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École des filles, École des femmes

Publié le 30/10/2014
Auteur(s) - Autrice(s) : Hélène Buisson-Fenet
Herilalaina Rakoto-Raharimanana, Viviane Albenga, Marie-Carmen Garcia, Séverine Depoilly, Carine Guérandel, Clotilde Lemarchant, Pierre-Yves Bernard, Christophe Michaut, Marie-Pierre Moreau, Xavier Pons, Agnès Gindt-Ducros, Sophie Devineau, Julie Jarty
Le symposium international «Ecole des filles, école des femmes (en France)», qui s'est déroulé à l'ENS de Lyon en septembre 2014, visait à faire le point sur le rôle de l'éducation, comme institution de formation, instance de socialisation et lieu de travail, dans les parcours scolaires et professionnels des femmes et dans la production de différenciations entre les sexes. Des spécialistes de l'éducation et du genre ont été invités pour aborder trois axes de réflexion : les spécificités des parcours scolaires féminins, les normes et stéréotypes genrés dans l'institution scolaire, l'éducation comme lieu de travail et champ professionnel à dominante féminine. Les travaux présentés ici permettront d'affiner notre compréhension des inégalités scolaires et des enjeux des rapports de genre dans l'éducation. Ils offrent également de nombreuses illustrations pour alimenter vos cours sur la socialisation et les inégalités de genre.

Il ne fait aucun doute que l'école a été une chance pour les filles et les femmes au XXe siècle. L'éducation des filles a en effet été l'un des principaux vecteurs de l'émancipation des femmes, de leur intégration dans le monde du travail, de l'égalité entre femmes et hommes... L'école a également été un pourvoyeur d'emplois pour les femmes qui ont massivement investi les professions de l'éducation. Mais, en ce début du XXIe siècle, le rôle de l'école dans la promotion de l'égalité entre les sexes et la féminisation de l'éducation sont l'objet d'interrogations et de critiques. L'école participerait à la transmission de stéréotypes genrés et à une division sexuée du travail dans les sphères professionnelle et familiale. Elle ne permettrait pas aux étudiantes et aux enseignantes d'accéder aux filières et aux positions les plus valorisées. La persistance d'orientations différenciées entre filles et garçons, la fréquence des comportements sexistes à l'école, ou encore les difficultés scolaires des garçons de milieux populaires, questionnent la mixité scolaire et sa mise en œuvre au sein de l'institution scolaire. Bref, l'école contribuerait, malgré elle, à la construction et au renforcement de différenciations et d'inégalités entre les deux sexes.

C'est sur ces questions que le symposium international «Ecole des filles, école des femmes (en France)», qui s'est déroulé à l'ENS de Lyon les 1er et 2 septembre 2014, a souhaité faire le point, en donnant la parole à des spécialistes de l'éducation et du genre qui ont enquêté sur les différenciations sexuées à l'école. Ce congrès était coordonné par Hélène Buisson-Fenet, chargée de recherche CNRS au laboratoire Triangle (ENS Lyon). Organisé en trois sessions, le symposium a abordé les spécificités des parcours scolaires féminins, les normes et stéréotypes genrés dans l'institution scolaire (et au-delà), et enfin l'éducation comme lieu de travail et champ professionnel à dominante féminine. Il a souligné la fécondité des comparaisons internationales dans la réflexion sur les mécanismes de construction de différenciations genrées dans l'éducation et leurs spécificités nationales. A la suite de ce symposium, un ouvrage collectif réunissant les contributions des participant-e-s a été publié en 2017, intitulé École des filles, école des femmes. L'institution scolaire face aux parcours, normes et rôles professionnels sexués (De Boeck), sous la direction d'Hélène Buisson-Fenet (voir le compte rendu dans Lectures). 

Dans ce dossier, nous publions les résumés des communications présentées au symposium et les présentations de la plupart des intervenant-e-s, sous forme de diaporamas ou de comptes rendus. Les travaux présentés permettront d'affiner notre compréhension des inégalités scolaires et des enjeux des rapports de genre dans l'éducation. Ils offrent également de nombreuses illustrations pour nos cours sur la socialisation et les inégalités de genre.

