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Le capital humain : de l'analyse théorique à l'action publique

Publié le 23/04/2009
Auteur(s) - Autrice(s) : Stéphanie Fraisse-D'Olimpio
La deuxième partie du dossier consacré au capital humain traite des enjeux de l'accès à l'éducation et des politiques d'éducation et de formation. Elle aborde successivement les trois étapes qui jalonnent le parcours éducatif et professionnel des individus. L'accumulation du capital humain débute dès la naissance, se poursuit tout au long de la scolarité jusqu'aux études universitaires, et peut se renforcer pendant la vie professionnelle.

« Si le temps moyen que chaque personne consacre à l'éducation augmente d'un an, le produit économique du pays par habitant devrait augmenter sur le long terme, dans une fourchette comprise entre 4 à 6 % » [1].

Ce constat fait à partir de données de l'OCDE permet de mesurer les enjeux de l'accès à l'éducation tant pour les pays développés que pour les pays en développement. 

Tout d'abord, les écarts de niveau d'éducation entre pays permettent de comprendre une importante partie des écarts de croissance. Ainsi, selon l'Unesco, seuls 61% des adultes savent lire en Inde contre plus de 90% en Chine. Cette différence expliquerait le rythme plus soutenu de la croissance en Chine depuis le début des années 90. L'accumulation de capital humain stimule la croissance des économies.

Ensuite, les bénéfices du capital humain s'observent au niveau des parcours individuels puisque l'acquisition d'une qualification se traduit le plus souvent par l'obtention de revenus plus élevés pour les actifs, en dépit du coût qu'a pu représenter le choix de la poursuite d'études. L'acquisition de compétences par la formation initiale et continue induit aussi un accroissement de la productivité du travailleur.

Enfin, le rendement de la formation des individus ne se limite pas à la dimension économique puisqu'elle se répercute sur le bien-être individuel et la cohésion sociale en participant par exemple à une amélioration de l'état de santé des individus ou en favorisant leur implication dans la vie associative.

En définitive, si l'éducation forme du capital humain, ce capital doit logiquement offrir un rendement, à l'instar des investissements en capital physique. On évalue habituellement deux types de rendement. Le premier est le taux de rendement privé, qui compare les coûts et les bénéfices de l'éducation respectivement encourus et obtenus par l'étudiant ou le salarié qui entreprend l'investissement. Le second est le taux de rendement social, qui compare les coûts et les gains pour l'ensemble du pays. Les taux de rendement privés sont utilisés pour expliquer le comportement des individus dans leur recherche de différents niveaux et types d'éducation, alors que les taux sociaux sont employés pour formuler des politiques relatives à l'allocation de fonds à différents niveaux et types de scolarisation. Selon la plupart des études réalisées sur ce sujet, le taux de rendement social doit, idéalement, être étendu à l'échelle de la société et inclure les externalités, c'est-à-dire les bénéfices autres que ceux obtenus par l'individu investisseur.

Nous aborderons successivement les trois étapes qui jalonnent le parcours éducatif et professionnel des individus, en observant en premier lieu que l'accumulation du capital humain débute dès la naissance, se poursuit tout au long de la scolarité jusqu'aux études universitaires et peut se renforcer pendant la vie professionnelle.

Partie 1 : L'accumulation du capital humain par des politiques à destination de la petite enfance

Les pouvoirs publics et les citoyens ont prix conscience de l'importance de la qualité des services d'éducation à destination des jeunes enfants. Les écarts de niveaux de prestation et la qualité insuffisante des services dans beaucoup de pays, a même fait de la question de l'accueil des enfants et des structures périscolaires un enjeu électoral dans de nombreux Etats.

L'inscription précoce des jeunes enfants dans des services d'accueil spécialisés leur permettrait en effet d'acquérir un certains nombres de compétences fondamentales. Les enfants issus de catégories à faibles revenus et de familles dont la langue maternelle n'est pas la langue d'enseignement du pays tireraient particulièrement avantage de ces structures. Les politiques publiques peuvent alors être motivées par la nécessité de lutter contre la pauvreté infantile et les handicaps scolaires

Les pouvoirs publics s'intéressent aussi plus largement aux questions relatives à l'accueil des jeunes enfants dans le but d'accroître le taux d'activité des femmes, de leur permettre de concilier le travail et la vie de famille sur une base plus équitable pour les femmes. Les pays de l'OCDE cherchent aussi à répondre à des problèmes démographiques, en particulier la baisse des taux de fécondité et le vieillissement général des populations. Dans la mesure où la prospérité économique dépend du maintien d'un rapport emploi/population élevé, la volonté d'augmenter le taux d'activité des femmes est l'un des principales raisons pour lesquelles les pouvoirs publics souhaitent développer les services d'accueil pour les jeunes enfants.

