du statut des enseignants (prestige social lié au niveau d'étude élevé (ce qui renvoie aux modifications récentes du recrutement des professeurs en France, désormais tenus d'atteindre le niveau du master), les incitations salariales (qui permettent de sélectionner de meilleurs candidats qui pourraient autrement être attirés par d'autres secteurs d'activité mieux rémunérés), les possibilités de formation continue et de mobilité, sont autant de facteurs affectant la motivation et l'efficacité des enseignants. Le nombre d'élèves par classe affecte également les pratiques pédagogiques.

L'OCDE revient à cet égard dans un de ses rapports sur l'alternative entre évaluation formative et évaluation sommative. L'évaluation formative s'appuie sur « un éventail de techniques permettant d'évaluer de façon régulière et systématique l'apprentissage des élèves et d'adapter ainsi en permanence les cours pour répondre précisément à leurs besoins. (à l'inverse, le traditionnel examen de fin d'année, ou évaluation sommative, révèle seulement ce que les élèves ont appris). » [5]

Un rapport de l'OCDE de 2005 [6] souligne l'efficacité de ce type d'évaluation qui améliore les rapports entre enseignants et élèves et permet aux élèves de maîtriser leur façon d'apprendre. Ce type de pratique pédagogique peut ainsi affecter positivement les performances des élèves au même titre que la qualité des enseignements.

Pour finir, nous retiendrons que de manière générale, les systèmes éducatifs sont confrontés à l'alternative suivante : donner un enseignement satisfaisant à l'ensemble des élèves ou donner un très bon enseignement à une petite élite. Les tests internationaux, tels que le programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA), lancé en 2000 par l'OCDE, permettent d'observer le lien entre les performances des élèves, le milieu socioéconomique et l'environnement d'apprentissage au sein des établissements. Le constat est que les élèves de milieu défavorisé réussissent mieux dans des écoles socialement mixtes. La performance des élèves dépend donc du niveau d'intégration scolaire. L'effet négatif du milieu socio-économique sur la réussite scolaire des élèves d'origine modeste, est plus limité dans les systèmes éducatifs qui mélangent des jeunes dont le niveau d'aptitude diffèrent. Ce type de classe encourage donc les élèves à améliorer leurs performances et leur offre un éventail plus large de choix de scolarité.


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L'INVESTISSEMENT DANS LE CAPITAL HUMAIN A TRAVERS LE SYSTEME EDUCATIF
A) Une amélioration générale du niveau d'éducation de la population dans les pays de l'OCDE.

Une amélioration générale du niveau d'éducation de la population dans les pays de l'OCDE.

B) Les avantages économiques de l'accroissement du niveau d'éducation .
1) Le taux d'emploi augmente avec le niveau d'étude.
2) Le taux de chômage baisse avec l'élévation du niveau de formation.
3) Les revenus du travail augmentent avec l'élévation du niveau de formation.
4) L'investissement dans l'éducation accroit les taux de rendement public et privé de l'éducation.
5) Elévation du niveau de formation et recherche universitaire.


C) L'efficacité des investissements dans le système éducatif en question.
1) Dépenses d'éducation et efficacité des systèmes éducatifs.
2) L'aide financière à la poursuite d'étude et sa pertinence.
3) Performance des élèves et dépenses unitaires.



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Notes :

[4] OCDE, Le rôle crucial des enseignants : Attirer, former et retenir des enseignants de qualité. 2005.

[5] OCDE, Le Capital humain. Op.Cit. p.77.

[6] OCDE, L'évaluation formative : Pour un meilleur apprentissage dans les classes secondaires. 2005.

 


Bibliographie :

Demeuse, Marc, Baye Ariane « La commission européenne face à l'efficacité et l'équité des systèmes éducatifs européens », Education et société, no 20, 2007 / 2, p.105-119.

Ederer, Peer (2006), « Innovation at work: The European Human Capital Index », disponible sur www.lisboncouncil.net.

Eurostat. pourcentage du PIB dépensé par les gouvernements européens pour l'éducation.

Ministère de l'éducation nationale. Repères et références statistiques sur les enseignements, la formation et la recherche. Edition 2008.

OCDE. Regards sur l'éducation. OCDE. 2008.

OCDE, Le rôle crucial des enseignants : Attirer, former et retenir des enseignants de qualité. 2005.

OCDE, Le Capital humain. 2008.

OCDE, L'évaluation formative : Pour un meilleur apprentissage dans les classes secondaires. 2005.

OCDE Société du savoir et gestion des connaissances. Enseignement et compétences.2000.

Psacharopoulos George "Accroître l'investissement dans le capital humain en améliorant les possibilités d'éducation et en développant les compétences" Automne 2007. Mutual learning programme of the European employment strategy.

Usher, A. (2006), Grants for Students: What They Do, Why They Work, Canadian Education Report Series, Educational Policy Institute; Toronto, Ontario.