Présentation des dictionnaires utiles en sciences économiques et sociales
Jean-Marc Vittori
Le Dictionnaire de l'Economie Encyclopaedia Universalis
La présentation de Decitre
La présentation de l'éditeur
Mettre à la portée de l'étudiant aussi bien que du grand public les principaux trésors contenus dans la plus prestigieuse des encyclopédies de langue française : tel est le but de la collection " Encyclopædia Universalis ". Chacun des dictionnaires qui la composent présente pour l'essentiel les textes de l'Encyclopædia Universalis qui se rapportent à tel domaine ou à tel sujet d'intérêt majeur. L'index détaillé permet au lecteur de se repérer à sa guise dans le volume et d'y circuler très librement, dans l'esprit même de Diderot et d'Alembert. Economie 160 articles, illustrés de 130 graphiques, tableaux ou schémas et de 70 notices d'œuvres ou de contributions fondatrices de la discipline, présentent les grands champs de l'Economie en tant que domaine d'étude (économie industrielle, économie internationale, économie monétaire, finance,...), ses méthodes (économétrie, modèles et modélisation, économie expérimentale,...), les thématiques au cœur des débats économiques contemporains (instabilité financière, fusions-acquisitions, délocalisations, risques environnementaux,...), les idées ou grands courants de la pensée économique (classiques, marxistes, néo-classiques, keynésiens,...).
Lire l'introduction de l'éditeur.
Nos commentaires, par Pascal Le Merrer
Ce dictionnaire de 1530 pages contient 160 articles qui sont des synthèses rédigées par des spécialistes sur les principaux sujets économiques qui ont leur place dans une encyclopédie. A titre d'exemple et avec l'aimable autorisation de l'éditeur, nous vous proposons de lire l'article sur « L'économie souterraine » rédigé par Philippe Barthélémy. Vous pouvez aussi avoir accès à l'article « Economie de la Banque » rédigé par Emmanuelle Gabillon et Jean-Charles Rochet qui est inséré dans un dossier sur monnaie, banque, crédit sur le site touteconomie.org.
Ce dictionnaire est un outil de travail qui n'a pas d'équivalent. Chaque article est construit rigoureusement avec une présentation très pédagogique, des renvois vers d'autres articles, une bibliographie souvent assez précise et pour de multiples sujets, on a des fiches de lecture qui présentent les grands articles ou ouvrages de référence sur le sujet.
En parcourant ce dictionnaire qui, en fait est une encyclopédie, on est frappé par la diversité des champs de l'analyse économique qui sont abordés. Une lecture subjective conduit à identifier neuf grandes catégories d'articles.
- Les grandes questions théoriques ont une place de choix (voir par exemples les articles sur les anticipations, la tradition économique autrichienne, la tradition classique, l'analyse de la concurrence, l'économie des conventions, la théorie des coûts de transaction, l'analyse de la croissance et des cycles économiques, l'économétrie, l'équilibre en économie, l'économie expérimentale, l'histoire de la pensée économique, l'école historique allemande, l'analyse des incitations et des contrats, l'institutionnalisme, la théorie des jeux, le keynésianisme, le libéralisme, le malthusianisme, le marginalisme, le marxisme, l'économie mathématique, le mercantilisme, modèles et modélisation, le monétarisme, la théorie néoclassique, le néo-institutionnalisme, la nouvelle école classique, la nouvelle économie politique, la physiocratie, rationalité, école de la régulation, risque et incertitude, la pensée scolastique, principe d'utilité, l'économie du public choice).
- Les questions d'actualité (les délocalisations, dette publique et déficit public, marché des droits à polluer, l'emploi, économie de l'environnement, les inégalités économiques, l'innovation, la justice sociale, migrations et pauvreté, pauvreté et revenu minima, retraites, risques environnementaux, économie de la santé, économie de service, économie souterraine, agriculture et alimentation, le chômage).
- Les questions financières et monétaires bénéficient d'un traitement particulièrement soigné (dollar, l'euro, les fonds de pension, la globalisation financière, l'instabilité financière, l'intégration monétaire européenne, les marchés de capitaux, la microstructure des marchés boursiers, la monnaie, régimes de change, réglementation des marchés boursiers, régulation financière internationale, spéculation, supervision prudentielle, système monétaire international, systèmes financiers, théories du taux de change, taux d'intérêt, yen, arbitrage, économie de l'assurance, bancassurance, économie de la banque, banques centrales, bourse, opérations de change, crises boursières).