Nous aborderons dans cette partie une question finalement peu explorée, à savoir celle de l'impact des politiques à destination de la petite enfance sur l'accumulation du capital humain. Nous analyserons ainsi dans un premier temps les principaux objectifs des politiques d'aide et d'éducation à la petite enfance pour étudier dans un second temps les moyens de favoriser l'accumulation du capital humain dès cette période de la vie.

A) Les principaux objectifs de l'investissement dans l'aide et l'éducation à la petite enfance :

1) Favoriser l'accumulation du capital humain.

2) Aider les femmes à mieux concilier travail et vie de famille.

3) Lutter contre la pauvreté infantile et intégrer les familles immigrées par leurs enfants.

B) Les moyens de favoriser l'accumulation de capital humain dès la petite enfance.

1) Des services universels ou des services ciblés sur les enfants ayant des besoins spéciaux. Le cas des 3-6 ans.

2) Les politiques publiques en faveur de la conciliation travail / vie familiale : les politiques à destination de la petite enfance.

3) La coordination des services de la petite enfance avec le système éducatif.

Partie 2 : L'investissement dans le capital humain à travers le système éducatif

Le rôle du système éducatif dans l'accumulation de capital humain est aujourd'hui largement reconnu. Les théories du capital humain mettent ainsi, nous l'avons vu, l'éducation au cœur du processus de croissance (Partie 1).

Le niveau de formation de la population adulte apparaît comme un indicateur pertinent du « capital humain ». Il donne en effet une mesure du niveau de compétence de la population et de la main d'œuvre puisque l'accès à l'éducation permet aux individus d'acquérir des savoirs et des savoir-faire indispensables à leur participation active à la vie sociale et économique.

La composition du capital humain toutefois varie sensiblement d'un pays à l'autre, en fonction de ses caractéristiques (tissu industriel, niveau général de développement économique...), ce qui rend complexe une comparaison basée uniquement sur le nombre d'années d'études. L'adéquation entre le niveau de formation des actifs et le marché du travail constitue à cet égard un autre indicateur du volume global d'investissement dans l'éducation et de son rendement qualitatif. Ceci pose la question de l'efficience des systèmes éducatifs.

Nous présenterons tout d'abord dans cette partie, des données sur le niveau de formation des pays de l'OCDE. Nous reviendrons ensuite sur les avantages économiques et sociaux de l'éducation, pour discuter enfin des conditions de l'efficacité de ces investissements en capital humain.

A) Une amélioration générale du niveau d'éducation de la population dans les pays de l'OCDE.

Une amélioration générale du niveau d'éducation de la population dans les pays de l'OCDE.

B) Les avantages économiques de l'accroissement du niveau d'éducation.

1) Le taux d'emploi augmente avec le niveau d'étude.

2) Le taux de chômage baisse avec l'élévation du niveau de formation.

3) Les revenus du travail augmentent avec l'élévation du niveau de formation.

4) L'investissement dans l'éducation accroit les taux de rendement public et privé de l'éducation.

5) Elévation du niveau de formation et recherche universitaire.

C) L'efficacité des investissements dans le système éducatif en question.

1) Dépenses d'éducation et efficacité des systèmes éducatifs.

2) L'aide financière à la poursuite d'étude et sa pertinence.

3) Performance des élèves et dépenses unitaires.

Partie 3 : Capital humain et formation des actifs

L'intérêt porté par les gouvernements à la formation tout au long de la vie reflète l'attention accordée à l'investissement dans le capital humain comme source de croissance économique. En effet, il apparaît que la formation continue influencerait tout aussi positivement que l'éducation, les possibilités d'emploi et l'intégration sociale des personnes. Elle s'avère indispensable pour les entreprises et les travailleurs car elle leur permet de préserver leur capacité productive face au développement technologique et au changement industriel. Il s'agit de façon générale d'améliorer et mieux adapter les actifs aux besoins du marché du travail, et d'aider les personnes à développer leurs compétences tout au long de leur cycle de vie professionnel. Enfin, si l'éducation tout au long de la vie peut viser à améliorer les possibilités dans l'emploi actuel, elle permet aussi d'offrir une «seconde chance» pour une nouvelle carrière. L'accès à la formation est un aspect important de la qualité d'un emploi et de la lutte contre le chômage.