Présentation générale du symposium

En 2004, la sociologue Marie Duru-Bellat fait paraître la seconde édition de L'Ecole des filles : quelles formations pour quels rôles sociaux ? et actualise un ouvrage de synthèse essentiel sur les carrières scolaires féminines, la construction scolaire des différences sexuelles et ses effets sur la formation et l'insertion professionnelle des jeunes femmes. Dix après, les données de cohortes appellent une nouvelle mise à jour et autorisent les comparaisons internationales, certaines questions - comme celle des «effets pervers» de la mixité scolaire - donnent lieu à des développements scientifiques plus aboutis, tandis que de nouvelles thématiques (comme le poids du genre dans les violences scolaires ou les trajectoires féminines dans l'enseignement supérieur...) ont émergé. 

Ce symposium vise donc à «faire le point», au sens photographique du terme, à la fois sur certains parcours scolaires féminins et sur les modes de production socio-scolaires des identités sexuées. Il invite aussi à lire les institutions d'éducation et de formation comme des lieux de travail où se construit, se reproduit et se recompose l'arrangement inégal des sexes, à travers la féminisation croissante versus empêchée des rôles professionnels qui s'y déploient.

Il s'inscrit dans la suite de la session du Réseau thématique n°4 de l'Association Française de Sociologie, consacrée à la question du «genre des inégalités scolaires» lors du dernier Congrès de Nantes (1er - 4 septembre 2013), et s'adosse au programme de recherche du laboratoire Triangle (UMR 5206, ENS Lyon) et à l'Institut Français d'Education (IFé, ENS Lyon).
Les speakers étrangers seront amenés à mettre en perspective les travaux présentés dans le symposium, tous réalisés, quant à eux, à partir d'enquêtes nationales.

Télécharger la plaquette de présentation du symposium.

Programme et communications

Le congrès a abordé trois grands axes de réflexion lors de chacune des demi-journées :

Thématique 1 : Les trajectoires et les parcours féminins de formation (notamment dans l'enseignement supérieur);

Thématique 2 : Les normes et stéréotypes de genre dans l'institution scolaire;

Thématique 3 : L'éducation comme cadre d'activité et champ professionnel à dominante féminine.

Ouverture du symposium

Michel Lussault, Directeur de l'IFE (Institut Français d'Education), et Renaud Payre, Directeur du laboratoire Triangle (ENS Lyon)

Hélène Buisson-Fenet (Triangle, ENS-Lyon) : L'école, point fort du sexe faible

• Diaporama de présentation d'Hélène Buisson-Fenet (en anglais) : School and its traps, an ambivalent opportunity for girls and women (L'école et ses pièges, une chance relative pour les filles et les femmes).

Trajectoires et parcours féminin de formation

The evolution (and the peculiarities) of female trajectories in higher education / L'évolution (et les spécificités) des trajectoires des femmes dans l'enseignement supérieur.

Introduction par Christian Imdorf (Université de Bâle, Suisse).

1) Pierre Bataille (Labso, Université de Lausanne) : Les parcours de vie des élites scolaires françaises sous l'angle du genre: le cas des normaliennes

Résumé : Généralement focalisées sur la mise au jour des mécanismes scolaires de production et de reproduction des futures élites françaises, les analyses sociologiques menés sur les grandes écoles et leur public laissent très souvent de côté la question de l'articulation entre séquences scolaires et professionnelles dans les parcours de vie des élites scolaires françaises. Elles peinent ainsi à notre sens à éclairer le décalage entre l'ampleur des succès scolaires féminins depuis les années 1970 et la féminisation inachevée des professions supérieures. A travers l'exemple des parcours de vie d'anciennes élèves des ENS de Fontenay, St Cloud et Lyon, grâce à l'exploitation croisé d'une enquête par questionnaire et de cinquante entretiens menés auprès des membres des promotions 1981-1987 une vingtaine d'année après leur intégration, notre communication visera à montrer que l'introduction d'une perspective de genre plaide pour la mise en place d'une analyse processuelle des trajectoires des élites scolaires françaises. Dans une telle analyse, l'intégration d'une grande école constitue alors une épreuve qui s'articule en amont et en aval avec d'autres dimensions des parcours de vie individuels (socialisation familiale et socialisation scolaire mais aussi socialisation professionnelle et conjugale).