- Les questions internationales (développement, division internationale du travail, les termes de l'échange, la mondialisation, paradis fiscaux et bancaires, économie du pétrole, politique commerciale, le protectionnisme, régulation économique internationale, aide au développement, le commerce international, compétitivité).
- Les sujets concernant la gestion et les entreprises (distribution, théories et représentations de l'entreprise, le financement des entreprises, la force de vente, les fusions acquisitions, la gouvernance d'entreprise, l'économie industrielle, la logistique, le marketing, la marque, les entreprises multinationales, l'organisation des entreprises, relations inter-entreprises, l'autofinancement, communication d'entreprise).
- Les thèmes au croisement des disciplines (économie du droit, économie de l'éducation, économie de la famille, l'économie géographique, l'histoire économique, révolution industrielle, économie du sport).
- Les différentes dimensions des politiques économiques (politiques de l'emploi, la fiscalité, politique économique, économie publique, économie régionale et urbaine, économie sociale).
- Des sujets qui présentent des regards particuliers sur la discipline (enseignement de l'économie, le coût social).
- La présentation des institutions et des notions de base (le FMI, l'investissement, l'OMC, la balance des paiements, production, revenu, richesse, travail, valeur, agrégat économique, Banque mondiale, bien économique, bien-être, capital, comptabilité nationale, consommation et épargne).
Pour aider le lecteur dans ses recherches, l'index à la fin de l'ouvrage (77 pages) offre de nombreuses entrées ce qui permet d'intégrer une recherche centrée sur des termes et une approche par sujet.
Il faut enfin insister sur le choix judicieux des auteurs qui sont des spécialistes reconnus comme Michel Aglietta, Antoine d'Autume, Christian Gollier, Jean-Olivier Hairault, Jacques Le Cacheux, Philippe Martin, Eric Maurin, Claude Ménard, Bernard Salanié ou Jacques Thisse...
Bien plus qu'un dictionnaire, cet ouvrage est un grand livre de l'économie qui ne nous impose aucun ordre de lecture mais qui permet à chacun de trouver un fil conducteur qui est déterminé par les questions
Dictionnaire d'économie à l'usage des non-économistes
Jean-Marc Vittori est éditorialiste au quotidien « Les Echos », où il écrit notamment sur la macroéconomie et la théorie économique. Il intervient régulièrement sur les ondes (France-Info, LCI, BFM...) et fait partie du comité directeur de l'Association française de science économique.
Né en 1958, Jean-Marc Vittori est titulaire d'une maîtrise en économie et d'un diplôme de Science Po Paris. Il a fait de l'analyse économique dans un service de comptabilité nationale (Côte d'Ivoire) et au Centre de prévision de L'Expansion, qu'il a aussi dirigé. Il a été journaliste pendant quinze ans dans la presse magazine, notamment Le nouvel économiste, Challenges et L'Expansion qu'il a dirigé en 2001-2002.
Présentation de l'éditeur
Une promenade tout à la fois facile d'accès, riche d'enseignements et surtout subjective à travers les mots qui font le quotidien de l'économie : voilà ce que propose ce dictionnaire bien particulier. Le salaire des PDG y est défini comme une montagne à justifier, l'iPod symbolise le succès industriel d'une Amérique désindustrialisée, le management serait d'abord l'art de faire du ménage... Le lecteur pourra redécouvrir des objets comme la Logan ou le conteneur. Il est invité à rendre visite à des hommes connus pour les voir sous un nouveau jour comme Jean-Marie Messier, Henry Ford ou Pierre Bérégovoy. Il arpente des entreprises comme L'Oréal, Dell ou Toyota. Il décode des concepts comme la croissance ou le gratuit pour mieux les comprendre. Un regard cohérent et lucide sur l'économie d'aujourd'hui, de A comme Abondance jusqu'à Z comme Zodiac.
Une interview de Jean-Marc Vittori sur France-info
Un commentaire de Denis Kessler
Nos commentaires, par Pascal Le Merrer
Ce livre est un dictionnaire car les entrées sont dans l'ordre alphabétique, mais à la lecture ce que Jean-Marc Vittori a rédigé est bien différent d'une liste de définitions, c'est en effet une série d'essais avec des entrées qui combinent des concepts habituels des économistes (concurrence, croissance, dette publique, emploi, inflation ,keynésien, marché, risque...), mais aussi des termes qui font les titres dans les médias (américanisation, délocalisation, Grenelle, mondialisation, patriotisme économique, pouvoir d'achat...), des noms qui appartiennent à différents univers (chefs d'entreprises, économistes, hommes politiques), enfin, des mots inattendus dans un dictionnaire d'économie qui éveillent la curiosité (bol de nouilles, conteneur, femme, iPod, paresse, réorque, zapping...).