De ce point de vue, les personnes peu qualifiées sont au centre des préoccupations des pouvoirs publics dans la plupart des pays. Des études récentes montrent en effet qu'une répartition équitable des compétences influe fortement sur les performances économiques globales. C'est un constat important qui contribue à justifier la mise en œuvre de politiques visant à améliorer les qualifications des groupes défavorisés. Il signifie également que la répartition des compétences est déterminante à long terme pour le niveau de vie et la productivité : des investissements plus équitables dans le développement des compétences peuvent favoriser la croissance en améliorant la productivité de l'ensemble de la main-d'œuvre.

Yve Morvan, dans son introduction au colloque de Rennes sur la formation tout au long de la vie souligne pour autant que « la formation tout au long de la vie ne saurait se réduire à sa seule dimension instrumentale qui permettrait aux acteurs de concernés de mieux s'ajuster, aux prix de micro-régulations permanentes, aux contraintes d'un monde qui requiert de plus en plus de compétences, de souplesse et d'adaptabilité. » [2]. Il soutient que le concept de formation tout au long de la vie est une réponse à trois enjeux fondamentaux :

- Le développement de la personne : la « société de connaissance » ne se matérialise pas que dans les activités productives, elle concerne aussi la vie sociale dans son ensemble puisque les citoyens peuvent, grâce à un meilleur accès aux savoirs (scolaires, techniques, culturels, artistiques...), mieux comprendre, mieux analyser l'univers dans lequel ils évoluent.

- Le renouvellement des méthodes : L'enjeu de la formation tout au long de la vie est de rénover les mécanismes les plus divers d'apprentissage, de développement des méthodes et moyens pour « apprendre à apprendre »

- Le renforcement de la cohésion sociale : Développer la formation tout au long de la vie doit limiter les inégalités entre les citoyens en favorisant la production des « intelligences pour tous ». Celle-ci est indispensable pour encourager la créativité et l'autonomie des individus. Elle doit permettre l'insertion sociale de chacun.

Le concept de l'apprentissage des adultes retenu dans ce dossier englobe donc tous les aspects de l'éducation et de la formation, c'est-à-dire toutes les activités qui consistent à apprendre à l'âge adulte quelles qu'en soient les raisons : professionnelles ou personnelles. Cette approche inclut donc l'apprentissage général, professionnel et/ou celui en entreprise dans la perspective de la formation tout à long de la vie.

Nous reviendrons dans un premier temps sur l'attention portée par l'Union Européenne au concept de formation tout au long de la vie et nous en verrons les répercussions sur l'approche française de la formation continue. Les efforts consentis par les Etats sont à la mesure d'un accès encore très inégalitaires à la formation continue. Nous aborderons ensuite les principaux enjeux économiques de la formation continue en termes de productivité, de mobilité des actifs et de lutte contre le chômage et la pauvreté.

A) Valoriser le capital humain par la formation tout au long de la vie : des principes à la réalité.

1) Une profonde évolution de l'approche de la formation continue en France et dans l'Union Européenne.

2) Un accès encore largement inégalitaire à la formation continue.

B) Les enjeux économiques de la formation des actifs.

1) Un enjeu de croissance économique et de compétitivité des entreprises.

2) Les enjeux salariaux.

3) Les enjeux en matière d'accès à l'emploi et de protection contre le chômage : la question de la sécurisation des parcours professionnels.

Bibliographie de la partie 2.


Notes

[1] Le capital humain. Comment le savoir détermine notre vie. Les essentiels de l'OCDE. OCDE. 2007. p.36.

[2] Yves Morvan, Avant-propos in La formation tout au long de la vie. Nouvelles questions, nouvelles perspectives. Colloque Rennes Métropole 6 et 7 mars 2006. Presses Universitaires de Rennes, 2006. p.16

 

Par Stéphanie Fraisse-D'Olimpio pour SES-ENS.

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