2) Abir Kréfa (Centre Max Weber, ENS-Lyon) : L'école de l'écriture. Carrières et socialisations scolaires de trois générations d'écrivaines tunisiennes

3) Marianne Blanchard (CERTOP, Université Toulouse 2) et Arnaud Pierrel (ENS, EHESS) : Un « plafond de verre » scolaire ? Filles et garçons en classes préparatoires scientifiques

Résumé : Les filles réussissent mieux à l'école, pourtant elles restent sous-représentées dans certaines filières d'élite de l'enseignement supérieur, tout particulièrement au sein des grandes écoles d'ingénieurs, où les étudiantes restent minoritaires : elles représentaient 16% des effectifs de ces écoles en 1985, 28% en 2010. En outre, la porte des institutions les plus prestigieuses leur reste difficile d'accès : on ne dénombre que 14% de filles parmi les élèves de l'école Polytechnique en 2010 et 17% parmi les admis aux concours scientifiques de l'ENS de la rue d'Ulm, de 2008 à 2013. La présente communication se propose d'analyser ce processus d'éviction progressive des filles des filières scientifiques les plus élitistes scolairement, en interrogeant plus spécifiquement les phénomènes de sursélection scolaire dont elles peuvent faire l'objet, de leur entrée en classe préparatoire scientifique jusqu'à la réussite au concours.

Un des premiers axes de cette communication sera de comparer systématiquement les caractéristiques sociales et scolaires des filles et des garçons aux différentes étapes de ce processus de «sélection scolaire d'élite». Cette saisie relationnelle des trajectoires scolaires des filles et des garçons permet ainsi de réinscrire l'éviction progressive des filles dans une perspective de rapports sociaux de sexe, qui résultent d'une co-construction entre les individus et l'institution préparatoire que nous aborderons dans un deuxième axe.

4) Herilalaina Rakoto-Raharimanana (ECP/éducation, Cultures, Politiques, Université Lyon 2) : Instrument de lutte contre l'inégalité sexuelle ou politique de compensation ? Le cas du Prix de la Vocation Scientifique et Technique

Résumé : Christian Baudelot et Roger Establet (1992 [2006]), relèvent «un maintien des ségrégations entre filles et garçons au terme et au cœur même des scolarités». Dans ce contexte, nous proposons de questionner la portée des «solutions» institutionnelles mises en place pour «casser» la dynamique de ségrégation. Aussi, nous mobiliserons, dans notre communication, les résultats d'une recherche effectuée sur le «Prix de la vocation scientifique et technique» (PVST) dans la Région Rhône-Alpes. L'objectif global du PVST est (était) d'encourager les lycéennes à s'orienter dans l'enseignement supérieur vers des formations scientifiques et/ou techniques. Cet objectif est orienté vers l'égalité des chances entre les filles et les garçons, entre les femmes et les hommes. Aussi, à travers des initiatives telles que le Prix de la Vocation Scientifique et Technique et de ses effets, se pose la question de l'encastrement de l'égalité réelle dans le schéma conceptuel triptyque de l'égalité - des chances, des droits, réelle.

• Diaporama de présentation d'H. Rakoto-Raharimanana (en français) : L'incitation et l'encouragement ciblés comme instrument de lutte contre les inégalités. Le cas du Prix de la Vocation Scientifique et Technique.

• Page présentant le PVST sur le site du Ministère de l'EN.

Conclusion de la session par Christian Imdorf.

Normes et stéréotypes de genre dans l'institution scolaire

Gender stereotypes at school and beyond / Les stéréotypes de genre à l'école et au-delà.

Introduction par Carrie Paechter (University of London, GB) : Pourquoi les stéréotypes de genre persistent ?

Résumé : En introduction de cette deuxième session, Carrie Paechter a relevé les différentes causes de la persistance des stéréotypes de genre dans nos sociétés : l'image des deux sexes véhiculée dans les médias, l'attitude des parents vis-à-vis des filles et des garçons dès leur naissance, les stéréotypes diffusés à l'école par les enseignants (ou leurs outils) et par les groupes de pairs, ainsi que la prégnance de la norme de l'hétérosexualité.