On l'aura compris, l'auteur à choisi une approche non conformiste qui entraîne le lecteur dans un univers où se mêlent de manière très astucieuse, l'analyse économique, l'information, la réflexion personnelle avec un humour qui obligerait Thomas Carlyle à revoir son jugement sur cette « dismal science ».
Dans une première approche du livre, on est amusé par les sous titres des articles. Par exemple pour Gary Becker : Economiste trop libéral pour être traduit en français ; Comportement : Caractéristique humaines troublant les modèles économiques ; Conteneur : boîte à ouvrir le monde ; Entreprise : Meilleure ennemie du marché ; Management : Art de faire du ménage ; Passager clandestin : Grosse épine dans le pied de l'économiste...
Dans un second temps, on se prend à lire les articles au hasard des pages en découvrant comment l'auteur introduit des explications et des informations sans jamais sombrer dans un discours technique. C'est par l'entrée « Abondance » que Jean-Marc Vittori introduit la question des rendements croissants et décroissants ; c'est à l'article « Actionnaire » qu'il introduit une histoire du partage du risque et du rapport des français à la finance...
- Plusieurs articles offrent des histoires instructives d'entreprises : Airbus, Dell, Enron, l'Oréal, McDonald's, Toyota, Wall-Mart ou Zodiac, cette entreprise incroyablement innovante qui est passée de la construction de dirigeables aux kayaks pneumatiques pour se spécialiser dans les équipements aéronautiques (parachutes, toboggans d'évacuation, sièges d'avions...). Il faut y ajouter les différentes approches pour mieux identifier les stratégies des entreprises qui assez naturellement cherchent à contourner les pressions du marché : voir les articles : Concurrence, Coopétition, Entreprise, Externalisation, Gouvernance, Hub, Management, Marque, Parties prenantes, PDG, Réorgue, SAP.
- La mondialisation est un objet de réflexion à travers de multiples entrées comme Américanisation qui est présentée comme une forme de la mondialisation de la période après 1945 qui serait aujourd'hui en train de s'épuiser ; le Conteneur qui est caractérisé comme le principal vecteur de la mondialisation ; Les Délocalisations qui sont l'occasion d'évoquer la réorganisation de toute l'économie mondiale ; l'histoire des Maquiladoras qui marque une étape de la mondialisation, la Mondialisation est présentée comme « porteuse de dégâts incontestables et de bienfaits invisibles » ; la détermination de la Nationalité des entreprises qui est un exercice de plus en plus difficile : le Patriotisme économique qui au regard des faibles moyens mis en œuvre est comparé à la ligne Maginot ; les Pôles de compétitivité qui souffrent d'une logique bureaucratique.
- On rencontre nombre de personnages dans ce dictionnaire. Evidemment, il y a des économistes comme Bastiat précurseurs de nombreux raisonnements économiques; des hommes politiques comme Jacques Chirac avec un bilan économique peu flatteur ou Pierre Bérégovoy, un fils de capitaine russe blanc qui sera le grand modernisateur de la finance en France ; enfin des patrons comme Heny Ford qui n'était pas seulement cet industriel éclairé qui doubla les salaires ouvriers dans ses usines, mais aussi un antisémite notoire qui fut décoré de la grand-croix de l'ordre de l'aigle germanique en 1938 et qui lutta contre l'implantation des syndicats dans ses usines. On pourrait ajouter d'autres portraits intéressants comme ceux de Bill Gates ou Carlos Ghosn.
On ne peut finir ce parcours instructif sans montrer la vision équilibrée de Jean-Marc Vittori qui dénonce le penchant aux déficits publics dans l'article Keynésien, en montrant que cette tendance est très éloignée des textes de Keynes. De même dans l'article sur l'Economiste, il rappelle l'importance d'une attitude modeste pour jouer un rôle efficace d'expert. Avec l'ENA, il dénonce une « efficacité administrative qui peut tuer l'efficacité économique » ; tandis qu'avec La précarité, il s'inquiète des conditions qui permettent de vivre avec elle et il pose le problème de sa répartition au sein de la société. Le mieux sera de lire les exemples que l'auteur nous a autorisé à reproduire pour comprendre le côté singulier et séduisant de ce dictionnaire. Lire les articles extraits de l'ouvrage : Concurrence, iPod, salaire des PDG.
Voici un ouvrage qui est vraiment à mettre en toutes les mains.