1) Viviane Albenga (Triangle, ENS de Lyon) et Marie-Carmen Garcia (PRISSMH/SOI, Université de Toulouse 3) : La sur-responsabilisation des filles dans "l'éducation à la sexualité": une norme scolaire asymétrique

Résumé : Le rapport à la sexualité des élèves est un questionnement contemporain de la mise en place de différentes approches successives de «l'éducation à la sexualité» dans les collèges et les lycées depuis 1998. Or les modalités institutionnelles participant désormais à la construction des normes amoureuses et sexuelles révèlent une sur-responsabilisation des filles dans la représentation des relations amoureuses «légitimes» d'une part, et dans la prévention des violences entre élèves d'autre part. Le rôle pacificateur des filles dans l'institution scolaire s'étend ainsi bien au-delà de la salle de classe et des attendus strictement scolaires. Pour le montrer, nous nous appuierons sur deux volets d'enquête de la recherche ANR: "Pratiques genrées et violences entre pairs : les enjeux socio-éducatifs de la mixité au quotidien".

• Compte rendu de l'intervention de Viviane Albenga et de Marie-Carmen Garcia.

2) Séverine Depoilly (CIRCEFT-ESCOL, Université Paris 4 / ESPE Paris) : Les filles de milieux populaires et l'école : de la docilité à la ruse

Résumé : Depuis les années 1970, nombre de travaux de recherche se sont interrogés sur ce phénomène de réussite paradoxale des filles dans l'école. Ce sont alors les comportements et les attitudes des filles interprétées en termes d'adaptation, de docilité voire même de soumission aux règles de l'ordre scolaire qui tendent à constituer la voie d'analyse privilégiée. A partir des données d'une enquête ethnographique conduite de 2006 à 2010 dans un lycée professionnel de la proche banlieue parisienne socialement désigné comme «difficile», nous nous proposons d'interroger non plus des comportements ou des attitudes mais la pluralité des manières d'être et de faire mobilisées par ces filles de milieux populaires lorsqu'elles sont dans la classe, en situation de devoir se confronter aux apprentissages, avec les enseignants et les autres élèves, du même sexe et du sexe opposé. Nous questionnerons ainsi l'ensemble des «tactiques», des ruses qui permettent aux filles de s'accommoder, de contourner, voire même de se jouer des règles de l'ordre scolaire.

• Compte rendu de l'intervention de Séverine Depoilly.

3) Carine Guérandel (CeRIES, Université Lille 3) : Les filles des cités en EPS : les conditions de l'engagement

Résumé : La communication s'intéresse de manière spécifique aux conditions de l'engagement des filles des milieux populaires urbains en Education Physique et Sportive (EPS), où elles réussissent en moyenne moins bien que leurs homologues masculins (Combaz, Hoibian, 2008 ; Vigneron, 2006). Nous considérons que trois éléments essentiels expliquent les comportements des filles en EPS. Tout d'abord, leur socialisation familiale qui construit un certain rapport au corps, au sport, à l'école et au genre influence l'engagement des filles lors des séances. De même, le contexte interactionnel n'est pas neutre. Cet espace de pratique permet d'observer des situations d'interactions entre filles et garçons relativement rares et particulièrement codifiées dans les espaces publics des quartiers, conformément aux normes de sexe en vigueur définies par la culture de rue (Lepoutre, 1997) et à l'importance exacerbée de la logique des réputations pour ces jeunes (Clair, 2008 ; Kebabza, 2007). Les filles se conforment donc aux normes interactionnelles liées au cadre de l'expérience (Goffman, 1991) sexuée du quartier, au cadre de l'expérience scolaire et à leur position au sein du groupe de pairs. Enfin, les comportements des élèves sont bien évidemment dépendants des modalités organisationnelles et pédagogiques mise en œuvre par les enseignants. Ces derniers peuvent de manière plus ou moins intentionnelle maintenir, diminuer ou produire des inégalités entre les sexes.

• Diaporama de présentation de Carine Guérandel (en français) : Les filles des cités en EPS : les conditions de l'engagement.

4) Clotilde Lemarchant (Centre Maurice Halbwachs, Université de Caen) : Les filles dans les formations techniques : questions anciennes, nouvelles réponses ?

Résumé : On s'intéresse ici aux filles en formation techniques de niveaux IV et V (CAP, BEP, Bacs professionnels et technologiques de mécanique, de menuiserie ou d'électronique), depuis l'origine de leur choix jusqu'à leurs projets d'avenir scolaires et professionnels, en passant par leur accueil et leur intégration dans leur classe et leur établissement de formation. Quels sont les motivations, le quotidien et les parcours de celles qui sortent, volontairement ou non, des sentiers battus de la ségrégation sexuée des filières de formation ? Perçoit-on des résistances, et si oui de quelles sources, de quel ordre et avec quelle justification ? Que signifie, du point de vue des jeunes concernées, mais aussi des personnels des lieux de formation, ce choix atypique ? Comment évolue-t-il au fur et à mesure que les protagonistes s'éloignent du monde scolaire et se rapprochent du marché du travail ?

• Diaporama de présentation de Clotilde Lemarchant (en français) : Les filles dans les formations techniques : questions anciennes, nouvelles réponses ?

5) Pierre-Yves Bernard (CREN, Université de Nantes) et Christophe Michaut (CREN, Université de Nantes) : Filles et garçons face au décrochage scolaire

Résumé : Le décrochage scolaire s'est construit comme problème éducatif public d'abord aux Etats-Unis, puis progressivement dans l'ensemble des pays riches. Défini comme la sortie du système éducatif sans avoir achevé des études secondaires complètes, ce phénomène s'accompagne d'une série de stéréotypes où le genre figure en bonne place : dans les représentations collectives, le décrocheur est d'abord un garçon. Pierre-Yves Bernard et Christophe Michaut s'interrogent sur les raisons du décrochage scolaire : est-il dû à l'échec scolaire ou à un effet propre au genre ? Les inégalités face au décrochage scolaire peuvent refléter des différences de performance scolaire entre filles et garçons, et donc résulter d'inégalités d'apprentissage entre les sexes. Mais cette explication reste partielle car les travaux français montrent qu'à niveau scolaire équivalent, les garçons conservent une probabilité plus forte de décrochage que les filles. C'est pourquoi les chercheurs proposent de tester une autre hypothèse : le décrochage scolaire résulte de facteurs multiples et complexes, dont certains se rapportent à une socialisation et des expériences scolaires différenciées selon le genre. Ainsi filles et garçons peuvent décrocher pour des raisons différentes. Les sociologues proposent un éclairage de cette question à partir d'une enquête réalisée auprès de jeunes décrocheurs sur les raisons de leur arrêt de scolarité. Elle met en évidence des différences significatives sur l'expérience du décrochage scolaire entre filles et garçons.

• Texte accompagnant la communication.

• Diaporama de présentation de P.-Y. Bernard et C. Michaut (en français) : Filles et garçons face au décrochage scolaire.

Conclusion de la session par Carrie Paechter (University of London, GB)

L'éducation, une affaire de femmes

Education as an occupational field for women / L'éducation comme cadre d'activité et champ professionnel à dominante féminine.

Introduction par Marie-Pierre Moreau (University of Roehampton, Londres, GB) : Femmes en éducation

Résumé : La troisième session est consacrée à l'éducation comme espace genré. Elle part du présupposé selon lequel les professions en lien avec l'éducation, en particulier le métier d'enseignant, sont très "féminisées", car celles-ci seraient adaptées aux temporalités et aux compétences supposées des femmes. Le mode de recrutement et de promotion réputé méritocratique favoriserait également le traitement égalitaire des deux sexes dans les professions de l'éducation. Cependant la vision de l'éducation comme "une affaire de femmes" masque la question des inégalités professionnelles entre femmes et hommes qui sont pourtant réelles dans le domaine de l'enseignement. La persistance d'une forme de domination masculine se retrouve aussi dans des métiers non enseignants comprenant des spécialités dans l'éducation (médecine, journalisme). Les communications proposées contribuent à enrichir la réflexion sur le genre et les rapports sociaux de sexe dans les travaux sur les politiques éducatives et le champ professionnel de l'éducation.

• Compte rendu de l'intervention de Marie-Pierre Moreau.

1) Xavier Pons (Largotec, Université Paris-Est-Créteil) : Les femmes journalistes en éducation : heurs et malheurs d'une spécialisation professionnelle

Résumé : Nous proposons d'étudier dans cette communication les caractéristiques de la spécialisation professionnelle d'un acteur encore très peu analysé par la recherche - les journalistes en éducation - selon une approche théorique croisant les sociologies du genre, de l'éducation et des médias. Nous mettons en évidence les quatre principaux obstacles à la construction d'une spécialité journalistique par les femmes journalistes et comment les considérations liées au genre peuvent accentuer (ou non) leur importance : 1/ stéréotypes sur l'éducation et «journalisme spontané» amenant leurs collègues à penser qu'ils connaissent déjà ce secteur, 2/ choix formels et éditoriaux des rédactions réduisant souvent l'espace consacré à la couverture de ce domaine, 3/ trajectoires professionnelles des femmes les plaçant souvent dans une position dominée et 4/ conceptions mêmes de leur spécialité professionnelle par ces dernières. Nous analysons ensuite les différents types de spécialisation journalistique en fonction du sexe pour déterminer dans quelle mesure ces spécialisations différenciées permettent de contourner ces obstacles.

• Diaporama de présentation de Xavier Pons (en anglais) : Women Journalists in Education in France. The Ambivalences of a Professional Specialisation.

2) Agnès Gindt-Ducros (EHESP, Université Sorbonne Paris Cité) : La médecine scolaire : féminine, donc dominée ?

Résumé : Les médecins de l'éducation nationale forment un groupe professionnel composé de 95% de femmes. Cet état de féminité ancien et constitué bien avant le récent mouvement de féminisation de la profession médicale, a conduit ce segment de la profession médicale à se faire la réputation d'une médecine tranquille pour les femmes, éloignée des formes de prestige et de pouvoir de la médecine et abandonnée par les hommes. La recherche sur le groupe professionnel met en évidence une réalité complexe, battant en brèche ces stéréotypes et montrant notamment que cet exercice a constitué une forme d'émancipation pour les médecins femmes. Il en résulte un exercice s'effectuant sur les bases d'un engagement dans une forme de médecine globale, sociale dirigée vers les enfants et adolescents les plus vulnérables.

• Diaporama de présentation d'Agnès Gindt-Ducros (en français) : Médecine de l'éducation nationale : féminine donc dominée ?

3) Sophie Devineau (DySoLa - IRIHS, Université de Rouen) : Professeure d'école maternelle : métier à part ou profession à part entière ?

• Diaporama de présentation de Sophie Devineau (français/anglais) : Professeur-e-s d'école maternelle, métier à part ou profession à part entière ?

4) Julie Jarty (CERTOP, Université Toulouse 2) : Trajectoires enseignantes en France et en Espagne : deux modèles nationaux d'égalisation genrée des parcours

Résumé : L'activité d'enseignant est souvent considérée comme neutre du point de vue de genre et women-friendly, du fait de son mode de recrutement et de promotion pensés comme méritocratiques, et en raison des caractéristiques de l'organisation du travail enseignant. Pourtant, l'examen des trajectoires professionnelles des enseignants du second degré en France et en Espagne montre que celles-ci sont différenciées selon le sexe et que les inégalités genrées sont bien présentes dans la profession. Mais ces disparités ne se situent pas exactement au même niveau dans les deux pays étudiés, car la structuration de la profession, les modalités et les représentations du travail enseignant, ainsi que les politiques familiales, y sont sensiblement différentes. La perspective comparative permet de mettre en évidence la spécificité des inégalités de la profession enseignante en France et de réfléchir à des solutions aux blocages existants.

• Compte rendu de l'intervention de Julie Jarty.

Conclusion de la session par Marie-Pierre Moreau (University of Roehampton, GB).

Conclusion du symposium

Conclusion générale par Hélène Buisson-Fenet (Triangle, ENS-Lyon).

 

Anne Châteauneuf-Malclès pour SES-ENS.

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